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L’éclosion de Marine Johannès, talent du basket tricolore

Assia Hamdi
06.07.2017

A 22 ans, la basketteuse Marine Johannès va participer à l’Euro, un an après s’être révélée au grand public lors des Jeux Olympiques. Pour ceux qui l’ont côtoyée, sa progression et la reconnaissance de son talent ne sont pas une surprise.

Il y a presque un an, en demi-finale olympique, le grand public français découvrait le talent de Marine Johannès, 21 ans. 13 points au compteur face aux Etats-Unis et, surtout, cet enchaînement « dribble en cross-over, pas en arrière et shoot à trois points » face à l’ailière américaine Maya Moore. Un an plus tard, Marine Johannès a encore grandi. Nouveau club, Bourges, l’une des meilleures formations en France. Nouvelles sélections, aussi. La joueuse d’1 mètre 77 a été appelée par Valérie Garnier pour l’Eurobasket 2017. Portée aux nues par les observateurs comme le symbole du futur du basket féminin tricolore, Marine Johannès tentera de confirmer sa place dans le collectif bleu. Une opportunité pour acquérir encore plus d’expérience et prendre de la confiance.

Formée dans le même club que Nicolas Batum

Depuis Rio, les compliments pleuvent sur Marine Johannès. Talentueuse. Rare. Spectaculaire. Difficile de croire que sa passion pour le ballon orange lui est venue par hasard, à l’âge de huit ans. « J’accompagnais ma soeur parce qu’elle voulait venir voir un entraînement », raconte la native de Lisieux. Sauf que c’est à moi que ça a plu… » Après la danse, le foot, et même le judo, la petite Marine essaye donc le basket. Et c’est l’amour fou. « J’étais à fond. C’était l’époque où Tony Parker arrivait en NBA. J’achetais des magazines, j’avais des posters….et puis près de chez nous, quand Mondeville jouait contre Bourges ou Valenciennes, j’allais voir les matches. »

Le premier club de Marine Johannès, Pont l’Evêque, avait déjà abrité un certain Nicolas Batum. Sébastien Monnier, président de la formation, se souvient de cette « petite blondinette frêle » au style « atypique », qui restera quatre ans au club. « Marine avait déjà ces mouvements et une grande maturité dans le jeu. Elle est restée avec nous jusqu’en benjamines mais elle a été surclassée, donc elle sortait déjà du lot. » Le dirigeant a aussi gardé l’image d’une joueuse qui transpirait le basket hors des parquets. « Elle était mordue, elle regardait toutes les cassettes vidéos de Michael Jordan qu’elle pouvait… »

« Elle est capable de shooter, de dribbler, de faire une passe rapide à n’importe quel endroit et d’amener un gros danger dans la défense. »

Marine Johannès – Crédit Bellenger/IS/FFBB

Marine Johannès, « inarrêtable, quand elle est en confiance »

Repérée par Samuel Vallée, ancien coach de Batum, Marine Johannès prend ensuite la route de l’USO Mondeville, qui évolue en Ligue féminine, l’élite du basket français. « Ils se sont demandés qui était ce phénomène », se souvient Sébastien Monnier. Coach de Mondeville, Romain Lhermitte a encadré Marine Johannès durant sept saisons. « Parfois, quand Marine jouait, on n’avait plus qu’à s’asseoir, à regarder…et à applaudir. Le ballon lui colle à la main. Elle est capable de shooter, de dribbler, de faire une passe rapide à n’importe quel endroit et d’amener un gros danger dans la défense. Quand elle est inspirée et en confiance, elle est inarrêtable. » A 15 ans, en cadettes, Marine Johannès sera championne de France UNSS, championne de France et vainqueur de la Coupe de France. Suivront deux médailles d’argent européennes chez les moins de 18 ans et moins de 20 ans ainsi que ses premières sélections en bleu. En 2016, après neuf ans à l’USO Mondeville, Marine Johannès rejoint l’un des meilleurs clubs français, le Tango Bourges.

Depuis son éclosion aux yeux du grand public, nombreux sont ceux qui comparent Marine Johannès au grand Stephen Curry, meneur des Warriors élu meilleur joueur de NBA en 2015 et 2016. « Stephen Curry est frêle, il tente des choses difficiles et quand il se met à s’enflammer on ne peut pas le stopper, donc ils se ressemblent », concède Romain Lhermitte. Mais pour l’entraîneur de l’USO Mondeville, Johannès ne copie pas Curry. « Marine avait déjà ce style depuis toute jeune, avant même qu’on ne voie des images de Stephen Curry. Et en fait, lorsque j’ai vu Stephen Curry jouer, je me suis même dit ‘mais pourquoi il joue comme Marine ?!’  » Dès qu’on lui fait la comparaison, l’intéressée ne sait plus trop où se mettre. « Ça fait plaisir…mais je suis assez timide, ca me gêne. »

 

« Il faut que je continue à travailler et à avoir confiance en moi. »

 

Ses prochains objectifs : travailler son mental et sa régularité

Vive et inspirée sur le terrain, réservée en coulisses, Marine Johannès a un caractère avenant. « Elle aime bien taquiner les autres, insiste Romain Lhermitte qui l’encadrait encore la saison dernière. Les joueuses ont beaucoup d’affection pour elle. Elle a ce petit ricanement…ce petit sourire qui la rend très attachante. » Pour sa dernière saison comme entraîneur de Bourges, la coach tricolore Valérie Garnier a pu analyser la progression de l’arrière, qui était sous ses ordres. « Marine, c’est le talent à l’état pur.

Maintenant, elle est très exposée et les adversaires sont durs avec elle. En club, elle a fait une saison régulière, donc il faut qu’elle travaille son mental et sa régularité. » Pour les Bleues, l’Eurobasket sera l’occasion de poursuivre la transmission entre joueuses expérimentées, les Dumerc et consorts, et nouvelles venues, comme Alexia Chartereau, avec qui elle a remporté la neuvième Coupe de France de Bourges, fin avril. De son côté, Marine Johannès est sur la bonne voie pour prendre de la confiance et s’assurer sa place dans ce groupe. « Comme j’ai vécu l’été dernier avec l’équipe de France et comme je connais un nouveau club, je suis moins angoissée que lors des premiers stages. Après, je ne me dis pas pour autant que j’ai ma place. Il faut que je continue à travailler et à avoir confiance en moi. »

Assia Hamdi

Assia Hamdi
06.07.2017

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