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Amandine Leynaud : « Je prends ma retraite, je suis vraiment en paix avec moi-même »

Enora Quellec
15.06.2022

L’aventure de joueuse s’arrête pour Amandine Leynaud. Après avoir disputé le Final 4 le week-end dernier, la Française prend sa retraite mais ne compte pas quitter le monde du handball de sitôt. Rencontre avec la meilleure gardienne française de l’histoire du handball.

La handballeuse française Amandine Leynaud a annoncé en janvier dernier prendre sa retraite à la fin de la saison. Elle avait déjà arrêté son parcours en équipe de France après avoir décroché la médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo. La gardienne aurait aussi pu obtenir un nouveau titre pour achever son parcours en club, en disputant le Final 4 de Ligue des Championnes avec son club de Gyor. « La meilleure des fins », selon elle. Mais l’équipe hongroise s’est finalement inclinée en finale et s’est emparée de l’argent. Le dernier match pour cette grande championne.

Gyor a pourtant proposé un nouveau contrat. Amandine Leynaud plaisante en racontant comment le club a essayé de la convaincre de continuer. « En guise d’au revoir, avant le dernier match, ils m’avaient préparé un petit maillot. Ils m’ont dit que si je changeais d’avis il était encore temps de remettre le maillot. » Mais la gardienne ne doute pas de son choix, « pas simple » malgré tout. « Je prends ma retraite et suis vraiment en paix avec moi-même. Je suis vraiment sereine », ajoute-t-elle.


Amandine Leynaud (à gauche) a atteint la finale du Final 4 avec Gyor avant de prendre sa retraite. Crédit photo : EHF / Adrian Costeiu

Une retraite pour un retour aux sources

Après une riche carrière à l’étranger, Amandine Leynaud explique son « envie de rentrer en France ». Elle quitte Metz en 2012 pour rejoindre le club roumain de Vâlcea, puis joue cinq saisons à Vardar, en Macédoine. Avant de rejoindre Györ en Hongrie depuis 2018. Là où elle termine donc sa carrière. Avec ces différentes équipes, Amandine Leynaud a presque tout gagné. Après deux finales perdues en Ligue des Championnes avec Vardar, le trophée ne lui échappe pas en 2019 sous les couleurs de Györ. « Après avoir vécu des choses quand même extraordinaires à l’étranger j’ai envie de retourner aux sources », explique la Française. Et d’ajouter, « ça me paraît tout simplement naturel de rentrer en France ».

Direction l’Ardèche, d’où est originaire la néo-retraitée. « Je retourne vivre en Ardèche, là où j’ai grandi. Ça me manque. » Un choix, entre autres, motivé par sa vie de famille. « J’ai envie de faire découvrir la nature à mes enfants. Je pense que c’est le bon moment. Ils ont 4 ans et demi, ils ont envie d’avoir des copains qui parlent français. » Le programme des prochaines semaines ? La handballeuse veut prendre des vacances et se ressourcer. « J’ai vraiment besoin de me reposer cet été, de profiter de mes amis et ma famille, d’avoir des vraies vacances d’été. Je n’en ai jamais eu de toute ma vie ! »

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Revenir là où tout a commencé ?

Mais elle l’affirme, sa retraite n’est pas un adieu au monde du handball : « Je serai au bord des terrains, si le hand veut bien de moi », plaisante Amandine Leynaud. La destination choisie par la néo-retraitée n’est ni anodine ni surprenante d’un point de vue sportif. C’est au club de Bourg-de-Péage, ville drômoise très proche de l’Ardèche, qu’elle a commencé « à grandir ». Son parcours dans le club drômois représente une « période importante » de sa vie. C’est quand elle joue dans ce club que Metz, où elle a débuté sa carrière professionnelle, s’intéresse à elle. La gardienne ardéchoise se rappelle que venir jouer à Bourg-de-Péage était déjà une grande étape pour elle. Alors quand elle est monte à Metz, « t’imagines même pas ! » Aujourd’hui, Amandine Leynaud ne cache pas son attachement à Bourg-de-Péage et son envie de s’y investir. « Je suis attachée à ce club, et si je peux les aider ça sera avec grand plaisir. »

