Léna Brocard, combiné nordique
À la rencontre des sportives

Léna Brocard, l’envie et la motivation, même sans combiné nordique aux Jeux olympiques

Constance Vignaud
08.02.2022

À 21 ans, Léna Brocard fait partie des pionnières de l’expansion du combiné nordique féminin. La coupe du monde de ce sport d’hiver commence à prendre de l’ampleur pour sa deuxième édition. Seule française engagée, la jeune athlète a signé son premier top 10 début janvier. Avec une envie débordante, elle veut progresser pour être à son meilleur niveau lorsque les femmes auront le droit de courir aux Jeux olympiques. Rencontre.

Lorsque nous avions rencontré Léna Brocard en septembre, l’Iséroise était au milieu d’une inter-saison de combiné nordique assez compliquée : nombreux changements de coachs, peu de compétitions l’hiver précédent et pas de coéquipières. Même si ce dernier point n’a pas évolué, la combinée semble beaucoup plus optimiste, motivée et ravie de son début de saison. Son évolution permet d’entrevoir de grands moments de sports, de joie et de partage dans sa passion qui associe ski de fond et saut à ski.

 

Léna Brocard

Léna Brocard peut compter sur ses parents pour la soutenir dans ses projets les plus ambitieux – Crédit photo : Flawia K

Une saison qui fait du bien

L’an passé, la Covid-19 avait tronqué la saison de combiné nordique féminin. Seule une épreuve de coupe du monde en plus d’une épreuve aux championnats du monde avait pu se dérouler. Cette année, les jeunes femmes ont déjà couru six fois (sur huit) au plus haut niveau. Elles pourront aussi prendre le départ de dix courses en Coupe continentale en février et mars. 

« Ça fait plaisir d’avoir un vrai hiver pour construire quelque chose sur le long terme. Et de voir que l’entraînement ne sert pas à rien »

Cette saison lui a permis de prendre plus de repères et de réaliser un hiver qui pour le moment coche presque toutes les ambitions que l’Iséroise s’était fixées. Sa dixième place, à Val di Fiemme, début janvier était un pas important à franchir. « Je suis contente et il ne me reste plus qu’à rentrer dans les 15 du classement de la coupe du monde. Il me reste deux courses en Allemagne pour y arriver », précise Léna Brocard. Elle n’est qu’à douze points de cette 15e place. Tous les espoirs sont donc permis pour la jeune femme.

Le partage enfin au rendez-vous

Si vous demandez à Léna Brocard pour quelle raison elle pratique le combiné nordique, elle vous répondra « partager ». La Française ne voit pas le sport de haut niveau comme un effort en solitaire mais des années où l’échange avec les autres est central. Pourtant, seule tricolore au haut niveau, elle s’entraîne principalement seule. Ce qu’elle déplore. Mais cet hiver, elle a inauguré une nouvelle méthode qui semble la ravir. « La coupe du monde de Planica (Slovénie) a été annulée à cause de la Covid-19. Ça faisait presque un mois et demi sans compétitions. J’avais pas très envie de rester seule dans le Jura. Je m’entends super bien avec Ida Marie Hagen (NDLR Norvégienne, 2e du classement général) et elle m’a proposé de monter à Oslo pour prendre part à des courses nationales. Je suis donc partie pendant dix jours ».

« C’était génial de s’entraîner avec d’autres filles qui partagent la même passion que moi ! Avoir une émulation d’entraînement et d’entraide c’est incroyable ».

Rentrée en France, riche de ces quelques jours, Léna Brocard souhaiterait réitérer cette expérience au cours de l’été ou dans les mois à venir. « Je pense que c’est un atout pour moi. Et si une cohésion entre les nations peut se créer je crois que ça peut vraiment être super »!

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Le combiné nordique féminin sur la bonne voie

Léna Brocard, Combiné nordique

Léna Brocard, tout sourire, après sa dixième place à Val di Fiemme – Crédit photo : Flawia K

Léna Brocard s’est souvent sentie mise à l’écart dans une Fédération française de ski. « Elle alloue peu de budget au combiné nordique et encore moins quand il se conjugue au féminin. » Elle fut agréablement surprise lorsque cette dernière a accepté de l’aider dans son envie de partir en Norvège. « Ça fait du bien de se dire que je suis soutenue dans mon projet. J’espère que c’est le début de quelque chose et que c’est l’ouverture du combiné féminin. Je me sens plus reconnue, plus prise au sérieux depuis que j’ai fait ce top 10 ». Cependant, elle reste persuadée que seule une annonce de leur apparition aux Jeux olympiques, seul sport non mixte à Pékin 2022, changera les choses. 

« Pour le moment, c’est un peu le chat qui se mort la queue : tant qu’il y aura pas de filles il y aura pas d’équipe et tant qu’il y aura pas d’équipe il y aura pas de filles ».

« Mais je me dis que si on intègre le programme olympique, peut-être que des budgets seront mis en place ».  Au niveau international, ce jeune sport commence aussi à prendre sa part dans le ski nordique. L’augmentation des compétitions permet d’améliorer de manière considérable le niveau d’ensemble. Ce qui va dans le sens de la Fédération internationale de ski. L’entité souhaite développer le combiné nordique féminin. À Val di Fiemme, s’est déroulé le premier Team Mixte de l’histoire, un pas de plus vers l’égalité. Faute de coéquipières françaises évoluant à ce niveau pour composer l’équipe, l’athlète de 21 ans n’a malheureusement pas pu y participer.

« C’était dur de se dire qu’on était sur place dans notre lit à regarder la course à la télé au lieu de la courir. Et ça doit être génial de faire quelque chose en équipe ! Ça donne envie ».

Léna Brocard attend donc des coéquipières et une compétition olympique où elle affichera de l’ambition. « Je dirais pas que c’est des médailles faciles à aller chercher, parce qu’il y en a jamais. Mais les opportunités sont plus grandes, il y a moyen de faire des coups. »

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Propos recueillis par Constance Vignaud

Crédits photos : Flawia K.

Constance Vignaud
08.02.2022

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