À la rencontre des sportives

Ève Monvoisin alias Colomblbl, l’e-sportive professionnelle qui fait trembler League of Legends

Julie Langlois
12.07.2023

Ève Monvoisin est joueuse professionnelle d’esport évoluant sur League of Legends, un jeu qui compte désormais des tournois internationaux majeurs et des ligues régionales suivies par des millions de passionnés à travers le globe. Rencontre avec la championne qui évolue dans un univers de plus en plus compétitif. 

 

Colomblbl est un pseudonyme qui peut surprendre.  Pour le créer, Ève Monvoisin s’est inspiré du prénom Colombe, symbole de liberté, de pureté et de paix. Déjà utilisé sur les réseaux sociaux et soucieuse de ne pas se contenter d’un nom commun suivi d’un numéro quelconque, elle a préféré apposer « blbl » à la fin de son surnom, s’inspirant ainsi d’une mélodie russe et des célèbres murlocs de World of Warcraft. Des adversaires bruyants qui ont su conquérir le cœur de la communauté warcraftienne. C’est en famille, avec son frère aîné et sa cousine qu’Ève fait ses premiers pas dans l’univers des jeux vidéo à 10 ans. Ce qui la fascine particulièrement, c’est la possibilité de jouer en multijoueur, d’interagir avec d’autres personnes au sein d’un monde virtuel. C’est ainsi qu’elle s’est plongée dans l’univers des MMORPG, dont Dofus faisait partie. À l’époque, la gameuse ne considérait ces jeux que comme un simple divertissement, sans jamais envisager sérieusement d’en faire sa profession. Pourtant, à 24 ans, la jeune bourguignonne en a désormais fait son métier. 

« C’était irréaliste de penser que le jeu vidéo en arriverait là. » 

 

De la voie du milieu à la bot lane

Le parcours de Colomblbl dans League of Legends (LoL) débute lors de la saison 2 en 2013. Une fois de plus, elle suit les pas de son grand frère. Après trois années de jeu, elle décide de s’investir davantage en participant aux parties classées et atteint le rang de diamant 5. Initialement, elle joue en mid lane avec des champions tels que Lux, Annie, Syndra, Cassiopeia et Orianna. Avec une préférence pour les mages, son attirance se porte sur les rôles de prêtre ou de magicien dans les jeux en ligne massivement multijoueurs (MMORPG).

Les termes bot lane, mid lane et top lane sont utilisés dans League of Legends pour décrire les positions des joueurs sur la carte et leurs rôles spécifiques au sein de l’équipe. La bot lane (voie du bas) est occupée par l’ADC, chargé de faire des dégâts à distance, et le support, qui le protège. La mid lane (voie du milieu) est tenue par un mage ou un assassin, infligeant des dégâts importants et ayant une grande mobilité. La top lane (voie du haut) est occupée par un joueur solitaire, se concentrant sur la domination de sa voie. En plus de cela, il y a le jungle, qui évolue dans la jungle et apporte une aide sur toutes les voies. Chaque position a ses propres responsabilités et contribue à la stratégie de l’équipe.

En raison de la présence croissante de bruisers et d’une méta qui ne lui correspondait plus, Colomblbl finit par abandonner la voie du milieu. À l’université, sa rencontre avec son copain la pousse à changer de rôles, ils expérimentent différentes solutions tels que jungle et mid, mais se tournent finalement vers la bot lane. Elle fait alors le choix de jouer en tant que support pour accompagner son partenaire ADC (Attack Damage Carry). Un jour, alors qu’elle avait déjà atteint le rang de grand maître, elle tombe sur une annonce de recherche de joueurs pour former une bot lane. Ils postulent ensemble et cela marque le début d’une nouvelle aventure dans la découverte de League of Legends et de la compétition.

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Une arrivée rapide en compétition pour Colomblbl

Eve Monvoisin commence la compétition en rejoignant  l’équipe Métafun puis Olympe, avant de retourner dans l’équipe Métafun. Puis, elle a intègre l’équipe SK Avarosa. A cette période, la Bourguignonne étudiait en Langues, littératures, civilisations étrangères et régionales avec une option en chinois. Une décision influencée par ses expériences de jeu, notamment la série de jeux «  Léa passion maîtresse d’école  »  sur la DS, qui l’ont inspirée à devenir enseignante. Un amour de la pédagogie qu’on retrouve aujourd’hui chez Colomblbl qui fait du coaching sur League of Legends et qui prodigue maintenant, sur YouTube et Twitch, des conseils et autres tutoriels pour tous les joueurs et joueuses avides de conseils. 

« J’ai toujours rêver d’être prof, donc j’essaye d’être didactique et puis j’aime bien le faire » 

Elle prend conscience des défis de concilier sa vie personnelle et sa carrière dans l’esport. Les longues sessions de jeu suivies d’entraînements tardifs rendent l’équilibre difficile à trouver. Et décide donc de faire une pause pendant sa scolarité. Après avoir obtenu son diplôme en fin 2022, elle rejoint avec enthousiasme la team G2 HEL, une équipe entièrement composée de joueuses évoluant en troisième division. Son emploi du temps d’entraînement varie, généralement de 3 à 4 fois par semaine, pour une durée moyenne de 5 heures par session.

«  Si il n’y avait pas eu G2 j’aurais arrêté et je serais repartie vivre une vie plus classique. C’est beaucoup de travail par passion dans l’esport et puis en division 3 c‘est beaucoup d’efforts pour pas beaucoup de récompenses. » 

 

La voie vers l’inclusion : une expérience positive dans le monde de la compétition

Consciente des difficultés auxquelles les femmes peuvent être confrontées pour s’intégrer dans le milieu compétitif, elle affirme avoir eu une très bonne expérience à son arrivée en compétition.  «Certaines femmes ne se sentent pas à l’aise et se réfugient sur la scène féminine. C’est aussi pour ça que la scène féminine existe, pour pouvoir se développer, s’entraîner et goûter à la compétition. Et après aller en mixte », explique Colomblbl. La jeune femme souligne que son expérience en compétitions mixtes a été très bonne, « peut-être que le fait d’être avec mon copain ça m’a protégée, mais ça je saurais pas trop dire »

« Je me suis sentie très incluse, j’ai été très écoutée et on m’a beaucoup respectée et donné beaucoup de crédit. Je n’avais pas l’impression d’être mise à l’écart. » 

Elle constate que dans l’esport, les organisations sont aussi sérieuses que dans les sports traditionnels, avec la présence de professionnels tels que des nutritionnistes et des psychologues. Elle ajoute :« L’esport exige une bonne condition physique, il faut beaucoup d’énergie et d’endurance quand on enchaîne les partie, sans compter sur la stratégie. » 

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Julie Langlois
12.07.2023

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