Tribunes

Action Prévention Sport, une association qui favorise la réussite grâce au sport et une méthode pédagogique innovante !

Daphne Lemercier
15.02.2020

L’association Action Prévention Sport (APS), située à Champigny-sur-Marne, créée en 1994 de la volonté d’ancien(ne)s sportif(ve)s de haut niveau agit pour les jeunes sportive(f)s éloigné(e)s de toute qualification et emploi. Le désir de transmettre à d’autres ce que la pratique sportive leur a donné les a rassemblés. « Ils ont pris conscience de tout ce que le sport a pu leur apporter en terme d’insertion professionnelle dans un premier temps, mais surtout en terme d’ouverture sur l’autre. » explique Aurélie Cometti, salariée et déléguée générale de l’association.

Cette association reconnue d’intérêt général par l’État développe une double expertise. L’utilisation du sport comme outil de remobilisation des personnes fragilisées ou qui rencontre des difficultés. Et la formation professionnelle aux métiers du sport, à l’attention d’un public éloigné de toute qualification. APS adapte en permanence ses méthodes pédagogiques et est constamment en éveil parce que le public l’y oblige. Et dès ces débuts, l’association a innové par son approche pédagogique inspirée de la « pédagogie du projet » face à des jeunes en difficulté : les décrocheurs scolaires, les allocataires du RSA, les jeunes sous main de justice, les jeunes filles des quartiers, etc.

Les protagonistes ne souhaitent pas uniquement favoriser la pratique sportive mais également mettre en exergue ce qu’elle va déclencher pour faire ressortir des problématiques de manière plus fragrante. Dans tous les projets engagés, valoriser et redonner confiance aux jeunes reste la priorité. La perte de confiance est la principale faille et le point commun chez tous les jeunes de l’association.

« L’objectif est de les accompagner individuellement dans leur acquisition de compétences transversales (sociales, comportementales et sociétales) préalablement nécessaires à une entrée en formation et/ou en emploi. »

L’insertion en ligne de mire

Le principal dispositif d’APS est un espace dynamique d’insertion. C’est un dispositif de formation professionnelle construit et porté par le Conseil Régional. APS est le seul qui propose le sport comme outil. Le pôle insertion socio-professionnelle accueille environ une centaine de jeunes par an, entre 16 et 25 ans. L’objectif est de les accompagner individuellement dans leur acquisition de compétences transversales (sociales, comportementales, et sociétales) préalablement nécessaires à une entrée en formation et/ou en emploi. Ces jeunes sont orienté(e)s par la mission locale ou viennent spontanément d’une démarche personnelle. Elles ou ils, choisissent eux-mêmes de s’inscrire dans ce dispositif et deviennent stagiaires de la formation professionnelle. La durée du parcours de formation dépend de leur progression et n’excède pas un an. La fin du parcours débouche sur un projet professionnel, une formation qualifiante ou un emploi.

APS a également pour vocation d’essayer de combler les carences éducatives des jeunes femmes fragilisées en proposant des activités sportives qui répondent aux problématiques du public. « On s’adapte et on fait du sur-mesure. Bien souvent, on a des jeunes filles qui arrivent avec une confiance en elles amoindrie, même si elles peuvent paraître extrêmement exubérantes. On se rend vite compte que c’est un leurre. Il y a un rapport au corps qui est souvent dégradé voire inexistant. Doucement, on va les orienter vers des activités sportives qui va leur permettre de reprendre conscience de leur corps. L’objectif n’est jamais la performance physique mais ressentir les choses. » révèle Aurélie Cometti.

La mixité

La mixité est un sujet qui est régulièrement abordé avec les jeunes car certain(e)s ont un rapport particulier au corps et à l’image de la femme. Le but est de déconstruire les images erronées qu’ils peuvent avoir, souvent sous forme de jeux. C’est à eux d’en prendre conscience tout(e) seul(e). L’utilisation des débats est une pratique courante au sein de l’association. La parole est libre et la formatrice/teur joue le rôle de médiatrice/teur.

L’intérêt d’APS se trouve également dans la construction de projets collectifs qui jalonnent toute l’année. Les jeunes y jouent un rôle essentiel.

La journée Formasport

La rencontre et l’ouverture rythme cette rencontre sportive régionale pour les jeunes de 16 à 25 ans en formation professionnelle. Elle a pour objectif de promouvoir le sport comme facteur de solidarité, d’intégration et d’éducation. Lors de cette journée, les trois quart du public est féminin : des jeunes filles en centre d’hébergement, en insertion, des primo-arrivantes. Les jeunes de l’association leur expliquent par exemple que faire du sport ne nécessite pas systématiquement un engagement en compétition. L’activité sportive peut également aider à casser certains codes. Notamment quand certaines pensent qu’elles ne peuvent pas faire de foot parce que ce sont des filles.

« Qui aurait pensé que les filles investiraient le milieu du foot comme elles l’ont fait suite à la Coupe du Monde ? »

Participation à la Mirabal

Depuis trois ans, les jeunes de l’association participent à la Mirabal, une course pour l’égalité homme/femme et contre les violences faites aux femmes. C’est un évènement incontournable à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, chaque 25 novembre. Ainsi, la préparation de chaque jeune est aussi bien physique que sur la question homme/femme. Ils ont des ateliers sur cette question pendant un à deux mois. Garçons et filles échangent sur la question et font des jeux de rôle permettant une prise de conscience de la part des garçons vis à vis de la place des femmes, des comportements qu’ils peuvent avoir et des violences dont elles sont victimes.

Trois axes sont indissociables dans chacun des projets : la santé, la citoyenneté et l’insertion. Pour ce faire, les salarié(e)s de l’association travaillent en permanence en transversalité. Ce fonctionnement participe aussi à l’expertise d’APS, qui permet d’accompagner au mieux chaque personne accueillie et d’accepter, dans leurs formations professionnelles, les jeunes qui ne sont accepté(e)s nulle part ailleurs. Une belle leçon d’intégration et d’insertion !

Article tiré du numéro 14 – Hiver 2020

Daphne Lemercier
15.02.2020

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