Margot Boch et Carla Sénéchal ont pour objectif d’être le premier équipage féminin tricolore qualifié en bobsleigh aux Jeux olympiques.
À la rencontre des sportives

Bobsleigh : Margot Boch et Carla Sénéchal, le duo féminin à toute vitesse vers les Jeux de Pékin

Xavier Regnier
10.11.2021

Pas besoin d’une longue expérience pour marquer l’histoire : trois ans après le début de leur collaboration, Margot Boch et Carla Sénéchal ont pour objectif d’être le premier équipage féminin tricolore en bobsleigh qualifié aux Jeux olympiques. Au seuil d’une saison décisive, nous les avons rencontrées.

Elles descendent rarement de leur montagne, sauf pour partir en compétition. Alors quand Margot Boch et Carla Sénéchal viennent à Paris, c’est pour un véritable marathon médiatique. Dans le hall de leur hôtel, valises au pied et encore emmitouflées dans leurs parkas, les deux jeunes femmes ont de faux airs de sœurs. Pourtant, leurs chemins ne se sont croisés qu’en 2018. « Quand j’ai monté le projet, je devais trouver un binôme. Des gens du monde du bobsleigh m’ont donné le nom de Carla, donc je lui ai envoyé un message sur Facebook », explique Margot Boch.

 

La Chambérienne pratique alors le 100m à haut-niveau, mais reste sur neuf déchirures en trois ans. Une frustration qui l’incite à sauter le pas et à rencontrer une première fois Margot au mois de septembre pour des tests. « Elle m’a tout de suite dit que le projet était d’aller aux Jeux olympiques », sourit Carla. La voilà embarquée pour une première saison en coupe d’Europe et des entrainements six jours sur sept, deux fois par jour. Le programme est intense, combine musculation, travail de la poussée sur le tartan en été et descentes l’hiver sur la piste de La Plagne.

Une qualification historique pour le bobsleigh

« C’est une vraie force car il n’y a que vingt pistes actives dans le monde », souligne Margot, qui baigne dans le monde du bobsleigh depuis son enfance. Son père et son grand-père ont passé une partie de leur vie dans la machine, et la jeune femme a grandi à La Plagne. Il lui a même fallu ronger son frein pour attendre d’avoir les 16 ans requis avant de monter dans le bob. Pour se qualifier aux Jeux olympiques, elle doit d’ailleurs pratiquer le mono-bob, nouvelle discipline où la hiérarchie reste à établir.

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À l’aube de la nouvelle saison, les deux Savoyardes sont confiantes et excitées. « Pour aller aux Jeux, on doit finir dans le top 20 mondial sur les huit étapes de coupe du monde. L’an dernier on était onzièmes », précise Margot. La qualification, historique, est donc envisageable, même si « en année olympique, tout le monde est très fort ». Mais il y aura une étape supplémentaire pour Carla. La pousseuse n’est pas automatiquement sélectionnée avec la pilote, et la Fédération française organise donc des tests avant Noël. « Il faut faire le meilleur chrono, c’est le sport qui va parler », admet Carla.

 

« On ne regrette pas les sacrifices »

L’équipe s’est donc agrandie et Margot travaille avec d’autres pousseuses, au cas où. Mais l’alchimie est totale avec Carla, leurs trois ans de compétitions communes favorisant une synchronisation plus fluide. Les deux jeunes femmes se sont fait des souvenirs communs, à commencer par « un lien avec la Norvège. La première année, on a pu y voir des aurores boréales, il y avait nos familles avec nous, c’est mon plus beau souvenir. Et l’année suivante on y a gagné notre première médaille européenne », témoigne Carla.

 

Le chemin vers les Jeux olympiques n’est cependant pas qu’un rêve éveillé. « Une saison de bobsleigh, c’est environ 100 000 euros, et on passe six mois de l’année dans des hôtels », avertit Margot. Les filles sont suivies par la Fédération et le club de La Plagne, mais sans statut professionnel, elles n’ont pas de revenus et leur emploi du temps n’est pas compatible avec un emploi. Si Margot continue ses études de commerce à Chambéry, Carla a préféré mettre les siennes entre parenthèses. Mais « il y a une notion péjorative dans le mot sacrifice, mais on ne regrette rien », insiste Margot. À tel point qu’après Pékin, les deux bobeuses visent une médaille en 2026.

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Propos recueillis par Xavier Regnier 

Crédit photo : David Malacrida

Xavier Regnier
10.11.2021

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