À la rencontre des sportives

Padel – Alix Collombon : « Je suis tombée amoureuse de ce sport »

Enora Quellec
12.06.2022

Alix Collombon participe cette semaine au premier tournoi international du World Padel Tour organisé en France, à Toulouse. L’occasion pour la numéro 1 française de revenir sur son parcours, ses objectifs et le développement du padel en France. Rencontre.

Les Sportives : Vous avez joué au tennis avant d’évoluer au plus au niveau dans le padel. Pourquoi s’être tournée vers cette nouvelle discipline ?

Alix Collombon : Avant j’étais joueuse de tennis, comme pas mal d’entre nous. J’ai arrêté pour plusieurs raisons et j’ai découvert le padel quelques mois après. J’ai accroché tout de suite, je suis tombée amoureuse de ce sport. Amoureuse de ce côté ludique, avec beaucoup de tactiques et de volume. Surtout j’aime le fait de jouer à deux. C’est quelque chose qui m’a manqué un petit peu au tennis. J’ai toujours adoré les doubles et les matchs par équipe. Le padel c’est un mélange qui me permet de retrouver un peu tout ce qui me manquait au tennis.

Quelle est la particularité du jeu en double au padel ?

C’est un avantage. Par exemple, si on est dans un mauvais jour, qu’on ne se sent pas très bien, on a un partenaire sur qui on peut compter. On n’est pas tout seul dans notre « galère ». C’est vraiment ce que j’aime beaucoup. Le plus compliqué quand on joue à deux c’est de trouver la bonne partenaire qui a le même projet, les mêmes envies et qui joue du côté inverse. Moi je joue à droite donc je dois trouver quelqu’un à gauche. Mais ce jeu à deux reste ce qui est beau dans le padel.

Vous jouez beaucoup avec Jessica Castello. Quel regard portez-vous sur son jeu ?

J’ai commencé à jouer avec elle l’année dernière. C’est une joueuse très explosive, très physique. Elle sent le jeu, ce qu’il faut faire. Surtout elle est très courageuse et sait prendre des risques sur le terrain, c’est sa force. Quand elle est dans un très bon jour elle peut jouer incroyablement bien et moins quand elle est dans un jour plus compliqué.

⏩ À lire aussi : Padel : Alix Collombon, première française titrée sur le WPT

Vous formez un duo franco-espagnol. Est-ce que ça peut être difficile parfois ?

Je ne pense pas que ça crée de problèmes. Aujourd’hui, je vis à Barcelone et je parle couramment espagnol. Pour moi parfois ça peut être un peu plus compliqué. Dans une autre langue que la sienne ça peut être plus difficile de dire ce qu’on ressent, avec le ton qu’il faut, et de trouver les bons mots. Au début, ça pouvait être un problème car on communique beaucoup dans ce sport, pour savoir comment se placent les adversaires, où elles vont jouer… Mais maintenant ce n’est plus un problème. Mon coach est argentin et je parle espagnol toute l’année.

Est-ce que c’était indispensable pour vous de venir vous entraîner en Espagne ?

C’était indispensable parce que j’avais comme objectif de faire une carrière, de rentrer au classement et que je voulais vraiment progresser. Il y a cinq ans en France ça n’aurait pas été possible parce qu’il n’y avait pas encore assez d’infrastructures, pas de coachs et pas assez de partenaires d’entraînements, ni de joueurs et de joueuses. À ce moment-là, c’était vraiment la bonne décision à prendre. Encore aujourd’hui, l’Espagne est beaucoup plus avancée que la France. À Barcelone, je m’entraîne avec un des meilleurs entraineurs du monde et de très bonnes joueuses, donc c’est forcément propice au progrès.

Comment s’est passée votre adaptation en Espagne ?

La première année, c’était plus compliqué surtout par rapport à la langue, ça a été un peu dur. C’était la première année loin de ma famille et de mes amis. Mais j’étais convaincue de ce que je voulais. Après être passée par quelques sacrifices, aujourd’hui je ne regrette pas du tout parce que j’ai découvert une nouvelle culture, de nouvelles personnes. J’habite à Barcelone, je suis près de la mer. Je suis très très heureuse du choix que j’ai fait il y a cinq ans.

En France vous êtes « l’ambassadrice du padel », est-ce que c’est une pression ?

Non ce n’est pas du tout une pression, c’est plutôt une fierté ! J’espère le faire du mieux possible, en tout cas c’est toujours le terrain qui parle. J’essaye de progresser. C’est très important pour moi d’être en progression constante. Je ne me demande pas trop si je le fais bien ou pas, quand je fais des interviews par exemple.

Quel regard portez-vous sur le développement du padel en France?

