À la rencontre des sportives

Sofia Nabet, la boxeuse qui s’est toujours relevée

Benoit Pelegrin
29.03.2021

Éloignée des rings pendant plusieurs années à la suite d’une grave blessure et toujours en convalescence après une opération fin 2020, Sofia Nabet rend coup sur coup à sa mauvaise fortune et compte bien revenir très vite à 100 %, avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Paris en 2024.

La boxe, Sofia Nabet tombe dedans quand elle est petite. C’est en famille, avec sa mère, sa grand-mère et ses trois sœurs, qu’elle suit son père boxeur de gala en gala. « Déjà petite je vivais boxe, je mangeais boxe, je dormais boxe », raconte-t-elle. Une passion dévorante impossible à esquiver. Quand Mohamed Nabet ouvre sa salle en 2005 à Chauny, en Picardie, sa benjamine est une adolescente de 15 ans prête à tout pour embrasser le noble art. « Inutile de vouloir monter sur le ring si tu es une bagarreuse ou un petit bourrin », lui répond-il, en adepte du style et du jeu de jambes. Sofia va donc apprendre une boxe technique – position des pieds, feintes – pour enfin mener ses premiers combats en catégorie poids plume (entre 54 et 57 kilos). Savoir donner des coups, savoir surtout ne pas en prendre, serrer les dents jusqu’au prochain gong. Et glaner pas moins de huit titres régionaux en l’espace de six ans. 

Sa carrière est stoppée nette en 2011 par une blessure au dos, qui la laissera immobilisée près d’un an et éloignée des rings pendant quatre. À l’issue de sa rééducation, personne ne pense sérieusement qu’elle pourra atteindre le haut niveau et on l’invite gentiment à se tourner vers la boxe loisir. Piquée au vif, la championne s’acharne contre les sacs de sable et arrive à intégrer l’équipe de France en 2016, à 27 ans. Avant de remporter un titre de championne de France l’année suivante en poids léger (entre 57 et 60 kilos). « J’ai réussi à faire mes preuves alors que je n’étais encore qu’à 80 % de mes capacités », se souvient-elle.

Une galère peut en cacher une autre

Pour atteindre les 100 %, Sofia Nabet choisit enfin de passer par la case chirurgie en novembre 2020 pour mettre au tapis ce problème au dos qui revient à la charge, épée de Damoclès pour sa carrière et pour sa vie. Cinq mois ont passé et déjà l’entraînement a repris, en avance sur le calendrier des médecins. Car même si elle ne pourra pas combattre aux Jeux olympiques de Tokyo cet été, les places étant attribuées en fonction du classement d’une saison qu’elle n’a pas pu disputer, Sofia Nabet est pressée. Pressée d’en découdre lors des prochains championnats de France, de compétitions internationales avec en point d’orgue les Jeux olympiques de Paris en 2024. Ce que lui permet de dispositif Athlètes SNCF qu’elle a intégré en 2018.

« La boxe m’aide à avoir moins peur de la vie. Elle me donne de la force et de la confiance en moi. »

Quand elle n’est pas à distribuer uppercuts et crochets du droit dans sa salle d’entraînement ou partout sur la planète, Sofia Nabet prend son quart à la Gare du Nord en tant qu’agent d’escale, un métier polyvalent qu’elle affectionne. « C’est une chance pour les athlètes », explique la championne. Le dispositif lui permet aussi d’échanger avec d’autres sportif·ve·s qui « partagent les mêmes ambitions, les mêmes rêves ». Parisienne d’adoption, la Picarde en profite également pour revenir dans sa ville de Chauny et s’entraîner « avec les petits du club » que son père, jamais bien loin, dirige toujours. Ou pour disserter sur ce sport qu’elle aime et qui lui apporte tant. « La boxe m’aide à avoir moins peur de la vie. Elle me donne de la force et de la confiance en moi », raconte-t-elle. « Je suis plutôt timide et douce de caractère. En me présentant en tant que boxeuse, je me sens écoutée et prise au sérieux, surtout au sein du monde d’hommes dans lequel j’évolue. »

 

Cet article s’inscrit dans le cadre d’un cycle de sept portraits de championnes membres du dispositif SNCF, qui permet à une trentaine d’athlètes de mener de front leur carrière sportive et professionnelle au sein du groupe ferroviaire français. L’opération se fait en collaboration avec Analog Sport, qui se présente comme la première association d’éducation et d’insertion à travers la photographie argentique et le sport. La semaine prochaine, Angelina Lanza (athlétisme handisport).

Benoit Pelegrin
29.03.2021

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