À la rencontre des sportives

Yoanna Dallier : « Le football freestyle m’a sauvé la vie »

Solène Anson
29.03.2021

Yoanna Dallier a découvert le football freestyle sur YouTube en 2015. Depuis, elle n’a plus quitté cette discipline. À seulement 21 ans, la jeune femme présente dans le top 8 mondial est déjà double championne de France avec près d’1,8 million d’abonné·e·s sur les réseaux sociaux. Elle parcourt régulièrement le monde pour réaliser des prestations telles que des démonstrations, des initiations ou encore des shootings. Rencontre.

Quelle est la particularité du football freestyle ? 

Ce sport consiste à réaliser des gestes techniques et des acrobaties avec un ballon de football. C’est un sport d’artiste, le mix parfait entre le sport et l’art. Il ne faut pas spécialement être performant·e au foot pour pratiquer le freestyle. Lors de mon passage dans un club de football, je participais aux détections de Toulouse et on m’a demandé de faire 50 jongles du pied droit, du pied gauche et de la tête. Je n’étais pas très technique puisque sur les 50 jongles, j’ai dû en réussir seulement 6 du droit, 4 du gauche et 2 de la tête. À la suite de ces échecs, j’ai voulu apprendre à jongler et j’ai commencé à regarder des vidéos de freestyle sur YouTube. Depuis, je m’entraîne environ 3 à 5 heures par jour. Pour chaque séance, j’essaye de nouveaux gestes et je me perfectionne sur mes acquis.

Le plus difficile est de rester régulière dans les entraînements, d’apprendre à gérer la pression des compétitions tout en gardant cette confiance, un certain lâcher prise, et ne pas abandonner dans les moments plus compliqués.

Que signifie pour toi cette discipline ?

C’est ma vie entière. D’ailleurs, elle m’a sauvé la vie. J’ai réussi à développer des compétences en travaillant régulièrement, en restant patiente et en gardant toujours cette passion.

Tu as réalisé des prestations pour la marque YOP, Adidas, Nike, Diesel et effectué des démonstrations au Stade Vélodrome. Quels sont généralement les retours de tes performances ?

Les personnes sont admiratives. On me demande souvent quelle est la fréquence de mes entraînements, de mes envies et de mon quotidien. Certaines sont curieuses de savoir si je peux bien gagner ma vie avec mes démonstrations freestyle. En vérité, je n’ai jamais trop prêté attention à ce que les personnes peuvent penser. J’ai grandi dans un univers d’hommes et j’ai toujours pratiqué des sports qu’on catégorise parfois de « sports masculins ».

Comment travailles-tu ton mental ?

Je lis énormément et mon entourage m’aide à mieux affronter les aléas de la vie. J’essaye continuellement de garder le sourire et de rester positive.

Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience de double championne de France ainsi que ta qualification aux championnats du monde de Miami ?

C’est assez satisfaisant de crier victoire et de pleurer de joie à la fin de la compétition. En 2019, j’ai même battu la sextuple championne du monde et à ce moment-là, je me suis dit : « Mes heures de travail acharnées ont enfin été récompensées. »

Le foot freestyle aux JO, qu’en penses-tu ?

Il faut que cette discipline soit présente aux Jeux olympiques d’ici quelques années. Elle est très esthétique et demande surtout des milliers d’heures d’entraînement avant d’avoir un niveau acceptable. Il doit y avoir énormément de rigueur, de confiance, de patience et de complicité entre les pratiquant·e·s. 

Quel regard portes-tu sur l’évolution du foot freestyle ?

Je suis fière de voir à quel point ce sport évolue. Petite anecdote : quand j’ai commencé les compétitions en 2016, il y avait énormément de mixité. Depuis 2019, la catégorie féminine est apparue. Les démonstrations s’effectuent sur une musique de 5 à 8 minutes. Il faut préparer sa chorégraphie en amont. Cela dépend des événements, mais on peut aussi être en total improvisation avec un son sur lequel on n’a pas travaillé. Concernant les initiations, c’est assez simple. Je travaille avec un groupe d’apprenant·e·s. Certains gestes sont très faciles à reproduire. Je réalise des démonstrations et ces initiations partout dans le monde. J’ai toujours un ballon lors de mes déplacements, ce qui attire les convoitises. Ma principale source de revenu représente les shows et les initiations dans le domaine de l’événementiel, ainsi que les collaborations avec des marques via la création de contenus sur les réseaux sociaux. J’espère continuer à contribuer le plus possible au développement de cette discipline, à me battre pour réaliser mes rêves et peut-être devenir un jour championne du monde.

Propos recueillis par Solène Anson 

Crédits photos : DR

 

Solène Anson
29.03.2021

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