Romane Miradoli se prépare pour les Jeux olympiques de Pékin
À la rencontre des sportives

Romane Miradoli, de l’envie sous les skis

Tiffany Henne
27.12.2021

Après une grave blessure à un genou, Romane Miradoli vient de passer une année éloignée des pistes enneigées du circuit de la Coupe du monde. De retour à la compétition depuis début décembre, la skieuse de la FDJ Sport Factory veut retrouver son meilleur niveau alors que se profilent les Jeux olympiques de Pékin en février. Rencontre.

Renfiler un dossard, remettre les bâtons derrière le portillon, Romane Miradoli n’attendait que ça. Un an après sa blessure1Romane Miradoli a subi une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche après une chute lors de la première manche du géant de Courchevel, le 14 décembre 2020., la Française a pu rechausser les skis en compétition à Lake Louise (Canada) le 3 décembre dernier. Résultat ? Une 19ème et une 13ème place lors des deux descentes du vendredi et du samedi, et une 27ème position en Super-G le dimanche.

Malgré une meilleure place attendue pour cette dernière course, la Haute-Savoyarde s’est avérée être la meilleure tricolore du week-end canadien. « Ça s’est super bien passé ! Je suis arrivée là-bas sans trop d’attente pour pouvoir me libérer au maximum et faire mon ski. C’est vrai que je n’avais pas beaucoup de repères mais j’ai quand même réussi à élever un peu mon niveau donc c’était top. J’étais vraiment très contente », se remémore la skieuse de la FDJ Sport Factory, qui nous répond depuis sa chambre d’hôtel à Saint-Moritz (Suisse), où elle vient d’arriver. Et quand on lui demande d’oublier les skis un instant pour nous raconter ce retour d’un point de vue personnel, la jeune femme ne cache pas sa joie :

« Je suis faite pour faire de la compétition ! Je ne me vois pas ailleurs et ça m’avait trop manqué ! »

Elle s’arrête un instant et poursuit : « Puis de ressentir aussi ce côté… J’étais un peu tendue. C’est comme si c’était nouveau de s’élancer. Je ne peux pas dire que j’étais complètement prête, je sens qu’il me manque encore des kilomètres. Pour le moment, je n’ai pas atteint mon meilleur niveau mais ressentir un peu cette tension… C’était de la bonne énergie et je me dis que j’aime trop ça ! Cette adrénaline derrière le portillon, avec un peu d’appréhension mais à la fois de l’excitation, c’est vrai que ça n’arrive qu’au départ d’une course donc j’étais ravie, hyper contente, hyper excitée ! »

Malgré l’année difficile qu’elle vient de passer, pas question pour Romane Miradoli de parler de revanche sur la vie. La skieuse de Flaine, qui voit ses premières courses comme des étapes dans sa reconstruction, préfère parler de défi personnel.

« C’est juste une blessure. C’est un genou, il y en a plein qui sont passé·e·s par là, il y en a même beaucoup qui sont revenu·e·s plus fort·e·s. Je me dis que je ne suis ni la première, ni la dernière. »

Pourtant, à cause de problèmes personnels, cette année n’a pas été un long fleuve tranquille. D’autant plus que l’athlète n’était pas forcément préparée à vivre une telle période. Le ski et la compétition à la mécanique parfaitement huilée, où le temps de réflexion personnelle n’existe pas ou peu, ont laissé place à trois mois de canapé. Un passage obligatoire, rythmé certes par la rééducation et des cours de guitare ou d’anglais, mais avec beaucoup de place pour l’introspection, peut-être un peu trop.

La Française, qui ne ressentait pas le besoin d’avoir une aide extérieure au moment de sa blessure, a finalement fait appel à un coach mental en septembre dernier. « Une fois que j’ai été remise sur pied, j’ai pris la décision de travailler avec quelqu’un et ça m’aide bien. Ça me permet de mettre des mots sur des choses auxquelles je pensais mais que je n’extériorisais pas forcément. Ça m’a aidée à changer mon état d’esprit au départ de mes premières courses, à vraiment avancer, à apprendre à être bien avec moi-même », explique celle qui voulait aussi absolument courir à nouveau pour pouvoir faire du parapente.

Pékin en ligne de mire

Aujourd’hui, son « genou va tellement bien » que Romane Miradoli n’y « pense même pas ». Depuis le feu vert du chirurgien, elle s’est préparée à skier de nouveau à haut niveau. D’abord en descente et en Super-G à Lake Louise, Saint-Moritz et Val-d’Isère. Son retour en Géant devait se faire à Courchevel. Trop tôt finalement pour la Française, qui a quand même hérité du rôle d’ouvreur. « Moi, ça m’a toujours tenu à cœur de faire du géant. J’accepte le fait que, cette année, j’ai eu moins de temps pour m’entraîner et donc que peut-être j’en ferai moins. Mais si je le peux, je ferai tous les autres géants de la saison », explique la skieuse sans se fixer d’objectif. « Encore moins en géant vu que je pars derrière… Sur le papier, pas d’objectifs de résultats, juste rester simple et faire mon ski. Il y a encore des choses qui me freinent mais je sais que si je continue à ne pas y penser, je peux construire quelque chose de solide. »

Dans la ligne de mire de la sportive, les Jeux olympiques de Pékin en février prochain. « Les Jeux, c’est la course d’un jour, c’est pour aller chercher une médaille même si aujourd’hui je ne peux pas encore le faire », confie-t-elle. La saison est encore longue et d’ici là, la skieuse a tout le temps de peaufiner sa glisse.

Dans le cadre de son programme d’actions Sport Pour Elles, FDJ soutient et encourage les championnes, et agit pour donner envie à toutes les femmes de pratiquer une activité sportive et faire évoluer les mentalités. Et cela passe aussi par les encadrants.
Propos recueillis par Tiffany Henne
Crédit photo : ©KMSP/Philippe Millereau

Notes

  • 1
    Romane Miradoli a subi une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche après une chute lors de la première manche du géant de Courchevel, le 14 décembre 2020.
Tiffany Henne
27.12.2021

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