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Parabadminton – Sabrina Cornayre, seule joueuse fauteuil du Loiret

Les Sportives Centre-Val de Loire
29.03.2023

Sabrina Cornayre a découvert le parabadminton en 2019. Licenciée à l’ABP 45, à Pithiviers, elle est la seule joueuse fauteuil dans le Loiret. Véritable mordue de la discipline, elle joue tous les jours ou presque et se mêle régulièrement aux valides. Rencontre.

Les Sportives : Comment avez-vous découvert le parabadminton ?

Sabrina Cornayre : C’est grâce à ma fille, qui joue à Pithiviers depuis plusieurs années. En 2019, le club a proposé une initiation fauteuil. J’ai testé et immédiatement accroché. Je ne renvoyais pas un volant mais ce n’était pas grave, ça m’a plu. J’ai très vite investi dans un fauteuil de sport et me suis inscrite dans la foulée. Peu de temps après, la présidente m’annonçait qu’elle m’avait engagée sur les championnats de France.

C’est un véritable coup de foudre ?

Oui, clairement ! La première année c’était vraiment pour le fun, maintenant, je suis une toquée. Il ne s’agit pas uniquement de renvoyer le volant, il faut avoir une réflexion de jeu. Il faut trouver la faille pour prendre l’ascendant et bien placer le volant pour mettre l’adversaire en difficulté, c’est ça que je kiffe vraiment. J’ai une grosse marge de progression en matière de déplacement. Pour le reste, c’est cool, je m’éclate. Le jeu rapide me plait davantage, peut-être parce que dans le club je suis la seule en fauteuil. Avec les valides, le jeu est complètement différent que sur des roulettes. Le jeu est plus tendu, plus rapide, ça fait travailler la réactivité.

« Je suis un peu une extraterrestre dans le Loiret »

Vous êtes la seule joueuse de parabadminton en fauteuil dans votre club du Loiret, c’est pareil partout ?

Nous ne sommes pas très nombreux en fauteuil, et nous sommes très éparpillés. Il y a des clubs où ils arrivent à être huit ou dix, mais pas ici. Du coup je suis un peu une extraterrestre dans le Loiret, parce que je m’inscris aux tournois valides. Je suis emballée par la compétition, même si je perds je m’en fiche. Les tournois para il n’y en a pas énormément, les gros rendez-vous, ce sont les championnats de France et les étapes du circuit parabad. Cela correspond environ à 10 dates sur toute l’année. Le problème c’est que c’est un souvent loin, donc c’est un peu galère. C’est pour ça que je m’engage avec les valides et je m’adapte à leurs règles.

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Sabrina joue parfois avec sa fille chez les valides, comme ici à Montgeron.

Quelles sont les différences justement entre jeu valide et en fauteuil  ?  

Dans le parabad, il n’y a pas de zone avant, celle du service. En simple, on joue sur un demi-terrain valide avec le couloir de double. En gros, c’est un terrain de double divisé en deux. Pour les règles de double, il n’y a toujours pas de zone avant et la paire doit obligatoirement être constituée d’un WH1 sans abdos et WH2 avec abdos. Le handicap étant un peu plus lourd pour les WH1, il faut harmoniser les équipes, pour éviter trop d’écart de niveau. Moi je suis WH2.

« Ceux qui me voient comme une petite fleur fragile, je leur dis de jouer normalement »

Comment se passe la compétition avec le club valide de Pithiviers ?  

Je fais les doubles en interclubs. Je suis capitaine de la D3 et des vétérans. Les vétérans c’est super bon enfant, c’est top. Les interclubs D3 c’est pareil et on peut gagner des points plus facilement qu’en tournoi. En tournoi justement, j’ai déjà joué avec ma fille, c’est sympa. J’essaie de varier les partenaires, femmes et hommes.

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Quelles sont les réactions de vos adversaires valides ?

Maintenant je suis connue donc ça va, mais au début, il y avait beaucoup de réflexions. Ce qui revient souvent, c’est que c’est super perturbant, parce que je suis plus basse, qu’on ne voit pas bien mes services. On me dit qu’on n’ose pas faire ceci ou cela, parfois c’est un peu lourd. Certains me voient comme une petite fleur fragile, je leur dis de ne pas s’inquiéter, de jouer normalement. Souvent, mes coéquipiers vont en amont prévenir les adversaires que je suis une joueuse comme les autres. Mon regret c’est de ne pas pouvoir bien travailler les déplacements fauteuil. Ce n’est pas toujours facile pour les équipiers debout de m’épauler sans m’empêcher de jouer.

« L’international, j’y pense, mais il va falloir trouver des sponsors »

Et quels sont les résultats en parabadminton, dans le Loiret et ailleurs ?

Je suis 2e joueuse française en simple. En double, j’ai deux médailles de bronze, en mixte l’an passé et en dames cette année. Je n’ai pas encore fait de tournoi international. Mon nouveau coach (depuis septembre) me met en tête des choses que je n’aurais jamais pensé faire, parce que je me considérais trop vieille. Finalement, je me rends compte que non. Alors s’il y’a moyen, oui carrément, j’y vais. Après, il va falloir trouver des sponsors. J’ai un fauteuil sur mesure qui a coûté 6740 euros. J’en ai versé 600, le reste a été financé par la Région Centre-Val de Loire, la mairie et mon club de Pithiviers, sans oublier le Lions Club et quelques partenaires privés. Il faut penser aussi aux pneus, aux déplacements, hébergements…

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La championne du Loiret enchaîne les tournois, valides et parabad.

Les Jeux paralympiques, c’est envisageable ?

À Paris, j’ai cru comprendre qu’il n’y aurait pas de mixte, mais uniquement du simple et double hommes. Je pense qu’il n’y a pas assez de joueuses. En plus, il faut être qualifiée à l’international et avoir participé à suffisamment de tournois pour avoir un minimum de points afin d’accéder aux Jeux. Pour l’instant, moi je suis un petit insecte dans cet univers.

Ci-dessous, une vidéo de la Fédération française de badminton pour en savoir plus sur le parabadminton :

Les Sportives Centre-Val de Loire
29.03.2023

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