Tribunes

QUELLE PLACE AUJOURD’HUI POUR LES SPORTIVES ?

Aurélie Bresson
24.01.2019

Impulsée en 2014 par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, la journée internationale du sport féminin du 24 janvier a pour but de sensibiliser à la faible médiatisation du sport au féminin. Plus largement, c’est la place du sport féminin dans notre société qui est interrogée sous toutes ses formes et à tous les niveaux. Entre stéréotypes de genre et normes sexuées, la médiatisation des sportives de haut niveau en reste des plus complexes. 

Si depuis le début de cette initiative du CSA, le temps d’antenne consacré au sport féminin est passé de 7% (2012) à 16% (2016), les inégalités restent encore importantes. Cela est d’autant plus flagrant dans la radio et dans la presse écrite. Le football demeure un bon exemple : en 2017 2,1% des pages de la presse écrite est dédiée au football féminin (selon l’enquête réalisée par Les Degommeuses). Au-delà de l’aspect quantitatif, il existe finalement très peu de recherches françaises et d’études impactantes sur la représentation médiatique des femmes athlètes. 

« Je suis quand même très optimiste sur la médiatisation du sport féminin » confiait Marinette Pichon au micro de RCF cette semaine, « d’autant que nous sommes dans une année de Coupe du Monde féminine de football en France ».  

Même si cette stigmatisation fréquente liée à la pratique du foot en tant que femmes reste forte, elle est redoublée dans le cas des lesbiennes et des personnes trans ou non binaires.

La pérennisation de cette journée symbolique du 24 janvier autour de la journée internationale du sport féminin, contribue à interpeler et sensibiliser l’ensemble de la société sur cette forme de discrimination, mais elle ne peut à elle seule faire évoluer la place du sport féminin et doit être accompagnée de politiques volontaristes car on ne déconstruit pas en quelques années une représentation ancrée depuis des siècles. Des évolutions ont été notables. Mais de nombreuses marges de progrès existent encore. « On aura gagné quand on arrêtera de mettre le mot féminin derrière la pratique » estime Marinette Pichon.

Malgré la médiatisation croissante des compétitions féminines, la couverture médiatique du sport féminin est moins développée que celle du sport masculin tant en nombre d’articles, de photographies, que de présence en couverture et de volume de parutions. 

Une différence notable soulignée et expliquée généralement par les spécialistes par une stéréotypie et une interprétation perturbant les normes : la présence de femmes dans le domaine sportif remettrait en cause la domination et la virilité des hommes. « Les médias se réfèrent à ce qui a toujours été « la norme ». Il existe donc des modèles physiques féminins et masculins, sans doute dus aux anciens athlètes connus, mais également à l’imaginaire collectif. Si les normes ne sont pas les mêmes pour les deux sexes, la médiatisation stéréotypée des sportives par la sexualisation de ces dernières se justifie, » affirme Sandy Montanola, Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication.

« On peut clairement dire que les femmes sont sous-médiatisées. Le champ sportif dans les medias présente de fortes inégalités entre les sexes mais il ne faut pas généraliser la médiatisation stéréotypée des femmes. Il faut effectivement la replacer dans un écosystème qui rejoint l’économie, les représentations sociales et l’accès aux athlètes ».

Aurélie Bresson
24.01.2019

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