Camille Lesveque est une jockey prometteuse
À la rencontre des sportives

Hippisme : Camille Levesque, l’héritière aux multiples titres

Violène Vetillard
21.01.2022

Avec 24 victoires en 2021 pour 105 participations, Camille Levesque se hisse parmi les meilleurs espoirs féminins des courses hippiques. À 33 ans, la vice-championne du monde de trot monté en 2013 s’inscrit dans la lignée familiale et s’apprête à courir le Prix de Cornulier, le 23 janvier prochain à Vincennes.

« Courir dans un groupe 1, c’est un peu le graal pour un jockey », lance Camille Levesque. Le groupe 1 est à l’équitation ce qu’est la D1 au football. Ils rassemblent les meilleurs chevaux et jockeys. Seuls les chevaux jugés de grande qualité disputent ces épreuves, dont l’accès est conditionné par leurs gains. Camille Levesque fait partie de ce cercle très fermé.

C’est au cours de ces prestigieuses courses que la jeune femme s’est affirmée en tant que professionnelle. En 2019, elle gagne ainsi le prix de l’Île-de-France avec Dexter Fromento : « C’est une de mes plus belles victoires, c’est l’objectif de beaucoup de jockeys de gagner une course en groupe 1. » Une dizaine de courses sont disputées chaque année à ce niveau. Camille s’était hissée à la deuxième place à sept reprises cette année-là.

Camille Levesque sera l’une des deux seules femmes à prendre le départ du Prix de Cornulier, ce dimanche 23 janvier à Vincennes. ©Jean Luc Lamaère

Objectif 2022

En 2013, la jockey est devenue vice-championne du monde de trot monté, avec la jument Quarry Bay, lors du Prix de Cornulier. Avec la même monture, Camille Levesque s’était déjà offert trois groupes 3 et un groupe 2, à seulement 25 ans. Une précocité à souligner, dans un sport où les meilleur·e·s performent davantage après la quarantaine. « Évidemment, ce serait un rêve de gagner ce prix à Vincennes dimanche, c’est un de mes objectifs 2022. C’est comme gagner un CSI5* au saut d’obstacles, une des plus belles récompenses. » Avec sa jument Granvillaise Bleue, le couple a déjà gagné deux courses aux mois de novembre et décembre et s’invite régulièrement sur les podiums. Un duo qui fonctionne et promet pour la suite.

En plus de son rôle de maman, qu’elle endosse avec sérénité depuis un an, Camille tient un emploi du temps millimétré pour atteindre ses objectifs. Entre l’écurie familiale située à Beuzeville-la-Bastille et l’élevage de chevaux dans le Calvados, où elle est installée, cette compétitrice jongle avec rigueur entre ses responsabilités et sa passion. Et alors même que son frère s’est lancée dans l’élevage de galopeurs, Camille préfère se concentrer sur le trot : « Il a déjà fallu que je me remette de ma grossesse sportivement parlant, c’est un choix de vie mais je reste focus sur les chevaux de l’écurie. »

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Le poids des traditions

Seule femme de l’empire Levesque, Camille a hérité de la longue tradition familiale dans le milieu équestre. Ce nom est bien connu dans le monde du trot, autant par les jockeys que par les entraîneurs et entraîneuses. Originaire de la Manche, la famille s’est lancée dans les courses avec Henri Levesque, l’arrière grand-père de la jockey. S’ensuit une lignée de compétiteurs. Un héritage à double tranchant. « On est plus attendu au tournant, il faut davantage faire ses preuves », affirme-t-elle. Alors même qu’elle se lance, dès le plus jeune âge, dans les courses de poneys, ses parents insistent pour qu’elle poursuive des études de commerce. Mais sa passion des chevaux a vite repris ses droits. 

À cet héritage s’ajoute la difficulté d’être une femme dans un milieu éminemment masculin. « La moitié des apprenti·e·s sont des femmes, mais cela devient plus compliqué lorsqu’on passe professionnel·le. Les poids sont les mêmes pour les tous les jockeys, à environ 65/67 kilos dans les plus belles courses. C’est élevé pour une femme, il faut donc parfois rajouter du plomb dans la selle ce qui n’est pas pratique pour le cheval car c’est un poids mort, statique. Cela nous désavantage. » Néanmoins déterminée, cette championne a su relever tous les défis et son palmarès est impressionnant. Avec 1245 courses courues depuis le début de sa carrière et 192 victoires, elle fera partie des deux seules femmes, sur 17 participant·e·s, disputant le Prix de Cornulier ce dimanche. 

Propos recueillis par Violène Vetillard

Crédit photo : Jean-Luc Lamaère

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Violène Vetillard
21.01.2022

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