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Sports blancs : les stages en Amérique du sud incontournables ?

Constance Vignaud
08.12.2023

Les sports blancs sont les premiers à pâtir du réchauffement climatique. Il pourrait conduire à un manque de neige de plus en plus important en Europe et ailleurs. Pourtant, leur bilan carbone est largement supérieur à celui d’un Français lambda notamment à cause des déplacements.

Le coup d’envoi de la saison est déjà lancé pour tous les sports blancs. Entre la fin de l’hiver passé et novembre, les athlètes se préparent sur des pistes de fond en goudron, des tremplins d’été, en attendant l’ouverture des glaciers en Europe. Mais pour quelques sports comme le ski alpin ou le snowboard cross c’est impossible. Aucune alternative à la neige n’existe. S’envoler pour l’Amérique du Sud semble être normalisé, même systématisé par certains.

 

5 733 Paris – Marseille

Paris et Marseille n’ont pas grand chose à voir avec le ski. Mais un trajet en train entre les deux villes (753 km) émet 1,8 kg de CO2 par personne. Un Paris – Ushuaia en avion pour les skieurs alpins, c’est 13 450 km et en prenant l’exemple de la classe business c’est 8,6 tonnes de CO2 par personne. Soit l’équivalent de 5 733 Paris – Marseille en train, une aberration écologique pour ceux qui ont demandé en mars à la fédération internationale de ski de trouver un calendrier plus cohérent pour limiter les déplacements. 

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« Le Chili c’est toujours la dernière solution »

Chloé Trespeuch, vice-championne olympique de snowboardcross à Pékin en 2022 est partie s’entraîner un mois au Chili, sur le volcan Lonquimay avec l’équipe de France. «Il n’y a pas d’autres camps d’entraînement en Europe. Je suis particulièrement sensible à l’environnement. Évidemment je préférerais avoir un entraînement un peu plus local. » Mais cette année le manque de neige sur les glaciers a contraints les bleus à traverser l’Atlantique pour trouver de la neige car aucune alternative estivale n’existe. « En ski de fond, ils ont le ski roue, où le mouvement, la vitesse et la glisse sont presque identiques à celui de la neige. Nous on n’a pas trouvé quelque chose de vraiment similaire. » La Savoyarde souligne que ses déplacements en Amérique du Sud sont rares. « En treize ans de carrière je ne suis allée au Chili que cinq fois dont 2017 où nous avons enchaîné trois semaines de stage et nos deux premières étapes de Coupe du monde en Argentine mi-septembre. Le Chili c’est toujours la dernière solution. »

Des inégalités bien marquées

L’hypothèse de décaler les calendriers pour faire commencer les saisons de sports blancs plus tard est régulièrement évoquée ces dernières années mais ne résoudrait pas le problème du déplacement en Amérique du Sud. « On ne pourrait pas arrêter de s’entraîner pendant six mois, confesse Chloé Trespeuch. Les Européens nous n’aurions aucune chance face aux nations de l’hémisphère sud qui ont de la neige pendant notre été. » La snowboardeuse aimerait plus de neige en France. « Dans l’idéal on part aux Deux-Alpes pour avoir un voyage local pour toute l’équipe. » Un avis partagé par Antoine Pin, directeur de l’association POW France (Protect our winters). « Partir aussi loin ce n’est pas l’idéal pour les athlètes fédérés, ils ont une conscience écologique, mais leur seule alternative c’est d’arrêter leur sport. Le haut niveau leur « demande » de s’entraîner en Amérique Latine. S’ils ne le font pas c’est comme démissionner de notre boulot pour nous. » Tout un système à repenser.

 

 Crédit photo : Joan Oger sur Unsplash 

Constance Vignaud
08.12.2023

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