portrait Karine Baillet
À la rencontre des sportives

Karine Baillet aventurière sans limite à l’énergie hors norme

j’ai voulu transmettre et partager mon expérience, prendre du recul sur cette première vie. Je souhaitais comprendre pourquoi j’avais fait autant de raids, autant d’expériences.

Julien Legalle
20.01.2018

Sportive de haut niveau, Karine Baillet a réalisé de nombreux exploits sportifs sur les chemins de l’extrême : Trente pays traversés, deux podiums aux championnats du monde de raid, une victoire sur le célèbre Raid Gauloises au Vietnam.  Entrepreneuse, conférencière, organisatrice de courses, c’est aussi la première femme à traverser la Manche sur quatre embarcations différentes, à participer au Quaduro et à l’Enduropale du Touquet. Entretien avec une aventurière sans limite et une femme à l’énergie hors norme.

Que représente ce livre pour vous ?

En 2012, j’ai décidé d’arrêter ma carrière avec le marathon des sables. A ce moment-là, j’ai voulu transmettre et partager mon expérience, prendre du recul sur cette première vie. Je souhaitais comprendre pourquoi j’avais fait autant de raids, autant d’expériences. Ce livre est le résultat d’un travail d’introspection. Comme j’aime travailler en équipe, j’ai proposé cette idée à Sophie Chegaray, une journaliste de Marie Claire qui me suivait depuis longtemps. Ce duo m’a permis de creuser plus loin dans mon parcours et mon être, de me dévoiler un peu plus.

Conquête de femmes Comment êtes-vous passée de sports classiques aux sports extrêmes ?

Je faisais de l’athlétisme, des courses sur route, j’aimais courir dans les dunes et sur plage, faire de la planche, du vélo. J’ai toujours eu ce côté aventurière. Je suis arrivée par opportunité dans le raid.  On m’a proposé de participer à un raid sur un week-end. Suite à cette première course, j’ai eu envie d’en préparer d’autres, et je me suis mise à rêver d’une participation au Raid Gauloises. Pour cela, je suis passée par des qualifications et j’ai eu la chance d’être sélectionnée. C’est devenu une passion, après quelques raids amateurs, j’ai vite basculé dans le monde professionnel, en tentant sans cesse de nouveaux défis.

Comment appréhendiez-vous le risque ?

On ne pense pas vraiment au risque. Nous étions en équipe du début à la fin, toujours attentifs à la santé des coéquipiers. Ce qui fait le risque des raids, c’est la nature et sa dangerosité.

Pendant la course, à quoi pensent les raideurs ?

Nous sommes très concentrés sur la course, à notre stratégie, à l’orientation et à nos coéquipiers. Nous sommes focalisés sur les difficultés des parcours. Parfois nous débranchons notre cerveau. Je pense notamment aux cent trente kilomètres de kayak lors du Raid Gauloises au Vietnam en 2002. Nous atteignons cette condition lorsque nous faisons un effort énorme, nous lâchons prise. Dans une fatigue extrême et par manque de sommeil, nous pouvons avoir des hallucinations.

Que cherchez-vous à travers cette pratique ?

J’adore cette pratique car elle est composée de plusieurs sports, en équipe, en pleine nature et en compétition. Dans le livre, je parle d’un retour à l’animalité : ne pas se laver pendant plusieurs jours, manger des barres énergétiques et s’adapter à la nature, à son dénivelé. Je reprends une phrase de Coubertin : « Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour triompher, la difficulté pour la vaincre. » Cette phrase me correspond complétement ! Je l’ai ressenti dans les raids et les défis.

« Le raid m’a construite à la fois pour travailler en équipe, pour rester simple, humble, et apprécier le confort de la vie. »

Etiez-vous dépendante ?

On peut parler de dépendance. J’ai arrêté le haut niveau mais je ne pourrais pas arrêter le sport. Je suis devenu maman il y a presque deux ans, mais je fais du sport trente minutes par jour. D’ailleurs, je faisais encore du sport deux jours avant mon accouchement.

Votre entourage a-t-il influencé votre parcours ?

Pas du tout. Mes parents n’étaient pas dans l’univers du sport, ils n’étaient pas sportifs. En revanche, j’ai un entourage chaleureux qui m’a transmis des valeurs fortes, comme la combativité, le courage, et d’aller au bout de ses idées. Toutes ces valeurs ont été très importante pour ma construction et le raid.

Comment passe-t-on de sportive de haut niveau à organisatrice de courses ?

L’organisation des courses est venue en parallèle de ma carrière de sportive. J’avais 25 ans, je voyageais beaucoup et en retournant chez moi au Touquet, j’ai voulu partager ma passion, faire connaitre notre territoire, mes lieux d’entrainement. Pour le premier Touquet Raid Pas-de-Calais, j’ai participé à l’organisation avec ma famille, mes amis, des bénévoles. En 2018, nous fêterons la 18eme édition ! Ensuite les organisations se sont multipliées, j’en ai créé certaines, reprise d’autres, comme la course du bike and run. Je suis passionnée de ces sports de nature et j’aime transmettre ma passion. En tant que sportive, entrepreneure ou organisatrice d’événements, j’adore fédérer autour d’un projet. Le raid m’a construite à la fois pour travailler en équipe, pour rester simple, humble, et apprécier le confort de la vie.

Quel(s) message(s) souhaitiez-vous faire passer ?

C’est d’atteindre ses rêves, j’en ai eu beaucoup et j’en ai encore. Si on m’avait dit à 15 ans que j’allais parcourir le monde entier, je ne l’aurai pas cru. Tout le monde peut se retrouver dans ce témoignage.  Je souhaite également souligner qu’une activité physique régulière est très important pour la santé et l’équilibre. Après la lecture de ce témoignage, j’espère que les femmes prendront le temps de faire du sport, d’oser prendre des responsabilités, de devenir capitaine.

Quels sont vos projets ?

Je vais organiser d’autres événements comme le Raid Amazone, car nous souhaitons l’appliquer à d’autres terrains. J’aimerai bien ouvrir une base nature au Touquet, où je pourrais accueillir des sportifs, des aventuriers. Je reste à l’écoute de nouveaux projets qui pourraient s’organiser. J’aime bien interviewer les sportives et sportifs pendant les compétitions.

 

Propos recueillis par Julien Legalle

Entretien tiré du numéro 7 Les Sportives

Julien Legalle
20.01.2018

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