Amandine Leynaud explique son envie de s’impliquer à Bourg-de-Péage, un club fragilisé par des problèmes financiers mais dont l’équipe s’est distinguée par un très bon début de saison. La néo-retraitée regrette les points de pénalité imposés (deux retraits de neuf points) mais rappelle que les joueuses « ont fait une saison incroyable ». L’ancienne pensionnaire du club déplore ces difficultés financières. « C’est toujours dommage quand ça en arrive là. J’étais vraiment triste de me dire que le club allait peut-être descendre, voire fermer ». Mais l’arrivée et la motivation de nouveaux investisseurs (la société d’assurances LNA Solutions, au côté du nouveau co-président et ancien joueur, Grégory Anquetil) satisfait l’Ardéchoise. « Ce sont des personnes qui semblent vouloir voir dans la longueur et pas que sur une ou deux saisons. C’est bien que des personnes s’impliquent dans un projet qui n’est pas évident. C’est tout à leur honneur de vouloir construire quelque chose qui va perdurer », explique-t-elle.

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Être aux côtés des gardiennes

Amandine Leynaud pense qu’elle trouvera sa place « naturellement » à Bourg-de-Péage. En revanche, l’ex-gardienne sait précisément ce qu’elle veut maintenant apporter au handball. Elle explique qu’elle n’envisage pas d’être un jour entraîneure principale puisqu’elle veut surtout aider les gardiennes. La désormais ex-joueuse a à cœur de transmettre son expérience dans les cages et prend cela comme une mission. « Je trouverais ça un peu égoïste de ma part de ne pas partager tout ça. » Une volonté qui vient aussi de son propre parcours. « Quand j’étais jeune j’ai un peu souffert de ne pas avoir en club ou en équipe de France quelqu’un qui a été gardienne au haut niveau pour m’accompagner », explique-t-elle. Et d’insister : « Gardienne c’est vraiment un poste particulier dans une équipe. On forme une mini équipe entre les gardiennes. » Transmettre de bonnes valeurs a aussi du sens pour elle. Si le travail et le plaisir sont essentiels, Amandine Leynaud insiste sur la confiance. « J’ai envie de montrer aux jeunes qu’ils peuvent faire des choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Le plus important c’est de se faire confiance. »

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Des projets en dehors du terrain…

Au-delà du coaching, plusieurs projets attirent Amandine Leynaud, qui ne pensait pas qu’autant d’idées lui seraient proposées pour occuper sa retraite. Elle s’étonne d’une proposition d’écriture d’un livre. « Ça ne m’a même pas traversé l’esprit. Qui va vouloir lire un livre sur Amandine Leynaud ? » Mais quand elle y réfléchit, la handballeuse globbe-trotteuse aimerait raconter son « expérience humaine ». Ses dix années passées à l’étranger lui ont permis de voyager, de rencontrer des gens, d’apprendre sur elle-même et de s’enrichir. Amandine Leynaud a déjà eu l’occasion de s’essayer dans le rôle de consultante lors du Championnat du monde en décembre dernier. « Je n’aime pas être mise en avant mais parler de mes copines de l’équipe de France c’était que du plaisir », se souvient-elle.

Amandine Leynaud, une retraite  et l’équipe de France ?

En Bleue, « Doudou » a tout gagné, alors elle aurait naturellement pu rejoindre le staff pour continuer son aventure. Rien n’a pour l’instant été décidé. « On va voir mais je parle avec la Fédération. Ça serait un honneur et je serais très heureuse de pouvoir accompagner ces sportives de haut niveau. » Dans tous les cas Amandine Leynaud continuera de suivre et d’encourager ses anciennes coéquipières qui, selon elle, vont encore gagner. « Elles ont tout pour construire des vrais succès. Elles l’ont encore prouvé au mois de décembre. Je suis fière et j’ai envie qu’elles continuent à gagner des médailles parce que je sais à quel point c’est difficile et tout le travail qu’elles fournissent », conclut Amandine Leynaud,  ancienne meilleure gardienne du monde désormais à la retraite.

Son palmarès à retrouver sur le Wiki des Sportives.

Crédit photo : Fédération française de handball

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Enora Quellec
15.06.2022

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