À la rencontre des sportives

Sur sa planche à voile, Hélène Noesmoen vole sur les mers

Julie Langlois
09.05.2023

Championne du Monde en 2022 et triple championne d’Europe, Hélène Noesmoen accumule les titres internationaux en planche à voile. Rencontre avec cette athlète, aussi ingénieure en génie civil et urbain, engagée pour la protection de l’environnement.

Chez Hélène Noesmoen, la planche à voile a toujours occupé une place particulière. « Mon père faisait de la planche à voile en compétition dans les années 80 et il nous a fait essayer. La première fois, je devais avoir 4 ans, mais c’était plus pour s’amuser que pour réellement pratiquer.» A 11 ans, elle pratique déjà l’Optimist -utilisé pour l’initiation à la voile- puis se dirige vers la planche à voile pour s’essayer aux sensations fortes au sein du club de Sports Nautiques Sablais.

 

«C’est un sport où on a de super sensations de glisse. Il est assez physique et demande beaucoup de technique mais c’est un sport très complet et c’est pour ça que je l’aime.»

C’est avec sport étude qu’Hélène Noesmoen commence à prendre un véritable rythme de haut niveau. «C’est la passion du sport finalement, le fait de vouloir toujours naviguer plus et aussi s’améliorer, faire mieux.»

 

Le passage au iQFoil

De la planche à voile classique, Hélène Noesmoen s’est tournée vers le modèle IQFoil. La planche à voile IQFoil vole sur l’eau grâce à un appendice qui lui permet de glisser sans frottement, offrant ainsi une vitesse considérablement accrue. C’est d’ailleurs cette planche qui remplacera la RS:X à partir des Jeux olympiques de Paris 2024. «Je suis dans les premières à en avoir fait en 2017, c’était nouveau et j’ai tout de suite été curieuse. C’était vraiment une phase d’exploration où il faut essayer, et se louper. La marge de progression était très importante et je trouve que c’est très plaisant. C’est à l’hiver 2019 que nous avons appris que l’IQFoil passerait pour les JO 2024. Donc à partir de 2020 tout le monde y est passé.» C’est la même année que les premiers championnats d’Europe d’IQFoil ont eu lieu, et Hélène Noesmoen a remporté le titre. Elle a ensuite défendu avec succès son titre en remportant les suivants en 2021 et 2022.

Crédits : Maxime Poriel

«Voler sur l’eau, c’est exceptionnel, d’habitude quand on navigue, on retrouve toujours le bruit de l’eau qui frappe la planche, mais là, tu t’envoles et tu avances à toute vitesse sans qu’il n’y ait aucun bruit à part un petit sifflement. C’est aussi un équilibre précaire et chaque petite maladresse devient une grosse erreur donc ça amène beaucoup d’adrénaline. »

Une formation d’ingénieure en parallèle de la pratique compétitive de la planche à voile

 

Crédits : Maxime Poriel

Hélène Noesmoen a toujours été encouragée par ses parents à poursuivre ses études en raison de l’incertitude qui accompagne le sport de haut-niveau. C’est en 2010 qu’elle intègre l’INSA à Rennes en spécialité génie civil et urbain où elle a accès à des aménagements proposés par l’école pour les sportifs de son envergure. « C’est une école qui te permet d’aménager les études dans le temps. J’ai obtenu mon diplôme en 8 ans au lieu de 5. »

Début de semaine à la mer et fin de semaine à Rennes, pas toujours évident. «Il fallait beaucoup d’organisation et beaucoup d’autonomie pour gérer le projet sportif et scolaire en même temps.» La planchiste a dû investir beaucoup de temps et d’énergie pour réussir dans les deux domaines.

Après l’obtention de son diplôme, elle travaille à Naval Group en Contrat d’Insertion Professionnelle (CIP) qui lui permet d’aménager son temps de travail pour poursuivre sa carrière de sportive de haut niveau. «Ça m’a permis d’allier sport et travail, mais je me suis vite rendu compte que je ne pouvais pas être performante dans mon projet sportif et dans mon travail comme je le voulais. Quand le foil est arrivé j’ai pris la décision de m’y consacrer à 100%.» Une prise de risque importante pour cette sportive au chômage et sans sponsors à ce moment là. «Je ne savais pas ce que ça allait donner, mais je voulais me donner tous les moyens pour y arriver.» En 2021, elle intègre l’Armée de Champions. «Ça me permet d’avoir un contrat de salarié avec l’armée et d’être principalement détachée pour faire mon sport».

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De nombreuses compétitions en vues, mais aussi de l’amusement

Pour les JO la place est chère. «Dans notre discipline c’est un représentant féminin ou masculin par pays, donc il faut déjà se qualifier et avant ça, j’ai le championnat d’Europe.» Hélène Noesmoen aborde chaque défi les uns après les autres tout en gardant un œil sur l’objectif suivant. Le prochain championnat d’Europe est prévu du 8 au 14 mai 2023, et la sportive est prête à relever le défi et à défendre son titre pour la troisième fois consécutive.

Le 12 mai prochain, la championne participera au Défi Wind de Gruissan, une compétition internationale où des windsurfers de tout niveau se rassemblent pour une course de 40 Km. «C’est un peu le grand rassemblement de la planche à voile, je ne l’ai pas souvent fait parce que le planning des compétitions est chargé en mai, mais le championnat d’Europe fini deux jours avant donc cette fois j’y serais.» Pour cette compétition, toutes les planches à voile sont autorisées et Hélène Noesmoen s’est lancée le challenge de réaliser le parcours sur une planche à voile tridem. «Nous serons trois filles et on va découvrir la planche le jour de la compétition, ça risque d’être compliqué, mais je le fais vraiment pour le plaisir. C’est l’occasion de découvrir, faire quelque chose que je n’ai jamais fait et puis le plaisir de partager avec des amies. Ça casse un peu avec le sport performance.»

 

Une athlète engagée pour la protection de l’environnement

C’est à travers l’association la Water Family mais aussi dans sa vie de tous les jours que Hélène Noesmoen essaie de participer à la préservation de l’environnement. Depuis toute jeune, elle a une pratique sportive et bien souvent en extérieur et considère que le contact avec la nature est important. Elle regrette aussi de voir les océans se dégrader par exemple en Méditerranée où elle s’entraîne pour les JO ou les épreuves de voile ont lieu à Marseille. «L’état de notre environnement est frustrant, ça donne envie de le préserver pour que les écosystèmes puissent continuer à vivre.»

«Mon sport n’a pas une énorme visibilité médiatique, mais si le peu que ça a peut servir à une association ça a du sens. On ne peut pas seulement fermer les yeux.»

La Water Family se rend dans les écoles pour sensibiliser les jeunes à la préservation de l’eau et de l’ensemble du vivant. Leur approche est d’utiliser l’éducation positive en proposant des supports et jeux adaptés pour tous les âges. Une sportive qui essaie également d’intégrer ses sponsors à ses démarches en leur demandant de financer des interventions dans les écoles à travers l’association. Un geste qui permet de soutenir la Water Family dans sa mission de sensibilisation à la préservation de l’eau.

Crédits : Maxime Poriel

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Palmarès sportif

2022 – Championne d’Europe iQFOiL 

2022 – Médaille d’Or aux Jeux Méditerranéens 

2021 – Championne du Monde iQFOiL 

2021 – Championne d’Europe iQFOiL 

2020 – Championne d’Europe iQFOiL 

2020 – Championne du Monde Formula Foil

2007 / 2008 / 2012 – Championne du Monde jeune

Julie Langlois
09.05.2023

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