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Club d’e-sport à l’Université de Franche-Comté : avis aux gameuses !

Julie Langlois
19.04.2023

L’Unified Champions Club a ouvert ses portes depuis juin 2022 sous l’impulsion d’enseignants-chercheurs de l’université de Franche-Comté. Une avancée significative dans la reconnaissance de l’e-sport en tant que discipline sportive.

L’e-sport est récemment entré au sein de l’université de Franche-Comté. En 2022, Pascal Chatonnay, enseignant-chercheur à l’université de Franche-Comté, contacte Eric Monnin, vice-président de l’université en charge de l’olympisme et travaillant au Centre d’études et de recherches olympiques universitaires (CEROU), pour s’informer sur les recherches en cours sur l’e-sport au sein de l’université. Dérouté par l’inexistence de recherches à ce sujet, Eric Monnin lance l’idée d’un colloque dédié à cette thématique, qui verra le jour en juin autour de la réflexion « E-sport : du divertissement à l’olympisme ».

Offrir une place à l’e-sport à l’université de Franche-Comté

À l’occasion du colloque Esport : du divertissement à l’olympisme. De gauche à droite : Arnaud Milbor, Clément Souteyrat, Ednan Petetin, Éric Monnin, Lena Chatonnay, Lucas Sixt et Sidi Berrahou.

Genèse de l’e-sport, fonction de divertissement, transformation en discipline sportive, potentiel olympique sont autant de sujets que le professeur a souhaité creuser lors de cet évènement. Trop de thématiques intéressantes et vastes pour s’arrêter en si bon chemin. Alors, accompagné par sa fille Léna, il poursuit sa démarche et souhaite développer une activité autour de la pratique de l’e-sport. Unified Champions Club, club de e-sport, est officiellement créé dans la continuité du colloque. En co-construction, ils ont organisé une « arène » intra-universitaire sur League of Legends, qui a regroupé une centaine de joueurs sur l’ensemble de l’université. Une équipe s’est alors démarquée, devenant l’équipe officielle de l’université de Franche-Comté avec l’accord de Macha Woronoff, directrice de l’UFC.

« C’est une discipline qui est très négativement perçue, mais l’e-sport est un sport et c’est notre but avec l’association de le montrer aux autres universitaires et aux parents. Que comme tous les autres sports, il y a les mêmes bienfaits et méfaits que le sport plus classique. » Léna Chatonnay, vice-présidente du club.

L’e-sport trouve donc doucement sa place dans le milieu universitaire. Mais les membres du campus ne s’accordent pas tous. Pour Eric Monnin, l’essentiel du sport doit se baser sur la dépense énergétique. « Je ne suis pas convaincu que c’est en restant assis et statique sur un PC toute la journée qu’il y ai une dépense musculaire, articulaire Nous avons créé cette équipe pour comprendre ce phénomène et voir comment il peut être perçu et utilisé », explique-t-il. De son côté, le Comité international olympique a annoncé il y a presque un mois que les Olympic Esport Series seront organisés sur un format similaire aux Jeux olympiques traditionnels : du cyclisme, de la danse sur le jeu Just Dance, de la voile, du taekwondo… Les jeux sports sur la base d’une simulation. C’est un pas en avant pour la reconnaissance du e-sport, même si l’on ne retrouve pas les gros bonnets du jeux vidéo comme Rocket League ou League of Legends, qui comptent parmi les jeux les plus joués.

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Femmes et e-sport : une nouvelle place à se faire

Sur internet et dans le gaming tout particulièrement, les femmes font souvent face à des critiques et à du harcèlement. Elles sont d’ailleurs moins nombreuses1Les femmes sont représentées à 6 % dans le esport compétitif selon le baromètre France Esport 2020, alors que 53 % des femmes jouent. (Selon le SELL, Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs)., moins visibles, mais surtout moins tolérées dans le milieu. Léna Chatonnay a été touchée par cette cause et cela explique la raison de son engagement dans l’association, alors même qu’elle est non joueuse et reste à l’heure actuelle la seule à s’y être engagée à son lancement. « C’est une discipline tellement méconnue et non prise au sérieux, je trouvais ça important de m’impliquer, même si je ne suis pas joueuse moi-même. » Actuellement, il n’y a aucune joueuse au sein de l’Unified Champions Club, les seules femmes sont membres du staff. Elles hésitent à se lancer en raison de la discrimination subie par certaines. « Je ne tolère en aucun cas la violence ou le manque de respect, mais je comprends aussi celles qui ont peur de se lancer à cause de ça. » Léna Chatonnay affirme sa forte volonté de recruter des femmes joueuses, ne serait-ce que pour les représenter positivement. Pour cela, l’association envisage d’ouvrir une section féminine, mais a du mal à trouver des joueuses d’un niveau égal sur le même jeu.

Un club à la recherche de membres

La jeune femme, qui est aussi étudiante en Master 2 à l’UPEC, souhaite donc intégrer de nouveaux membres pour renforcer ses rangs. « On est à la recherche de supporters qui vont venir sur Twitch, qui vont nous soutenir et être fiers de nos équipes. » Structure associative, le club Unified Champions Club tente de dénicher toutes les compétences : commentateurs, joueurs, coachs, développeurs, juristes, community managers… Tout talent peut être utile au sein de cette organisation en pleine croissance. Léna regrette que beaucoup d’étudiants hésitent à occuper ces postes au sein du club, par manque de confiance en leur légitimité. « L’association est un lieu d’apprentissage collaboratif, où chacun peut contribuer et se former au contact des autres membres : on apprend ensemble », explique-t-elle. 

UC Targon, en LAN à Troyes, fin 2022.

« Si l’e-sport est un domaine que vous aimez, on peut le faire rentrer dans votre champ disciplinaire professionnel et/ou personnel. Quand vous venez discuter avec nous, on est très heureux de pouvoir échanger sur vos idées. » Léna Chatonnay, vice-présidente du club

Tout le monde ne peut pas s’impliquer avec régularité, mais il existe de nombreuses façons de suivre le club. « Sur notre chaîne Twitch, on essaie de diffuser au moins une à deux fois par semaine. Notre but, c’est de diffuser sept jours sur sept. » Le club est aussi présent sur Discord et regroupe déjà plus de 500 membres, allant de l’analyste aux supporters purs et durs. L’Unified Champions Club, ce sont donc des supporteurs, un staff, mais aussi cinq équipes qui cherchent à se démarquer. Les équipes peuvent s’entraîner en solo mais lorsqu’ils sont dans le cadre de l’association, ils s’entraînent toujours en équipe. Chaque équipe a un staff qui les entoure, comprenant un directeur sportif, un coach, des coachs spécialisés (mental, physique, tactique) et un team manager. Un encadrement qui leur permet de s’améliorer et d’apprendre tous ensemble. 

La cotisation est de 10 € et permet de soutenir l’association et ses projets. Elle offre également des avantages exclusifs, tels que l’accès à des événements privilégiés, notamment ceux organisés à l’E Bar. Pour suivre les actualités de l’Unified Champions Club, leur serveur Discord est ouvert à toutes et tous ! Si vous souhaitez assister aux tournois régulièrement organisés par l’association, il suffit de vous rendre sur leur chaîne Twitch.

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Notes

  • 1
    Les femmes sont représentées à 6 % dans le esport compétitif selon le baromètre France Esport 2020, alors que 53 % des femmes jouent. (Selon le SELL, Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs).
Julie Langlois
19.04.2023

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