À la rencontre des sportives

Escrime : la sabreuse Alejandra Manga dans la cour des grandes à Orléans

Les Sportives Centre-Val de Loire
07.12.2023

Alejandra Manga est un espoir de l’escrime. A 18 ans, la sabreuse participe ce week-end au Grand Prix d’Orléans, une épreuve de coupe du monde seniors qualificative pour les Jeux de Paris 2024. Sans pression, elle entre dans la cour des grandes pour continuer à apprendre, côtoyer les championnes et essayer de les taquiner. Elle veut faire partie de la fête organisée par son club d’adoption.

Alejandra Manga est comme qui dirait une escrimeuse par défaut. Elle faisait de la gym à Charenton, en région parisienne, mais elle a grandi d’un coup. Dans l’obligation de s’arrêter, elle a suivi sa grande sœur sur les pistes d’escrime. Très vite, le sabre devient son arme favorite pour la rapidité d’exécution des gestes.

 

Concilier sports et études avec le centre de formation fédéral d’Orléans

Elle est d’ailleurs allée vite dans sa progression, avec des podiums nationaux dès sa première année de compétition, à 10 ans. La jeune fille est élève en 2nde quand elle rejoint le Cercle d’Escrime Orléanais et le centre de formation fédéral. Bien encadrée, elle n’a eu aucun souci à trouver ses marques : « Au lycée Charles Péguy, les emplois du temps sont aménagés autour des entraînements. Il y a des minibus pour nous emmener, tout est bien organisé. J’ai été très bien entourée et n’ai eu aucune difficulté à m’intégrer ».

Alejandra Manga, sociétaire du Cercle d’Escrime Orléanais et membre du centre de formation fédéral

Forcément, les choses s’avèrent un peu plus compliquées depuis qu’elle a intégré l’Université. Car Alejandra ne veut pas négliger les études. « Au début je voulais faire médecine, mais j’ai très vite compris que c’était incompatible avec le sport de haut niveau. Du coup je me suis dit qu’ingénieure c’était une bonne idée». Elle a donc intégré le cursus master d’ingénierie en chimie à la faculté d’Orléans. Son statut de sportive de haut niveau lui permet de rater des cours et d’aménager les sessions d’examen. Malgré tout, elle doit être en communication constante avec la scolarité et se montrer plus autonome. « L’équilibre est un peu fragile, mais ça va. Je débute mes cours à 8h et à 17h, je cours à l’entraînement direct. »

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Entraînement en mixité : « Moi j’adore ! »

Une fois Sur la piste, Alejandra se lâche. Au centre de formation, les entraînements se font dans la mixité : « Moi j’adore ! Quand on tire avec les garçons, on a vraiment envie de gagner. Cela permet de s’entraîner contre des personnes plus rapides, plus puissantes. En restant entre filles, on se met peut-être moins en condition pour les coupes du monde. » Sourire aux lèvres, elle avoue être très agacée par les garçons qui ne se donnent pas à fond contre les filles. « Moi je n’ai qu’une envie, c’est qu’ils se lâchent, si je me prends un 15-5, j’apprends ! Avec eux, il faut faire des actions parfaites pour que ça touche. C’est ça que j’aime bien, il faut mettre énormément de rigueur. A l’entraînement, je ne tire jamais qu’avec un seul sexe, jamais. »

A 18, la jeune championne affiche un palmarès éloquent. L’année 2022 a été particulièrement riche : 3e des championnats du monde cadettes, championne de Méditerranée, sans oublier une 3e place aux championnats d’Europe par équipe. 

L’an passé, elle a même découvert le très haut niveau, en participant à sa première coupe du monde senior à Orléans. « Je n’ai même pas passé la compétition préliminaire », sourit-elle, « mais j’ai pu goûter à l’escrime des seniors. C’est là que je me rends compte que je suis en-dessous, je commets encore beaucoup d’erreurs. En senior, ça ne pardonne pas, tu n’as presque aucune chance de te rattraper, l’adversaire veut t’écraser. »

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« Le Grand Prix d’Orléans, une expérience incroyable »

La bonne nouvelle, c’est qu’elle pourra retenter sa chance cette année. Elle en est d’ailleurs ravie : « Le Grand Prix d’Orléans, c’est une expérience incroyable, c’est le graal ! Rien à voir avec les compétitions mondiales juniors. Il n’y a pas de filles faibles, il y a de l’enjeu, du stress, une ambiance, les annonces au micro. Les salles sont belles, tout le monde est à pour gagner. L’avantage, c’est que pour moi, il n’y en a pas d’enjeu. Je ne vise pas les Jeux, je ne suis pas senior, c’est juste énormément de plaisir, c’est vraiment génial. »

le bras gauche d’Alejandra Manga l’emmènera-t-elle jusqu’aux Jeux ?

Certes, Alejandra Manga ne vise pas les Jeux de Paris 2024, mais elle pense à Los Angeles 2028. « J’aimerais bien aller au Jeux, c’est le rêve de tous les sportifs je pense. Après, si ça me met en danger côté études, ce sont elles qui seront prioritaires. L’idéal serait de concilier les deux. »  En attendant, rendez-vous sur les pistes orléanaises à partir du 7 décembre pour son 2e Grand Prix. La gauchère a vite et bien grandi, tant pis pour la gym, tant mieux pour l’escrime.

 

 

Les Sportives Centre-Val de Loire
07.12.2023

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