PHOTONOMADES_PRODUCTION_4698-1
Récit

En 18 jours, Nathalie Baillon a traversé l’Europe, du sud au nord, à vélo

Johan Beausergent
31.07.2023

Joindre le point le plus au sud de l’Europe au plus au nord à vélo, c’est l’aventure dans laquelle s’est lancée Nathalie Baillon le 18 mai dernier. 18 jours, 15 heures et 27 minutes plus tard, elle est devenue la première femme à réaliser cet exploit de plus de 6400 km.

C’est dans la province espagnole de Cadix, au cœur de Tarifa, petite ville fortifiée d’environ 18 000 habitants, que l’aventure de Nathalie Baillon a commencé le 18 mai 2023. Surnommé « la pointe de l’Europe », la ville est celle située la plus au sud du continent. En moins de 19 jours, l’ingénieure en développement logiciel de formation a atteint le Cap Nord, en Norvège. Avant elle, seuls deux hommes avaient réalisé cet exploit. Si elle n’a pas amélioré le temps de Ian Walter, elle établit le record féminin de ce défi.

Un tracer encadré

Toutes les routes mènent à Rome. Mais, pour traverser l’Europe, Nathalie Baillon n’a pas eu un panel de choix à sa disposition. « Pour cette traversée, il n’est pas autorisé de prendre un ferry ou de prendre une route seulement », indique-t-elle. Choix restreints pour rejoindre le Cap Nord en Norvège. Impossible donc de prendre la frontière entre le Danemark et la Suède. Il a été nécessaire de faire un détour par la Russie et la Finlande. Un point de passage qui lui a fait perdre quelques heures à cause des contrôles. Plusieurs obligations lui ont été imposées, comme des dossiers à monter, des fiches témoins à remplir dans chaque pays traversé, où encore le fait de garder ses tickets de caisse.

Pour accomplir ce parcours le plus rapidement possible, la cycliste a passé entre 15 et 18 heures sur sa selle par jour. Elle s’accordait 2 à 4 heures de pauses pour manger et faire une sieste dans la journée. Le soir, elle dormait 4 heures au début de son parcours, puis 6 à la fin. « Je me suis rendu compte que je n’étais pas forcément gagnante, la journée après j’étais plus lente. Le sommeil, c’est ultra important et je pense que je dormirai plus sur mes courses maintenant », indique-t-elle.

 

Une assistance autorisée mais non souhaitée

Dans cette tentative de record, les conditions de réalisation de cette traversée sont assez libres. « J’avais le droit de ne rien avoir sur moi, et partir avec une équipe d’assistance comme un cuisinier ou un masseur. Mais mon idée à la base c’était de partir en totale autonomie », précise l’Iséroise. Nathalie Baillon souhaitait réaliser le voyage de la même façon que Ian Walker, le détenteur du record de vitesse pour cette traversée de l’Europe. Une rencontre en amont du départ lui a permis de recueillir quelques conseils. 

À ses côtés, Nathalie n’était pas tout à fait seule. Deux vidéastes de PhotoNomades Production ne se situaient jamais loin. Ils ont pu réaliser de nombreuses photographies et vidéos durant les deux semaines de parcours. Une vidéo finale d’une durée d’environ 25 minutes devrait voir le jour dès novembre et être projetée dans différents festivals pour retracer l’aventure de Nathalie. Leur van a aussi pu servir à déposer les quelques affaires de l’aventurière. « La plupart du temps je ne les voyais que trois ou quatre fois par jour. »

Nathlalie Baillon a passé plus de 300 heures sur la selle de son vélo @Nomades Production

Nathlalie Baillon a passé plus de 300 heures sur la selle de son vélo @Nomades Production

⏩ À lire aussi : « Elles arrivent ! », le programme qui fait rêver les jeunes cyclistes

Un parcours hybride

Des milliers de kilomètres séparent l’Espagne de la Norvège. L’été n’était pas entamé mi-mai au départ de Tarifa, que de fortes chaleurs et orages ont accompagné l’athlète sur les paysages hispaniques. Un climat qui contraste avec le froid, la neige et la grêle du nord. Pour parer toutes ces situations, la cycliste s’était suffisamment équipée de matériel pour s’adapter aux hautes et faibles températures.

Des moments difficiles, la cycliste en a rencontré, surtout entre la Norvège et la Finlande. « Il y avait énormément de vent, il faisait très froid. La météo était très dure. » Un manque de chance, elle qui avait anticipé un vent majoritairement d’ouest en est après quelques recherches, mais qu’elle a régulièrement eu de face. Ces passages délicats ont aussi été les plus beaux, avec notamment le passage de nombreux rennes.

Un trajet solitaire mais beaucoup de rencontres

Pour passer le temps, Nathalie écoutait de temps à autre des podcasts. Même sans cette présence, elle n’a pas rompu le contact total avec la société. Elle a alterné nuit en extérieur et nuit en hôtel, pour recharger son matériel électrique. Parfois, « des abonnés m’ont parfois proposé un logement, ou à manger », confie-t-elle. Cerise sur le gâteau, lors de son arrivée au Cap Nord, « un abonné qui me suit sur les réseaux, a organisé un comité d’accueil avec ses collègues ». Les photographes ont, de leur côté, contacté la mairie qui, enthousiaste, avait annoncé l’arrivée de Nathalie au Cap Nord. Au total, l’Iséroise a passé plus de 300 heures sur son vélo, entre paysages magnifiques, et routes parfois dangereuses telles qu’en Lituanie ou en Russie.

⏩ À lire aussi : Les sportives se maquillent et alors ? 

 

⏩ À lire aussi : Les sportives se maquillent et alors ? 

Une certification du record encore en doute ?

Avant elle, deux hommes, Rob Gardiner et Ian Walker, s’étaient déjà lancés dans ce défi. Ce dernier possède toujours le record de la traversée de l’Europe la plus rapide avec un temps de 16 jours, 20 heures et 59 minutes. « L’idée était vraiment de relier les deux pointes de l’Europe. Le temps officiel me mettait un objectif, et je me suis basée sur le temps record homme, car il n’y avait pas de record femme », précise Nathalie. Même si elle est connue dans les exploits longues distances, elle n’avait jamais réalisé un tel exploit. Ambitieux. 

Pour autant, un incident pourrait mettre en cause l’officialisation de son record sur les tablettes mondiales. Un problème de recharge sur l’un de ses GPS l’a induit en erreur. « J’ai perdu un bout de ma trace, donc j’espère que le record sera validé, même si ce n’est qu’un bout de papier. » Comme quoi, malgré deux batteries portables, un incident peut toujours se présenter.

L’Iséroise ne compte pas s’arrêter prochainement dans ses défis. Elle a « bien envie de repartir sur des choses un peu plus gravel, peut être la traversée de l’Afrique », sans se donner de dates précises pour le réaliser. Cet été, elle se lancera sur un nouveau défi, la silkroad mountain, une course en VTT au Kirghizstan de 1880 kilomètres en août 2023.

Crédit photo d’en tête : PhotoNomades Productions / @photonomades_production

Johan Beausergent
31.07.2023

Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.