Dossier

Bobsleigh : le processus de féminisation est-il en marche ?

Ludivine Ducellier
13.04.2022

Après la performance des bobeuses Margot Boch et Carla Sénéchal aux Jeux de Pékin, l’équipe de France espère susciter de nouvelles vocations.

Centre national de bobsleigh de Yanqing, à 75 kilomètres de Pékin. Vendredi 18 février 2022, la paire formée par Margot Boch et Carla Sénéchal disputait la première manche de bobsleigh à deux des Jeux de Pékin 2022. Un moment historique pour les deux jeunes femmes, premières à représenter la France aux JO dans cette discipline. Plus tôt dans la quinzaine olympique, la pilote Margot Boch dévalait la piste en monobob. Le bilan : une onzième place en solo. La treizième en duo. Trop juste pour accrocher une médaille, mais l’objectif est ailleurs : entamer la féminisation d’une discipline jugée masculine.

En France, la pratique du bobsleigh reste limitée, avec seulement cinq clubs et une seule et unique piste d’entrainement. Sur la centaine de licencié·e·s inscrit·e·s en bobsleigh/skeleton, pas plus de quinze femmes.

Manque d’accessibilité

Une réalité qui tient notamment au fait que le coût de la pratique (l’achat d’un bobsleigh, la location de créneaux d’entrainement, le financement d’un pousseur) constitue un frein important. Il s’agit d’une discipline « qui s’apparente davantage à du sport automobile. Il y a de l’ingénierie et un aspect scientifique derrière pour être à la pointe de la performance, souligne Nathalie Péchalat, présidente de la Fédération française des sports de glace. La performance dépend de l’engin. Les besoins pour performer représentent des dépenses conséquentes ».

Au-delà, c’est un cercle vicieux commun à beaucoup de sports de l’ombre. Peu de pratiquant·e·s, de faibles résultats et une médiatisation qui va rarement au-delà des rendez-vous olympiques. Alors, la fenêtre ouverte par les JO doit permettre de susciter de nouvelles vocations. Un coup de projecteur non négligeable dont le staff de l’équipe de France espère profiter, une seconde étape après l’introduction en 2016 du monobob lors des Jeux de la Jeunesse de Lillehammer. « Nous voulons prouver que c’est aussi accessible aux femmes », commente Alexandre Vanhoutte, manager des équipes de France. À Pékin, la performance signée par le duo Boch/Sénéchal permettra au bobsleigh de « gagner en crédibilité et de démarcher plus facilement », afin d’étoffer le pôle France.

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Pénurie de pilotes

Pour l’heure, les candidates au poste de pilotage ne se bousculent pas. Et pour cause, « il faut séparer le pousseur du pilote. Le premier ne demande pas de moyens financiers, juste des qualités physiques car c’est le moteur du bob. N’importe quel athlète qui souhaite faire du bobsleigh peut le faire à ce poste sans dépenser d’argent. À l’inverse, le second est le capitaine de l’équipe. Il doit s’occuper du matériel, l’acheter, financer la saison et son binôme », analyse le manager de l’équipe de France. Pour inciter des jeunes femmes à sauter le pas, la fédération s’efforce de proposer des sessions de pilotage à tou·te·s ses membres.

Pour l’heure, elles sont deux aux côtés de Margot à s’y essayer : Camila Copain et Madison Stringer. « Plus on aura de filles à ce poste, plus on pourra créer une émulation et une vraie équipe de France féminine. »

Crédit photo : CNOSF / KMSP

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Ludivine Ducellier
13.04.2022

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