Au commet sommet du Stok Kangri en Inde (Himalaya, 6153 m)
À la rencontre des sportives

Alpinisme : La Tourangelle Delphine Chaigneau à l’assaut de l’Everest

Les Sportives Centre-Val de Loire
13.02.2024

La Tourangelle Delphine Chaigneau est une passionnée d’alpinisme. Elle prépare actuellement son expédition vers le sommet de l’Everest. Issue d’une famille de sportifs, elle aime sortir de sa zone de confort. Femme de défi, femme de cœur, elle devrait quitter la France début avril pour une ascension à la mi-mai.

Delphine Chaigneau habite à Larçay, pas très loin de Tours. Professeure d’EPS en collège depuis un peu plus de 20 ans, elle a toujours fait du sport. « Avec mon frangin, on a goûté très tôt aux sports de montagne. Dans la famille, le sport avait vraiment sa place. » Son père, marathonien, avait un peu plus de 60 ans quand il a monté le Mont-Blanc, descendu en parapente. Sa mère faisait du semi-marathon. Son frère est dans le trial, à haut niveau.

Delphine, elle, a commencé la course à pied quand elle avait 9 ans, avec un passage par le pôle France de Poitiers. Elle était au bas niveau du haut niveau, comme elle aime à dire. C’est après qu’elle a découvert l’alpinisme. « La montagne, c’est un milieu hostile, un milieu d’effort, j’aime ça. » Elle aime tellement ça qu’elle a décidé de se lancer à l’assaut de différents sommets. « J’ai découvert l’alpinisme quand j’ai fait le Mont Blanc en 2007 donc ce n’est pas si vieux. »

 

Alpinisme et assaut des sommets

Tout a commencé par des challenges lancés avec les copains de fac. Il y a eu par exemple la célèbre diagonale des fous, sur l’île de la Réunion. Loin de s’arrêter là, Delphine, qui aime sortir de sa zone de confort se lance un nouveau défi : le Mont Blanc. « Avec une amie, nous avons suivi un copain guide de haute montagne sur Chamonix. Il était à 8h00 du matin quand nous sommes arrivés au sommet. Le soleil se levait avec un ciel tout rose, c’était magnifique. On a gardé de belles photos, de beaux souvenirs et on s’est dit, punaise ça c’est pas mal quoi ! »

Atteinte par le virus, elle enchaîne. « Quand j’ai eu le CAPES, j’ai eu un peu plus d’argent donc j’ai commencé à voyager. Je suis sortie des montagnes françaises, pour aller de plus en plus haut, où il fait de plus en plus froid. »  Il y a eu notamment l’ascension, à plus de 6000m, du Stok Kangri, dans l’Himalaya en Inde. Un « petit  tour » aussi par le Kilimandjaro, avant de partir, en solitaire cette fois, à l’assaut du Pic Lénine, entre Tadjikistan et Kirghizistan, sa préparation pour l’Everest.

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L’Everest : «  les femmes ont le droit d’être ambitieuses »

Mais pourquoi l’Everest ? Pourquoi-pas, vous répondra tout naturellement Delphine Chaigneau. Une discussion autour de la place de la femme dans l’alpinisme l’a décidée à tenter l’aventure. « On entend encore des réflexions quand une femme se présente sur un camp de base. Alors un petit peu d’égalité, ce serait pas mal.»

Nous avons créé cette association « à chacun-e son toit du monde » pour montrer aux femmes qu’elles ont le droit d’être ambitieuses, de partir sur de grands défis. Pour l’instant, seulement 14 sont allées au sommet. « En tant que femme, tu te donnes moins les moyens, par rapport au boulot, la vie de famille ou autres. On se met des barrières en fait. Les hommes se posent moins de questions et ils ont certainement raison. »

L’ascension de l’Everest se prépare et s’organise. Source : 8000ers, RichardSalisbury, HimalayanDatabase

Jonathan Lamy, premier Français à avoir gravi deux fois l’Everest en moins d’un an, est à ses côtés dans sa préparation. « Je suis passée par lui pour organiser mon expédition. Je pars avec une agence népalaise, parce que je veux que l’argent aille directement au Népal. » Le grand périple est programmé du 5 avril au 30 mai. Il faut déjà rejoindre le camp de base, versant Sud, au pied du glacier Khumbu, à 5364m. De là va commencer toute une période d’acclimatation, pour habituer le corps au froid et au manque d’oxygène. 

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« On n’a qu’une vie, il faut en profiter »

L’Everest, c’est 8848m, avec des températures entre -30 et -40°, sans compter le vent.  Il faut bien prendre les éléments en compte. « Il fait pratiquement toujours beau, mais il y a énormément de vent donc quand il y a une fenêtre météo dans les 5 jours, hop, on démarre. » La montée devrait se faire vers la mi-mai, par étapes, avec 6 à 8kg sur le dos, notamment la bouteille d’oxygène.

La Tourangelle sera accompagnée d’un sherpa guide, un grimpeur qu’elle rencontrera sur place. Pour l’instant, elle se prépare, physiquement et mentalement, sans négliger le matériel. Elle savoure ce moment. « Pour l’instant je n’ai pas peur. Peut-être que quand je monterai sur une échelle de 20m de long avec 200m de crevasse dessous, je serai un peu plus tendue. Mais non, je suis super contente de partir. »

Passage d’échelle pour traverser un glacier lors de l’ascension du Pic Lénine (Kirghizistan)

Pour pouvoir partir, elle a posé trois mois de congés sans solde. En attendant le Jour J, la professeure alpiniste continue à donner des conférences pour présenter son projet et boucler son budget, estimé à 46 000 euros. 

Ses supporters pourront la suivre via les réseaux sociaux, comme ses élèves. Ils ont eu droit à leur propre conférence, avec beaucoup de questions. Elle, ne s’en pose pas trop. « Je me vois là-haut après, il peut se passer plein de choses… Mais j’encourage vraiment les femmes à sortir de leur zone de confort et à réaliser leur rêve parce qu’on a qu’une vie et il faut en profiter. »

Les Sportives Centre-Val de Loire
13.02.2024

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