Sandra Tshiyombo s’est révélée à la télévision il y a quelques années. Rencontre avec la journaliste sportive qui a fait de son rêve de petite fille une réalité, malgré les difficultés.
L’enfant de la région parisienne grandit dans un environnement et une famille fan de sport. Elle regarde le football à la télévision, la Formule 1 ainsi que les compétitions d’athlétisme, tout en gardant un œil sur les compétitions sportives le week-end. À 11 ans, elle s’intéresse déjà au journalisme. « J’admirais Nelson Monfort sur les terrains de Roland Garros et je me suis dit que c’était ce métier que j’avais envie de faire. Je voulais parler de sport, aller sur le terrain et raconter des histoires », se souvient la jeune femme. En plus de pratiquer le tennis en club, Sandra souhaitait s’inscrire dans un club de foot comme son grand frère. « Une femme pratiquant ce sport à mon époque n’était pas tellement répandue. C’était peu connu. Aujourd’hui, certaines joueuses réussissent à en vivre, à se faire une place, il y a des diffusions à la télévision et forcément, ça pousse les personnes à s’intéresser au football féminin. Je suis favorable à une certaine mixité dans le cadre de galas ou d’un événement en particulier. »
Attirée par la radio et la télévision
C’est à l’adolescence qu’elle se lance dans le monde ardu du journalisme. L’adolescente ne connaissait personne et n’avait aucun réseau, elle avait déjà conscience qu’il lui faudrait travailler deux fois plus que les autres pour réussir à se faire une place. Après de nombreux efforts, la journaliste intègre finalement l’EFJ Paris. Là-bas, elle découvre la presse écrite, la télévision et la radio.
« La radio et la télévision sont des formats qui me correspondaient le mieux. J’étais rapidement attirée par l’image et par le son. »
À la fin de ses études et après l’obtention de son diplôme, Sandra Tshiyombo ne perd pas de temps et réalise des démarches pour s’insérer dans la vie active. Elle devient pigiste dans une société de production de contenus puis travaille dans une radio locale des Yvelines. « J’étais en matinale et ce format-là n’était clairement pas fait pour moi. Je devais me lever à 2 heures chaque matin pour être à l’antenne à 4h30. C’était compliqué à gérer et physiquement, j’étais dépassée », constate Sandra. Après un mois d’expérience, elle intègre la chaîne Africa 24 et s’initie à la présentation et au desk, prépare les sujets pour des émissions ainsi que des JT. Un statut lui permettant d’être autonome et responsable. « On me donnait la possibilité d’évoluer et de progresser rapidement en touchant aussi bien au tournage qu’à la présentation. Je saisissais les opportunités et j’accumulais des compétences, car dans le journalisme, il est primordial de savoir faire plein de choses. Actuellement, rien n’est garanti et il faut savoir rebondir ! »
« Être la seule femme journaliste noire en zone télé était une fierté »
Arrivée chez Canal+ en 2014, la journaliste se spécialise enfin dans le sport. « J’étais vraiment dans mon élément. Lorsque je suis arrivée, j’étais la seule femme dans la rédaction. Ce n’était pas évident. D’habitude je suis quelqu’un de sociable, et je ne me suis pas non plus dit qu’en étant la seule femme, je devais m’imposer et montrer que j’existe. Je ne partais pas en guerre. Tout le monde était bienveillant, mais rapidement j’ai pu voir que je dérangeais certaines personnes qui montraient que je n’avais pas ma place ici ». Entourée d’une majorité de journalistes sportifs, Sandra n’a jamais ressenti l’envie de les concurrencer. C’était justement une richesse et une opportunité pour elle d’échanger, de comprendre et d’aborder certaines questions autour du sport, avec différents points de vue. La journaliste sportive ne s’est surtout pas laissée impressionner et a poursuivi son chemin à la rencontre des sportif·ve·s et de leurs parcours, en présentant des émissions comme « Talents d’Afrique » ou en étant sur le terrain lors de la Ligue des Champions, de l’Euro 2016 ou encore de la CAN 2015. La jeune femme baignait dans un rêve éveillé et personne ne pouvait l’arrêter.
« Je suis allée en Afrique sur le terrain. Les émissions étaient rediffusées une dizaine de fois, donc les personnes ont eu le temps d’enregistrer mon visage, mon nom et comme j’étais la seule femme, c’était plus simple. »
Mais ce qui était frappant, c’est que la dame au rouge à lèvres était surtout la seule femme noire parmi les journalistes féminines en zone télé. Une visibilité et une reconnaissance qu’elle appréciait plutôt bien, surtout lorsqu’elle interviewait des joueurs et des coachs de classes mondiales comme Zinédine Zidane.
La voie vers l’indépendance
Après avoir travaillé durant trois ans chez Canal+Afrique, elle devient maman d’un petit garçon en 2016. La Française d’origine congolaise décide alors de se lancer en tant qu’indépendante. « Au départ, c’était effrayant car j’ai toujours été salariée. Je suis arrivée dans un univers que je ne connaissais pas et il y avait toujours cette peur de l’instabilité et du lendemain. Mais finalement, cette indépendance me plaît, car je gère mieux mon planning et mes projets. J’ai réussi à trouver un certain équilibre. » Des idées, elle n’en manque pas et a même créé Eden Sports TV, sa propre Web TV sur YouTube, après s’être bien évidemment formée en création d’entreprise et acquis une certaine expérience.
« Je rencontre des champion·ne·s de tous les sports qui racontent leur histoire, leurs parcours et leurs sacrifices. Je suis épanouie et c’est un sujet que je maîtrise ».
L’autodidacte entrepreneure travaille même au sein de sociétés professionnelles et privées comme Non Stop People du Groupe Canal+, où elle parle de divertissements, de médias, de cultures et de sport. « De plus en plus de femmes me contactent pour me dire que mon parcours les inspire. D’autres ont peur, car travailler avec des hommes les perturbe. Mais il faut tenter. Je suis restée moi-même et de nombreuses femmes m’ont inspirée également. » Reconnaissante de tout le chemin parcouru et du plaisir qu’elle prend au quotidien, Sandra Tshiyombo est heureuse et fière de suivre ses convictions, ses envies et d’avoir toujours cru en sa bonne étoile.
Propos recueillis par Solène Anson.
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