À la rencontre des sportives

Famosport : lever les freins de la pratique sportive

Marie Thimonnier
12.04.2023

Depuis 2019, l’association Famosport propose des créneaux de sport hebdomadaires aux femmes vivant dans des quartiers défavorisés. Labellisée Impact 2024, et soutenue par FDJ, elle a pour objectif de rendre la pratique accessible à toutes. Sa fondatrice, Marion Choueib, entend étendre son champ d’action.  

Citations motivantes, recettes, challenges, checklists… Le compte Instagram coloré de l’association Famosport donne le ton. « Famosport, c’est le sport accessible pour toutes les femmes », indique Marion Choueib, qui a créé l’association en avril 2019 afin d’accompagner l’accès au sport pour toutes. L’idée est venue d’un constat : au fil de ses expériences dans le domaine sportif, l’ancienne joueuse et coach de volley au niveau amateur observe que les femmes ne font pas de sport ou stoppent leur pratique pour des raisons financières ou familiales.

Marion Choueib, fondatrice de l’association Famosport.

Accompagner les femmes vers le sport

« Quand je jouais ou que j’entraînais dans certains quartiers, je constatais que très peu de gens venaient nous soutenir, surtout très peu de femmes, se souvient la jeune femme de 26 ans, diplômée de la Sports Management School (SMS). Ça m’a marquée ! J’ai essayé de comprendre pourquoi il y avait un désintérêt pour le sport. Les jeunes pratiquent, mais les filles arrêtent plus tôt que les garçons et elles ont moins la possibilité de renouer avec le sport après, en raison notamment de contraintes sociologiques selon lesquelles les femmes se dédient à la vie de famille. » Elle imagine alors Famosport comme un moyen d’aider les femmes des quartiers défavorisés à pratiquer ou reprendre une activité sportive régulière. « L’objectif c’est de lever les freins autour de la pratique sportive. »

Moins de deux ans après sa création, l’organisation reçoit le prix de l’association de l’année 2021, par la Fondation Alice Milliat. Désormais installée dans les 18e et 19e arrondissements de Paris, Famosport a ouvert plusieurs créneaux hebdomadaires, de gym douce, de yoga, de danse et de fitness, réservés aux adhérentes. « Nous accueillons toutes celles qui n’ont pas les moyens de se payer un abonnement en club ou en salle de sport. » Les séances sont dispensées à un prix accessible : 150 euros par an. 

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En solo ou en famille

« Nous avons plusieurs profils : des retraitées, avec faible niveau de revenus, des femmes issues de l’immigration, des mères de famille, à qui nous proposons, si elles n’ont pas d’autres alternatives, de faire garder leurs enfants pendant les cours grâce à notre partenariat avec l’association Gribouillis », détaille la fondatrice, manager chez Decathlon en parallèle de son engagement associatif. Les enfants plus grands (au-dessus de six ans) sont invités à pratiquer avec le groupe, en famille.  

L’abonnement comprend également un suivi personnalisé et la participation à des événements organisés pour pratiquer en famille, pensés sous forme de découverte et d’initiation à de nouvelles activités sportives.

Safe place

« Nous souhaitons que les femmes pratiquent en sécurité, dans un endroit où elles se sentent bien, souligne Marion Choueib. Certaines n’ont jamais fait de sport avant, donc c’est important de les mettre en confiance, avec un accompagnement des coachs. » Au-delà de l’engagement physique de ces séances, les adhérentes, dont certaines sont isolées ou en situation de précarité, font des rencontres. « Une solidarité s’est créée au fil des années », constate la fondatrice. 

Famosport intervient aussi dans des centres sociaux intra-muros et au Palais de la Femme, un centre d’hébergement de l’Armée du salut, dans le 11e arrondissement. 

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Bootcamp intergénérationnel

« Nous souhaitons étendre notre présence à d’autres quartiers, avec notamment une perspective de développement dans le 93, en Seine-Saint-Denis, prochainement », précise Marion Choueib, dont l’association a reçu pour la deuxième fois le label Impact 2024, du fond de dotation des Jeux olympiques de Paris 2024. 

Ce soutien doit financer un projet de « bootcamp », mené par l’organisation : une semaine, où se réuniront des femmes, tous âges confondus, autour de la pratique sportive. Des conférences sur le rôle du sport dans le développement personnel et des ateliers de beauté ou encore d’insertion professionnelle seront également au programme. « Nous voulons créer un moment de partage intergénérationnel, en mixité sociale, conclut Marion Choueib. L’idée, c’est de transmettre aux mères, comme aux jeunes filles, que le sport est important pour s’épanouir, et ainsi limiter le décrochage sportif à l’avenir. »

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Le groupe FDJ et Paris 2024 : une réponse conjointe et concrète pour lever les freins à la pratique sportive des femmes via le Fonds de dotation Paris 2024
 
Afin d’unir leurs forces, Paris 2024 et FDJ ont décidé de renforcer l’appel à projets Impact 2024 en créant une catégorie spécifique au développement de la pratique sportive féminine. L’objectif est d’accompagner un maximum de projets structurants qui répondent aux envies et besoins des femmes (bien-être, santé, physique), à leur situation personnelle et à leur désir de pratiquer une activité physique plus librement. En savoir +
Marie Thimonnier
12.04.2023

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