Crédit photos : David Lappartient se fait l’avocat des fédérations sportives françaises, pointées du doigt par des parlementaires. (Photo Mohammed Badra/EPA)
Tribunes

David Lappartient face au problème de sexisme et de violences sexuelles dans le sport – Tribune Egal Sport et Mixité et Performance

La Redaction
09.02.2024

Tribune.

Dimanche 28 janvier 2024 sur FranceInfo, la journaliste Laurie Delhostal vous a questionné au sujet du rapport parlementaire faisant état du « caractère systémique de dysfonctionnements » du mouvement sportif français et de sa gouvernance. 

 

 

Comment pouvez-vous minimiser l’importance des problèmes de sexisme et de violences sexuelles dans le monde du sport au motif que ce fléau touche d’autres pans de la société, ainsi qu’écarter les constats et les recommandations, en particulier la préconisation en faveur d’une autorité
administrative indépendante en charge de l’éthique du sport ? 
Pourquoi renoncez-vous à assumer cette responsabilité sociétale majeure d’exemplarité ?
Votre discours semble laisser croire qu’il n’y a pas de problème de sexisme ni de violences sexuelles dans le sport … or vous laissez de côté tous les garçons et jeunes filles, femmes et hommes, victimes de telles pratiques dans le monde du sport (le monde du sport, car les violences ne se limitent pas uniquement aux clubs mais aussi, à l’INSEP, Pôle France, …).

Malgré les chiffres du ministère des Sports sur sa plateforme SIGNAL SPORTS depuis 2020 et les témoignages recueillis par la commission d’enquête, vos propos inversent la culpabilité, de même que le rôle victimes / agresseurs.
À plusieurs reprises, vous affirmez que le problème n’est pas systémique, les prédateurs seraient surtout des moutons noirs à écarter. En relativisant, vous trahissez les victimes ainsi que les dirigeants, bénévoles, encadrants, associations, fédérations qui protègent nos enfants. Oui, le sport a le pouvoir de changer les vies ! Il peut les sauver. Oui, il existe des femmes et des hommes, dirigeants, encadrants, bénévoles qui se battent de plus en plus nombreux, et d’anciens sportifs et sportives, victimes de violences sexuelles dans le sport et en dehors qui s’engagent.
En citant les bénévoles qui s’interrogent sur les risques et les conséquences de leur comportement de peur qu’il soit jugé inapproprié à l’égard des jeunes filles…, vous sous-entendez qu’il n’existe aucun moyen pour les bénévoles de faire la différence entre une attitude appropriée et inappropriée, qui plus est réduite aux jeunes filles (quid des garçons…), et que l’entre-soi masculin serait une tentation pour éviter le problème.
Ceci nous étonne d’autant plus que le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a mis en place une commission pour la lutte contre les violences sexuelles et les discriminations dans le sport.
On peut dès lors s’interroger sur sa mission : s’agit-il d’un simple effet d’affichage ou bien d’une commission ayant pour véritable mission de réfléchir aux moyens de sécuriser le dispositif de lutte contre ces violences, afin de garantir et protéger l’intégrité des enfants, des personnes, et pour assurer
leur bien-être.
À l’heure où la France est à l’initiative d’une normalisation internationale en matière d’éthique et d’intégrité du sport, votre interview parait être en décalage complet avec les évolutions en matière de sport.
Il faut faire savoir à toutes celles et ceux qui pratiquent, encadrent, dirigent, regardent et soutiennent le sport que vous, donc le mouvement sportif et ses plus hautes instances, vous employez désormais à tout mettre en œuvre pour le protéger. Y compris les milliers de bénévoles qui s’investissent dans le sport avec passion mais doivent le faire également avec éthique dans un cadre de droit et de valeurs.
C’est justement en montrant de la fermeté et en cherchant / apportant des solutions à tous les problèmes soulevés que les acteurs du sport, les enfants et les parents regagneront de la confiance et de la motivation à venir toujours plus nombreux rejoindre la communauté du sport qui doit être un
lieu sûr, au lieu de la fuir.
C’est votre responsabilité et celle des dirigeants, de chaque dirigeant, et l’affaire de tous et toutes.

 

Autres signataires :

  • Ligue du droit international des femmes
  • Paoline Ekambi en tant qu’Experte Égal Sport et soutien de l’association Mixité & Performance, exinternationale de basket engagée dans la lutte des violences sexuelles dans le sport et intrafamiliales
  • Jérôme Decourcelles : Journaliste, Expert Egal Sport
  • Maud Mongelas : Coach, Formatrice, Neurosciences – CEO MGS Evolution, Experte Egal Sport
  • Anne Saouter : Adjointe Cohésion sociale, Oloron Sainte-Marie -Anthropologue, Experte Egal Sport
  • Sylviane Trolard : Arbitre fédérale de volley-ball, Experte Egal Sport
  • Anne Vial : Adjointe sport, santé, égalité des droits, Mairie 4/5 Marseille – Directrice Ligue Natation Région Sud, Experte Egal Sport
La Redaction
09.02.2024

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