À la rencontre des sportives

Diandra Tchatchouang, le sport un terrain d’engagement

L’ancienne basketteuse tricolore, Diandra Tchatchouang a choisi d'œuvrer pour le développement de la pratique du sport chez les jeunes filles, depuis qu’elle a mis un terme à sa carrière sportive en juin 2022.

Marie Thimonnier
13.10.2023

L’ancienne basketteuse tricolore Diandra Tchatchouang a choisi d’œuvrer pour le développement de la pratique du sport chez les jeunes filles, depuis qu’elle a mis un terme à sa carrière sportive en juin 2022.

« En tant que sportive, notre emploi du temps est très chargé, rythmé et cadré. Les semaines se ressemblent toutes. Quand ce quotidien change soudainement, c’est l’inconnu. » En juin 2022, Diandra Tchatchouang décide de laisser ses maillots floqués du numéro 93 et les baskets au placard. Alors joueuse de Lattes-Montpellier, récemment médaillée de bronze avec l’équipe de France de basket aux Jeux olympiques de Tokyo, au Japon, à 31 ans, elle met un terme à sa carrière sportive. Un adieu dans la douleur, après une saison sans jouer en raison de ses cartilages aux genoux abîmés par l’effort. 

« On ne sait jamais quand c’est le moment pour s’arrêter. J’ai décidé d’arrêter de faire souffrir mon corps, jouer me faisait plus de mal que de bien », se souvient-elle de sa décision. L’ailière internationale aux 107 sélections quitte les parquets avec une belle collection : deux titres de championne de France avec Bourges (2013 et 2018), quatre Coupes de France (2014, 2017, 2018 et 2021), la dernière avec Montpellier, et quatre médailles de vice-championne d’Europe avec les Bleues. Mais également une médaille olympique, « du bronze qui valait de l’or à mes yeux », une « consécration ».

Une reconversion sereine pour Diandra Tchatchouang

« Ce n’est jamais facile de voir son quotidien bouleversé. Mais j’ai vécu ma reconversion plutôt sereinement », confie la Française, draftée en WNBA par les Silver Stars de San Antonio en 2013. Diandra Tchatchouang s’était préparée à cette transition, en menant un double parcours sport-études, avec un cursus à l’Insep, à l’université du Maryland, et enfin un diplôme à Sciences Po. 

Sans transition, l’ancienne basketteuse passe de l’autre côté du micro d’abord, en devenant consultante pour Canal + pendant l’Euro masculin dès la fin de l’été 2022. « Derrière, j’ai enchaîné pas mal d’expériences associatives, en mettant des projets en place notamment avec mon association (Take Your Shot, fondée en 2016). J’ai aussi participé à plusieurs événements en tant que conférencière lors de la masterclass FDJ « Parcours de championnes ». Je m’étais dit que je ferais ça jusqu’aux Jeux. »

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Développer la pratique chez les jeunes filles 

Mais une autre offre a attiré son attention : cheffe de projet de développement de la pratique sportive chez les filles. C’est avec cette nouvelle casquette que Diandra Tchatchouang a répondu aux Sportives, a mi-chemin entre les bureaux de Nike qui a investi dans le projet (et dans Take Your Shot), l’agence nationale du sport et la mairie de Pantin. Le département de Seine-Saint-Denis, d’où elle est originaire, est devenu son nouveau terrain d’action. 

« Aider les jeunes filles, c’est aussi mon histoire », corrobore la sportive. En évoquant ses missions, l’ex-joueuse adopte désormais un discours plus politique : « Quand je fais une rétrospective sur ma carrière dans le basket, je m’aperçois que les freins étaient multiples. Rien ne laissait penser que j’allais devenir professionnelle. Au fil des années, je me suis rendu compte que cette réalité était encore très présente, l’accès au sport est encore difficile pour les jeunes filles, je veux agir pour changer ça. » Son nouveau job consiste alors à développer des actions et des moyens d’accès au sport pour cette population « de plus en plus sédentaire ».

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Les JO, un an-jeux pour rassembler

Diandra Tchatchouang fait aussi partie de la commission des athlètes olympiques, représentante au CIO. Une autre casquette qui lui tient à cœur, quand on sait que les Jeux auront lieu à Paris dans un an. Mais là aussi, le message est avant tout social. « Il y a un engouement, ça fait plaisir. Mais quand je vais à la Courneuve et que je parle des JO ça parait loin pour les jeunes des quartiers, et loin de chez eux. C’est un point sur lequel on travaille avec la commission : comment la jeunesse de Seine-Saint-Denis peut en faire partie, et comment on fait pour que l’engouement perdure après l’événement ? Ici tout reste à faire, il nous reste un an pour les inclure dans la dynamique des Jeux. »

Une chose est sûre, le sport l’anime toujours. Celle qui n’a plus approché un panier de basket depuis sa retraite assure néanmoins : « Aujourd’hui, je vis encore de ma passion, différemment. »

Marie Thimonnier
13.10.2023

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