À la rencontre des sportives

« Carton plein » pour l’édition 2023 du festival Femmes en Montagne

Claire Smagghe
27.11.2023

Femmes en montagne, c’est un festival qui promeut l’accessibilité des pratiques sportives en montagne pour les femmes, à travers la projection de films et la mise en place de différents ateliers. Si cet évènement annécien, créé par Tanya Naville, vient de baisser le rideau de sa quatrième édition, sa version digitale reste disponible jusqu’au 2 janvier. Alors que la fondatrice préparait l’arrivée de son enfant, Antonia Bouvier a endossé le rôle de directrice remplaçante avant de retrouver son poste de secrétaire de l’association. Rencontre. 

Les Sportives : Revenons à la genèse… Comment est né le festival ?

Antonia Bouvier : C’est Tanya Naville et son compagnon Léo Wattebled qui ont créé l’association On n’est pas que des collants car ils se rendaient compte que la pratique du sport par les femmes était vraiment moins importante que celles des hommes dans les sports de montagne. Tanya a fait beaucoup d’alpinisme et s’est rendue compte de ces inégalités. À l’origine, ils avaient comme conviction d’aller à la rencontre de femmes en montagne et de créer des films. Ils ont créé des films dans le cadre du Women’s skimo project pour mettre en avant les femmes en montagne. Et en 2019, ils ont créé le festival Femmes en montagne qui est porté par l’association. Ils avaient vraiment envie de mettre en lumière leurs films pour donner la voix aux femmes en montagne. Le festival est né comme ça, avec quatre ou cinq films.

Quelles sont les évolutions depuis la création ? Comment s’organise le festival aujourd’hui ?

On vient de terminer la quatrième édition. Aujourd’hui, on fonctionne essentiellement avec des bénévoles. On n’est que deux salariés. Le projet dure toute l’année, car même si le festival dure quatre jours au mois de novembre, la sélection des films se fait dès janvier. Donc dès qu’on termine un festival, on commence la préparation du suivant. On a un comité de sélection de films 100 % bénévole. Les réalisateurs et réalisatrices peuvent déposer leur film sur une plateforme, et nous, pendant six mois, on regarde les films et on les évalue à partir de critères mis en place. Ce sont des critères sur l’égalité de genre, sur la sensibilisation à l’environnement, sur la pertinence de l’histoire et les valeurs partagées. Cela nous permet d’avoir notre petite marque de fabrique. Le reste de l’année il y a aussi toute la communication et les relations presse à assurer.

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Puis viennent les quatre jours, où les films sont en compétition…

Le festival c’est vraiment des projections dans des cinémas. On fonctionne avec des cinémas associatifs. On a eu cette année huit projections sur quatre jours. Depuis deux ans, on a mis en place d’autres évènements que les projections de films. On propose des ateliers qui permettent d’autres moments de partage pour pouvoir échanger avec les spectateurs et spectatrices. On a des ateliers artistiques, notamment d’aquarelle. Il peut y avoir des ateliers sportifs : de l’initiation escalade, de la course à pied, de la randonnée. On a aussi eu des ateliers sur la réalisation de film pour apprendre à prendre le son et cadrer en montagne. Plein d’ateliers qui ont comme même sujet la montagne, au sens large. C’est donc quatre jours assez intenses entre les ateliers et les projections le soir.

Quel genre de public avez-vous accueilli ? Arrivez-vous à élargir la cible, au-delà des femmes qui sont convaincues par la cause que vous défendez et qui vous soutiennent déjà ?

L’année dernière, l’Université Lyon 1 est venue distribuer des questionnaires pour que l’on puisse connaitre quel est notre public. On s’est rendu compte qu’on avait une majorité de femmes, 60 % de femmes et 40 % d’hommes. C’est correct et on est assez contents de ces chiffres. C’est surtout des 30-45 ans. Les femmes présentes sont souvent sensibilisées à ces questions. Mais par contre, on sait qu’on arrive à toucher un autre public car on est avant tout un festival de films de montagne. Quand on est dans une ville comme Annecy, c’est aussi une animation dans la ville. On a des personnes plus âgées qui vont venir pour le cinéma. On a aussi des enfants qui viennent avec leurs parents. Dans les résultats du questionnaire de l’année dernière, certaines personnes nous trouvaient trop engagés sur ces questions de féminisme, d’autres pas assez. C’est un public assez large finalement.

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Quel bilan faites-vous de cette édition 2023 ?

On est super contents. On a rempli toutes les salles. On avait fait le pari de prendre une salle plus grande pour un soir avec 300 places alors que généralement c’est plutôt 150 places. On avait 34 films sur cette édition, contre 26 l’an dernier. Toutes les salles étaient complètes. Tous les ateliers étaient presque remplis. On peut dire que c’est un carton plein qui valorise tout le travail bénévole qu’il y a derrière !

De nouveaux projets en tête pour l’année prochaine ?

Pour l’an prochain, je pense que l’on va rester sur des projections et des ateliers. On sait qu’on va prendre des salles plus grandes. Pour les ateliers, on essayera sûrement d’unir plus d’associations et d’autres valeurs. Cette année, on a déjà commencé à travailler avec une association environnementale et une association qui permet aux réfugiés qui arrivent à Annecy de leur faire découvrir la montagne. Mais le festival ne s’arrête pas là, car toute l’année on se rend dans les établissements scolaires pour intervenir auprès des plus jeunes. La sensibilisation dès le plus jeune âge est très importante. L’année dernière on s’est rendu dans 12 écoles. Cette année, on aimerait le faire dans un peu plus. On veut aussi consolider nos évènements avant peut-être de s’étendre dans d’autres villes.

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Claire Smagghe
27.11.2023

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