“Sportives : Le Parcours médiatique des combattantes”
À la rencontre des sportives

“Sportives : le parcours médiatique des combattantes”, un documentaire sans langue de bois

Aurélie Bresson
15.03.2020

“Sportives : Le Parcours médiatique des combattantes” est un film documentaire qui met en lumière le parcours semé d’embuches de différentes sportives : de leur recherche de sponsors à la course à la médiatisation. On y retrouve entre autres, Prisca Vicot, multiple championne du monde de boxe, Katell Alencon, cycliste handisport de haut niveau, et d’autres personnalités telles que Marie-Françoise Pottereau, présidente de Femix’Sports et Nathalie Sonnac du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.  Initié par « un binôme mixte et inter-générationnel », ce 52 minutes est avant tout le reflet de l’investissement et des convictions de Patrick Chevallier de Juvacom Médias et Marie Lopez-Vivanco, la réalisatrice. Rencontre avec ces deux militants de la mixité.

 

L’histoire d’une rencontre inter-générationnelle

C’est avant tout l’histoire d’une rencontre : Marie Lopez-Vivanco 35 ans, et Patrick Chevallier 69 ans. « Lorsque Patrick est venu me proposer le sujet, je n’ai pas réfléchi une seconde pour donner ma réponse. C’est même d’ailleurs ce même sujet qui m’a poussé à m’investir depuis 2013 pour la cause du sport féminin et de la mixité, et m’a poussé à rejoindre l’association Femix’Sports dans laquelle j’ai rencontré Patrick », commence Marie. Patrick complète : « Pour la petite histoire, le projet remonte à 2014 où j’ai produit, à l’occasion des 24h du Sport féminin, un court-métrage de 13 minutes sur la médiatisation du sport féminin. La seconde étape se situe en 2017 où j’avais demandé à Marie de réaliser un autre court-métrage de 13 minutes toujours sur le sujet. Finalement, c’est en juxtaposant ces deux courts métrages que nous avons décidé de faire un documentaire de 52 mn.

Marie Lopez-Vivanco réalisatrice

Marie Lopez-Vivanco réalisatrice

En six ans, Patrick et Marie, ont œuvré ensemble, d’interviews en interviews, de rencontres en rencontres pour compléter et produire ce documentaire, et finalement mesurer l’évolution de la situation du sport féminin. « Nous avons réellement commencé l’écriture dès 2018 et le tournage en 2019, affirme Patrick.»  Marie poursuit : «  Ce sont de nombreuses heures de témoignages et d’illustrations que j’ai recueilli depuis 2015 pour des commandes, et que je n’ai pu utiliser parfois car des témoignages un peu directs pour les « clients », ainsi que les tournages que l’on a organisé avec Patrick. J’ai rencontré plus d’une vingtaine de femmes et d’hommes sur le terrain, à l’occasion de colloques, dans leurs bureaux (rires) au sein d’évènements sportifs, sur des compétitions, des entrainements… »

 

 

 

Un documentaire conçu en sincère mixité

Patrick Chevalier

Patrick Chevalier

Deux personnalités différentes, deux générations qui se rencontre, mais un engagement sans failles que Patrick souligne de manière enthousiaste : « J’ai adoré travailler avec Marie. On a formé un vrai binôme, j’ai senti rapidement de vraies concordances dans nos points de vue. Et je pense que nous avons conçu un magnifique documentaire et qu’il aura le succès qu’il mérite. Comme je le dis souvent on a réussi à former un binôme inter-générationnel. » Un très bon exemple de travail en mixité que Marie tient à préciser également : « Nos idées se sont entrechoquées parfois, mais la plupart du temps, on était d’accord sur la sincérité, on ne peut pas plaire à tout le monde mais on a décidé de montrer les choses telles qu’elles étaient. »

Un documentaire qui s’annonce plein d’humanité et de sincérité. Il n’y a qu’à entendre Marie et Patrick pour sentir toute l’énergie et la passion du projet. La particularité de ce documentaire c’est qu’il a été réalisé de A à Z par leur petites mains. « C’est 100% avec mes mains et mon regard  que cela soit de l’écriture, l’organisation des tournages, la caméra, le son, les lumières, le dérushage, le montage.  Ca a été un travail monstrueux, pour ceux qui connaissent le métier. Heureusement que Patrick a géré toute la partie liée à la région Occitanie, et m’a aidé sur le tri des interviews les plus pertinentes ce qui m’a permis de souffler un peu. Je suis particulièrement engagée et soucieuse d’intégrer des propos bruts, qui peuvent toucher. Je préfère laisser parler les gens, justement pour ne pas pratiquer la langue de bois. Donc cinq années de travail sélectionnés pour ce 52 minutes ».

 

Un documentaire sans langue de bois

52 minutes c’est en effet très court mais suffit pour comprendre le beau travail d’équipe, qui n’aurait pas pu voir le jour sans une alchimie de valeurs, de convictions. Par ce documentaire, sans filtre, Marie et Patrick ont surtout voulu faire passer des messages.

De son côté Marie souhaite mettre le doigt sur « la différence de médiatisation entre les disciplines, la souffrance de certaines sportives dans la pratique de leur sport, et particulièrement dans le haut niveau ». Rythmé volontairement par des témoignages de dirigeants des journalistes et des experts du sport, et particulièrement d’hommes, Marie soulève une notion importante : l’équité. « Ce qui est important aujourd’hui c’est de faire parler les hommes, pour faire comprendre au public, que le changement ne se fera pas sans eux, et que beaucoup d’hommes sont féministes et soucieux de la cause féminine et plus particulièrement dans le sport. J’ai voulu aussi démontrer l’importance de la médiatisation, c’est un moyen essentiel même indispensable pour donner la possibilité aux athlètes de décrocher des médailles et pour le grand public de faire du sport. »

 

Quant à Patrick, ce projet est une illustration du combat qu’il mène depuis quelques décennies : « Pour que la femme ait son entière place dans le paysage sportif, il me semble important que les médias jouent un rôle essentiel pour l’image du sport féminin et ce documentaire se veut d’aller dans ce sens.  Il faut convaincre les hommes que les femmes ont leur entière place dans la pratique sportive mais également dans la représentation dans les instances.  A ce sujet, je dis ouvertement pourquoi ne pas instaurer des binômes pour les élections fédérales, régionales et départementales comme cela se fait pour des élections aux Conseils Départementaux. C’est une question de volonté et je suis persuadé qu’à partir de là on verra de réels changements dans la gouvernance mais également dans le développement des pratiques sportives. »

Les dés sont jetés et le documentaire est lancé. Un seul regret ou déception ? Marie le déplore : « plusieurs sponsors, athlètes et médias n’ont pas souhaité répondre à nos demandes d’interviews. On s’aperçoit que finalement le sujet dérange. Et lorsque on réalise un sujet pour une petite chaine, il y a une discrimination de traitement. C’est vraiment dommage car, l’un des avantages qu’on a, c’est de pouvoir dire ce que l’on pense et d’être un peu moins lisse sur les sujets. »

Propos recueillis par Aurélie Bresson. 

 

 

Aurélie Bresson
15.03.2020

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