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Paris-Roubaix femmes : Maud Rijnbeek, espoir du cyclisme néerlandais, savoure son premier Monument

Constance Vignaud
14.10.2021

Maud Rijnbeek, benjamine du peloton, ne s’est pas laissée impressionner par les meilleures lors du premier Paris-Roubaix femmes. Pas encore 19 ans mais déjà finisher d’un Monument du cyclisme, elle voudrait s’attaquer à d’autres emblèmes de la discipline. Entretien.

Premier Paris-Roubaix bouclé pour Maud Rijnbeek. La jeune Néerlandaise a rejoint l’équipe néerlandaise NXTG Racing fin 2020 pour sa première saison chez les pros, en quittant son club de cyclisme de Zaandam où elle a débuté. L’étudiante en nutrition du sport fêtera seulement ses 19 ans en décembre, mais a déjà montré tout son potentiel. 31ème de Paris-Roubaix à 08’27” de la gagnante, elle fait partie des 61 concurrentes ayant franchi la ligne, sur 129 partantes. Elle signe le meilleur résultat de son équipe et devance de nombreuses favorites, comme sa compatriote Ellen van Dijk.

 

Vous étiez la plus jeune coureuse professionnelle de ce Paris-Roubaix. Pourquoi avez-vous choisi le cyclisme ? 

J’ai commencé quand j’avais 6 ans parce que mes parents et mon grand-père en faisaient pour le plaisir. Et comme j’ai toujours fait du patin à glace, c’était une bonne combinaison entre l’été et l’hiver. Finalement, je n’ai jamais arrêté le cyclisme ! Mais à 11 ans, j’ai dû arrêter le patin à glace parce que je faisais aussi du cyclisme sur piste et du cyclo-cross sur la plage : c’était beaucoup trop et je devais faire un choix.

Vous commencez à bien connaitre le peloton international. Est-ce qu’il y a une cycliste qui vous inspire plus que les autres ? 

J’apprécie vraiment Emma Norsgaard Jørgensen, coureuse danoise chez Movistar. C’est une bonne cycliste et lorsque les courses sont difficiles, elle réussit à les dynamiter et à être au niveau. Ce type de course me motive réellement. Elle est toujours proche de la victoire. 

« Elles sont super fortes, et être dans la sélection nationale serait un grand honneur. »

La benjamine du Paris-Roubaix 2021 a terminé la course à la 31e position. ©Louis Legon

L’équipe féminine néerlandaise est la meilleure du monde. Est-ce que cela vous rajoute une forme de pression ou cela vous donne davantage de motivation pour performer ?

Je suis dans la sélection des moins de 23 ans, c’est super et j’espère pouvoir intégrer l’équipe élite dans cinq ans. Ce n’est pas pour maintenant, mais ce serait génial ! Elles sont super fortes, et être dans la sélection nationale serait un grand honneur.

 

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La sujet des différences de prime a éclaté à nouveau après le Paris-Roubaix. Quel est votre regard sur l’égalité entre femmes et hommes dans le cyclisme néerlandais ? 

C’est un peu partout pareil, aux Pays-Bas comme ailleurs les primes des courses sont plus élevées pour les hommes que pour nous. Pour le moment, l’équipe Trek (USA) fait un bon travail. Elle paye les femmes autant que les hommes (pour les autres équipes World Tour il faudra attendre 2023, NDLR). Mais je pense que le cyclisme féminin peut évoluer rapidement. Je sens qu’il y a du monde qui essaie de le rendre plus égal et dans plein de domaines on peut déjà voir qu’il a pris de l’ampleur. On est plus diffusées qu’auparavant et je pense que de plus en plus de personnes nous regardent. C’est super cool !

« J’ai tellement profité que, lorsque je suis arrivée dans le vélodrome, je ne pouvais plus arrêter de sourire ! »

Samedi dernier, vous avez fini 31ème du Paris-Roubaix. Quel a été votre ressenti après avoir franchi la ligne d’arrivée ?

J’étais tellement contente, parce que je ne m’y attendais pas du tout ! Avant la course, j’espérais juste rejoindre l’arrivée et pouvoir rouler sur le vélodrome. En plus, avec la météo, je me disais que je n’allais pas aimer et que ça allait être vraiment dur. Mais finalement pendant la course, on doit penser à beaucoup de choses donc j’ai oublié le temps. Et je me suis sentie super bien et les secteurs pavés se passaient sans problème. Je me suis donc retrouvée dans le groupe avec toutes les favorites. J’étais contente de pouvoir les suivre. J’ai tellement profité que, lorsque je suis arrivée dans le vélodrome, je ne pouvais plus arrêter de sourire ! J’étais heureuse et fière d’avoir pu participer à la première édition d’une des plus anciennes courses.

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Jeudi, le parcours du premier Tour de France femmes va être annoncé. Est-ce qu’il peut être un objectif? 

Je ne sais pas si notre équipe sera invitée, mais j’espère qu’un jour je pourrai y participer. C’est super qu’il y ait désormais un Tour de France pour nous. J’aime grimper donc ça pourrait me correspondre. 

Après ce Paris-Roubaix, est-ce qu’il y a une course dont vous rêvez depuis longtemps et à laquelle vous aimeriez prendre part?

J’aimerais vraiment courir le Giro, et plus tôt dans la saison des classiques comme le Ronde av Vlaanderen (Tour des Flandres, NDLR) ou des courses en Belgique, où j’apprécie les montées, courtes et raides. Ce sont des courses qui me tiennent à cœur mais je veux m’améliorer en montagne et dans les attaques en côtes. Et j’aime courir dans des conditions difficiles donc elles ne me font pas peur.

« Avec l’équipe on a pu courir plusieurs grosses courses et ça m’a permis d’apprendre beaucoup. »

 

C’était votre première année dans une équipe professionnelle, comment ça s’est passé ?

Ma saison ne s’est pas passée comme prévue… Au début, je me suis cassée la clavicule et j’ai chuté durement sur mon genou. J’ai donc passé deux mois et demi sans pouvoir m’entraîner. Mais maintenant la saison est presque finie et je commence à aller mieux ! J’ai fait le Simac Ladies Tour et le Paris-Roubaix donc je suis quand même contente. Il ne me reste plus que deux ou trois courses et la saison sera finie. Ensuite ce sera un hiver d’entraînement difficile pour espérer pouvoir me montrer un peu plus la saison prochaine avec mon équipe. 

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Malgré vos blessures, est-ce que vous avez pu apprendre et vous améliorer sur certains points ?

L’équipe nous donne suffisamment de liberté pour pouvoir apprendre par nous-mêmes. Mais on peut aussi se permettre de prendre de l’expérience grâce aux filles qui sont plus âgées. Avec l’équipe on a pu courir plusieurs grosses courses, le Paris-Roubaix par exemple, et cela m’a permis d’apprendre beaucoup. Je suis contente d’être dans ce collectif pour deux ans. En plus, on a toutes moins de 23 ans donc on se comprend. Mais parfois, on aimerait pouvoir profiter d’une fille plus expérimentée pour nous montrer comment courir. Dans le futur, je pense que ça pourrait m’être utile.

Propos recueillis et traduits par Constance Vignaud

Crédits photos: NDB photography

Constance Vignaud
14.10.2021

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