Julie Ertz, le poing serré, toute la détermination des Américaines en une image © Crédit photo : FRANCK FIFE AFP
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L’égalité salariale refusée aux joueuses américaines de football

Aurélie Bresson
02.05.2020

Elles ne sont pas habituées à perdre au foot, mais les joueuses de l’équipe des États-Unis, doubles championnes du monde en titre, ont pris un énorme électrochoc ce vendredi soir sur le combat de l’égalité salariale. Leur demande a été déboutée par un juge qui a rejeté l’argument principal de discrimination salariale des plaignantes.

 

Alors que le football féminin est plus populaire que celui des hommes aux Etats-Unis, conforté par la victoire de l’équipe féminine nationale lors de la coupe du monde en france en 2019, un juge a débouté les joueuses qui réclament l’égalité salariale avec les hommes.

Un rejet de proposition antérieur à leur défaveur 

Equipe féminine de football américaine

Equipe féminine américaine lors de la coupe du monde féminine en France en 2019

Les joueuses de cette équipe ont remporté quatre des huit Coupes du monde féminines, dont les deux dernières en 2015 et 2019, et réclament à juste titre, 66 millions de dollars en arriérés de salaires, en vertu de la loi sur l’égalité de rémunération et de la loi sur les droits civils. Elles avaient établi cette somme en se fondant sur les disparités entre les primes distribuées par la Fifa lors des Coupes du monde masculine et féminine. A titre de comparaison, en 2014, les champions du monde allemands ont remporté 35 millions de dollars pour leur sacre au Brésil, tandis que les Français ont gagné 38 millions de dollars après avoir triomphé en Russie en 2018.

« des conditions de rémunération qu’elles ont elles-mêmes rejetées »

Le juge Gary Klausner de la Cour de district des États-Unis pour la Californie centrale à Los Angeles a établi ce qui suit : .« L’historique des négociations entre les parties démontre que l’équipe féminine a rejeté une proposition pour être payée sur la même base salariale que l’équipe masculine. Et qu’elle a renoncé à des primes plus élevées en guise d’avantages, parmi lesquels rémunération de base plus élevée et la garantie d’un plus grand nombre de joueuses sous contrat ».

« En conséquence, les plaignantes ne peuvent désormais pas considérer rétroactivement que leur convention collective soit pire que celle de l’équipe masculine, en se référant à des conditions de rémunération qu’elles ont elles-mêmes rejetées », a-t-il conclu.

Un « sexisme flagrant » et persistant 

Intentée en mars 2019, l’action en justice a pris une tournure particulièrement acrimonieuse. C’était il y a deux mois, lorsqu’un dossier déposé par des avocats de la fédération américaine a fait valoir l’argument que jouer dans l’équipe nationale masculine exigeait un niveau plus élevé de compétences, exprimées en vitesse et en force. Ces mots avaient expréssément suscité une indignation, dont celle de Megan Rapinoe qui avait accusé sa Fédération de « sexisme flagrant » dans le dossier des plaignantes, dont des dirigeants, et des sponsors tels que Coca-Cola. 

Le président de la Fédération Carlos Cordeiro avait démissionné. Il a été remplacé par la vice-présidente Cindy Parlow Cone, ancienne joueuse internationale qui avait aussitôt retiré le fâcheux argument, afin d’apaiser la situation.

Un procès doit tout de même avoir lieu le 16 juin entre les sportives et leur propre fédération. Affaire à suivre.. de très près. 

 

Aurélie Bresson
02.05.2020

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