Les femmes sont elles l'avenir du cyclisme?
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Et si les femmes étaient l’avenir du cyclisme ?

Aurélie Bresson
27.07.2020

Les annonces d’un Paris-Roubaix féminin en 2020 et d’un Tour de France féminin en 2022, démontrent le tournant que prend le cyclisme féminin. Il se professionnalise et se densifie même s’il reste dans l’ombre de son homologue masculin par manque de médiatisation et de reconnaissance. Et si la déclinaison des courses masculines au féminin et d’équipes masculines au féminin était peut-être la solution ?

 

De nouvelles équipes et des nouvelles courses à la marge

Contrairement à ce qui peut circuler, le cyclisme féminin plait. A titre d’exemple ce n’est pas moins d’1 million de personnes qui ont regardé La Course by Le Tour dans le Col d’Izoard en 2019. L’intérêt est bien présent. L’audience au rendez-vous. Mais on peut se demander si la déclinaison des courses masculines au féminin est la solution. Car force est de constater que c’est particulièrement ce qui se profile.

Le 25 octobre, Paris-Roubaix aura deux versions puisque les femmes emprunteront une partie du parcours avant les hommes. La «reine des classiques» rejoint ainsi plusieurs autres grandes classiques, notamment le Tour des Flandres (depuis 2004) et Liège-Bastogne-Liège (2017) qui ont déjà une déclinaison féminine.

Dans le cercle des «monuments», les plus grandes classiques par leur importance, leur kilométrage et leur histoire, seules les deux courses italiennes, Milan-Sanremo et le Tour de Lombardie, attendent d’avoir un pendant féminin. La première, baptisée Primavera rosa, avait tenté une expérience en 1999 avant d’y mettre un terme en 2005.

Les femmes sont elles l'avenir du cyclisme? Chez ASO, « on a la volonté d’augmenter, pas à pas, le nombre d’épreuves féminines», a déclaré à l’AFP en mai 2020, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. « On a toujours en tête ce que nous ont dit les cyclistes, Marianne Vos (multi-championne du monde) en premier: ‘Ce que vous pouvez nous offrir, c’est la médiatisation’».

L‘Association française des coureures cyclistes (AFCC) défend de son côté le projet d’un Tour féminin des Pyrénées, qui pourrait se concrétiser en 2022.

Et il en est de même pour les équipes professionnelles. Ces dernières années plusieurs équipes professionnelles hommes, ont créé une équipe féminine avec les mêmes couleurs et mêmes sponsors.

C’est le cas de l’équipe Jumbo-Visma, performante sur le plan masculin, elle a annoncé en juillet 2020 ses ambitions pour le cyclisme féminin : la formation néerlandaise aura sa propre équipe à partir de la saison prochaine selon Cycling Opinions. Cette annonce a été approuvée par les deux sponsors (Jumboet Visma) ainsi que par Cervélo(nouvelle marque des vélos). Adossée à l’équipe masculine, l’équipe cycliste féminine Arkéa(Team Arkea en anglais) a vu le jour en janvier 2020.

 

Un manque de médiatisation et de professionnalisation persistant 

Pauline Ferrand-Prévot, Jeannie Longo, Audrey Cordon Ragot,… peu de noms s’alignent sur le tableau des égéries du cyclisme féminin dans les esprits. Et pour cause, les filles, douées sur un deux roues, doivent parfois passer par des voies alternatives pour sortir leur épingle du jeu. Leurs parcours sont parfois bien moins classiques que celui des messieurs qui roulent depuis l’école de vélo et gravissent les échelons en enchaînant les heures de selles et les courses tous les dimanches. Certaines viennent d’autres sports, sont repérées tardivement, d’autres font du vélo une reconversion sportive.

« La génération qui arrivera chez les filles a besoin d’être plus reconnue, » confiait Audrey Cordon-Ragot, coureuse cycliste et vice-présidente de l‘Association française des coureures cyclistes (AFCC) dans les lignes de L’Equipe en juin dernier.

Avec cette association Audrey souhaite accompagner la transformation du cyclisme féminin. Aujourd’hui, malheureusement, il n’y a qu’une équipe WorldTour française (FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope). « Il faut donner la possibilité à ces filles de discuter avec des gens qui seront plus objectifs. C’est souvent plus facile de discuter avec des gens qui ne sont pas au sein des équipes pour trouver des solutions à divers problèmes, qu’il s’agisse de contrats ou d’autres choses. Le but est qu’elles aient une écoute. À plus ou moins court terme, l’idée est aussi de rejoindre la Ligue des hommes, la Ligue nationale de cyclisme. C’est difficile parce que ça n’a jamais existé, il faut mettre pas mal de choses en place, mais c’est un axe sur lequel on travaille énormément. Faire partie de cette Ligue, c’est à long terme pouvoir bénéficier d’un vrai statut de professionnelle en France, qui n’existe pas aujourd’hui. »

En attendant d’autres initiatives s’installent sur la durée. En six années d’existence, c’est devenu un événement populaire, et l’un des rares à se maintenir malgré le coronavirus : la course « Donnons des elles au vélo J-1 » qui débutera ce mercredi 29 juillet au départ de Nice. Treize femmes cyclistes de niveau amateur s’apprêtent à parcourir près de 3500 kilomètres pendant 21 jours, sur le même tracé que le Tour de France.

« Ce ne sont que les prémices de ce qui va se passer dans les années qui arrivent. Pour moi, le cyclisme féminin va être « bankable » », Audrey Cordon-Ragot, coureuse cycliste et vice-présidente de l’AFCC dans les lignes de L’Equipe. 

Réalisé par Aurélie Bresson 

Aurélie Bresson
27.07.2020

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