À la rencontre des sportives

Blandine Pont, le chemin vers la lumière

Marie Thimonnier
06.01.2023

En novembre, Blandine Pont a remporté le titre de championne de France dans sa catégorie, en -48 kg. Une consécration pour l’athlète qui a rejoint la pépinière de la FDJ Factory en 2021 et qui campe désormais en deuxième position du classement français. Travailleuse acharnée et passionnée, elle espère rejoindre l’équipe de France sélectionnée pour Paris 2024. Si l’échéance approche, le chemin est encore long.

« Passer de l’ombre à la lumière » : cette expression prend tout son sens quand on écoute le récit de Blandine Pont. Championne de France en titre des -48 kg, la judokate de 23 ans rêve désormais de grandes compétitions internationales. Tout en haut sur sa liste, les Jeux olympiques de Paris 2024. La Montpelliéraine, deuxième au classement national, ne sait pas encore si elle connaîtra les tatamis de la ville lumière. Si le judo français met le monde au tapis depuis plusieurs années, la concurrence entre les athlètes y est de plus en plus rude. La discipline compte de nombreux talents tricolores, mais ne dispose que d’une seule place par catégorie pour les grands rendez-vous. « Dans le top 3, nous avons toutes les moyens de faire quelque chose aux Jeux. Mais dans le judo, tu peux être numéro 2 toute ta vie, avoir le niveau pour être championne du monde, mais ne jamais l’être parce que tu ne seras jamais sélectionnée, dépeint l’athlète, le ton consterné. On n’a pas le droit à l’erreur, c’est dur. Mais une fois qu’on en a pris conscience, il faut se concentrer sur soi et sur son chemin. »

L’étoile du sport 2021 a eu un avant-goût de l’olympisme à Tokyo, il y a deux ans. Désignée pour être la partenaire de Shirine Boukli, la numéro une française de sa catégorie, et d’Amandine Bouchard, médaillée d’argent en -52 kg, l’espoir de la discipline a vécu l’événement en spectatrice. « Ça m’a permis de réaliser l’importance de ce que représentent les Jeux et les efforts pour y parvenir, garde-t-elle de son expérience au Japon. Ça m’a donné une motivation encore plus forte pour y être. » Déterminée, elle avance désormais à toute vitesse sur la route de l’Olympe, guidée par l’espoir de passer numéro une française.

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Du bistouri aux tatamis

Philippe Millereau/KMSP

Car Blandine Pont vit à mille à l’heure. Avec Les Sportives, le rendez-vous était calé entre ses partiels et ses entraînements, qui parfois se prolongent un peu tard. Ses journées sonnent métro-boulot-judo, ponctuées et millimétrées « au quart d’heure près », entre les cours, les entraînements, son travail à la clinique, auxquels s’ajoutent les compétitions et les stages ponctuels à l’autre bout du monde. « Je n’arrête jamais », admet celle qui suit un cursus en médecine pour devenir chirurgienne dentaire. Jongler entre le bistouri et les tatamis n’est pas toujours facile, notamment quand l’université ou les coachs ne prennent pas toujours conscience du rythme effréné qu’exige un double parcours. « Mes premières années, j’ai eu beaucoup de mal à gérer les deux. Je me disais souvent qu’il fallait faire quelque chose pour mieux accompagner les jeunes sportifs dans leur parcours », se souvient-elle. La réflexion mûrit dans l’esprit de la jeune fille et donne naissance à une association, qu’elle crée l’été dernier. « J’ai déjà rencontré des institutions et des présidents d’université pour parler du sujet, raconter mon parcours et ceux des athlètes qui ont rejoint l’asso. Il fallait le faire avant les Jeux, c’est maintenant que les choses peuvent bouger. »

« Je pense qu’il faut se construire en tant qu’individu et pas seulement en tant qu’athlète »

Une fois le kimono et la blouse rangés dans l’armoire, Blandine Pont sort ses toiles de peinture, ses crayons à dessins ou se munit d’aiguilles (cette fois, elles sont pour tricoter). « J’ai commencé une activité pour faire mes tapis moi-même, du dessin au tissage. Ça me permet de sortir de la routine entre le judo et les études et d’avoir d’autres centres d’intérêt. Ça me fait du bien à l’esprit. » En déplacement dans les dojos du monde entier, récemment Tokyo en stage et Jérusalem pour les Masters, elle profite des quelques moments de quartier libre pour visiter des musées d’art et de design, pour « sa curiosité et son inspiration ». Un moyen, aussi, de relâcher la pression, pour la judokate qui se décrit au quotidien comme « impatiente et très speed ». « Créer demande beaucoup de patience. Ça m’apprend à me canaliser et à m’apaiser, c’est forcément utile pour le judo », confie-t-elle. Et après tout, dans « art martial », n’y a-t-il pas « art » ? 

De la patience, il lui en faut pour attendre les sélections aux Jeux, prévues en avril 2024. Son classement en tête, elle sait qu’elle doit réaliser ses meilleures performances avant l’échéance pour espérer décrocher le ticket d’or. L’athlète de la FDJ Sport Factory s’est mise dans de bonnes conditions, à commencer par sa préparation mentale. Depuis plusieurs années, elle voit régulièrement une psychologue : « La santé mentale, c’est le plus important ! Je pense qu’il faut se construire en tant qu’individu et pas seulement en tant qu’athlète. Faire la balance entre les deux est parfois difficile, et en parler m’aide beaucoup. » Elle nous donne rendez-vous au tournoi de Paris, à l’Accor Arena les 4 et 5 février prochains, où elle espère améliorer son résultat de l’an dernier, lorsqu’elle décrochait le bronze. Et par la même occasion, mettre en lumière sa jeune carrière. 

Propos recueillis par Marie Thimonnier 

 

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