Je suis ravie parce que quand moi j’ai commencé le padel ce n’était pas encore en plein boom comme aujourd’hui. Je suis contente de voir que ça s’importe, que les gens découvrent ce sport et ont envie de jouer. Maintenant ils comprennent que quand on parle de padel on ne parle pas de la planche sur l’eau (rires) mais du padel avec une raquette. Je suis super fière de voir que ça évolue non seulement en France mais aussi dans d’autres pays. Il y a de nouvelles infrastructures, de plus en plus de joueurs. Un diplôme va être créé en septembre pour les moniteurs. Les choses avancent, grâce à la Fédération française de tennis. Il y a un tournoi cette année à Roland-Garros, malheureusement pas pour les filles, pour les garçons. Je pense que ça va donner de la visibilité et vraiment aider au développement du padel.

Lors de cette première édition du tournoi à Roland Garros, seulement une exhibition sera peut-être organisée pour les femmes. Auriez-vous aimé le disputer dès cette année ?

Bien évidement. Savoir que les garçons vont disputer un tournoi là-bas et pas les femmes ça fait mal au cœur. En tant que Françaises surtout, c’est un rêve pour nous de jouer à Roland-Garros. Le tournoi d’exhibition n’est pas encore officiel, j’espère vraiment qu’on pourra le faire. Ça serait déjà bien pour, nous, les femmes. Évidemment que je serais la première à dire oui si on pouvait jouer rien que l’exhibition !

La première étape française du World Padel Tour va avoir lieu à Toulouse. Comment l’appréhendez-vous?

J’ai très envie de jouer. C’est super pour la France. C’est le premier tournoi international du Padel Tour qui y est organisé. J’ai hâte de jouer. Je pense qu’il y aura beaucoup de soutien pour les Français. Il y a aura ma famille, des amis, des gens que je connais donc j’ai très envie d’y être !   

Vous étiez à Roland-Garros, aux côtés de célébrités, pour faire découvrir le padel. Est-ce que ce type d’évènements est important ?

C’est hyper important parce qu’on a besoin de personnalités, que beaucoup de gens suivent, pour faire connaître le sport, ça nous aide ! Ça interpelle les gens et ensuite ça aide vraiment à faire connaître le padel plus rapidement. On voit que des ex-footballeurs s’y mettent, comme Zidane, qui a d’ailleurs un centre à Aix et en a ouvert un deuxième. Le plus dur c’est d’amener les gens sur le terrain car après avoir essayé ils sont beaucoup à vouloir rejouer.

⏩ À lire aussi : Gaelle Frizon de Lamotte : « La routine sportive d’une femme est trop souvent cassée »

Pour convaincre quelqu’un de commencer à pratiquer le padel, que lui diriez-vous ?

Je lui dirais que c’est un sport où on peut apprendre vite même si la personne n’a jamais fait de sport de raquette. Surtout on peut s’amuser ! C’est possible de jouer avec ses amis, sa famille, même ses enfants. Le padel c’est ça, c’est très convivial et ludique. C’est possible de progresser très vite, même si on n’a jamais fait de tennis, de squash ou de badminton.

Quels sont vos prochains objectifs personnels et pour le padel en général ?

Alors personnellement, mon objectif cette année avec ma partenaire c’est de jouer les masters finals en fin d’année. D’être dans les huit meilleures paires du monde. Aujourd’hui, on est la onzième. On sait que les marches sont de plus en plus dures à gravir mais pour l’instant on est dans la course, on a plutôt fait un bon début de saison. Donc on va se battre ! À plus long terme, j’ai envie de rentrer, personnellement, dans le top 10 mondial. Je vais essayer de gagner un tournoi, c’est un rêve ! Pour le padel, l’objectif qu’on a tous c’est que ce sport soit un jour aux Jeux olympiques. Tous les amateurs et professionnels l’espèrent.

Et avec l’équipe de France, que visez-vous ?

Les championnats du monde en fin d’année. L’année dernière on a fait quatrièmes. On a perdu la troisième place contre l’Italie très justement. Je pense que cette année il faut qu’on ait le même objectif : terminer sur le podium. En sachant qu’il faut être lucides, la première et la deuxième place sont réservées à l’Espagne et à l’Argentine qui sont bien trop au-dessus pour le moment. Viser la troisième place c’est déjà un très bel objectif pour nous mais qui sera dur. Comme la France, d’autres pays évoluent beaucoup dans le padel, la Suède et le Portugal par exemple.  

Crédit photo : Alix Collombon

⏩ À lire aussi : Roland-Garros 2022 : Caroline Garcia et Kristina Mladenovic remportent leur deuxième trophée de double à Paris

Enora Quellec
12.06.2022

Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.