À la rencontre des sportives

Paris 2024 – Héloïse Courvoisier : « On se connait aussi bien dans le sport qu’à côté et cela participe à la performance »

Claire Smagghe
22.04.2024

Leur histoire à deux c’est bien, à quatre c’est mieux. Héloïse Courvoisier a été piquée par le para triathlon il y a à peine quatre ans. Avec sa guide Anne Henriet, elles visent déjà la qualification aux Jeux paralympiques de Paris dans la catégorie PTVI (déficients visuels). Les actuelles quatrièmes mondial s’inscrivent dans les pas d’un autre binôme qu’elles connaissent bien : Thibaut Rigaudeau et Cyril Viennot, leurs conjoints respectifs. 

Les Sportives : Vous rêvez déjà de Jeux paralympiques après seulement quelques années sur le circuit international. Cela ne fait pas si longtemps que vous baignez dans cet univers finalement…

Héloïse Courvoisier : Je suis arrivée au triathlon un peu par hasard car Thibaut (son conjoint) s’y est mis en 2018. Il m’a encouragé à commencer le triathlon en 2020 et à participer aux Championnats de France de para triathlon. On a atteint un haut niveau assez rapidement finalement. On a fait notre première course avec Anne en septembre 2020. En 2021, on y a à nouveau participé. Mon niveau avait déjà un peu augmenté. Grâce à l’intervention des garçons, on a pu participer à une étape de Coupe du monde en octobre 2021. Les premières sélections en équipe de France sont arrivées dès 2022 à l’occasion des Championnats d’Europe. Depuis on a participé à plusieurs manches de Coupe du monde, aux Championnats du monde, etc..

 

Et il y a désormais une course pour la qualification aux Jeux de Paris…

Oui et la sélection officielle se fera le 10 juillet. Pour l’instant, on est dans les quotas. On est quatrième mondial, sachant que la période de qualification se termine fin juin. La décision finale revient à la Fédération et au comité de sélection. 

⏩ À voir aussi : L’escrimeuse Charlotte Lembach annonce sa retraite avant les JO de Paris 2024

Comment expliquez vous votre ascension fulgurante ? 

Le gout du sport, c’est quand même plus ancien que 2020. Pendant l’adolescence, je m’entrainais une quinzaine d’heure par semaine en aviron. Ce qui me manquait, au fond, c’était de ne pas avoir d’objectif particulier. Par contre, c’est sur qu’il  y a un monde depuis le lancement du projet para triathlon notamment en terme de volume d’entrainement. Ca ne s’est pas fait du jour au lendemain. La première année, je m’entrainais une dizaine d’heures par semaine à côté du boulot. Et puis, progressivement, j’ai pu y consacrer plus de temps en réduisant mon temps de travail.

Aujourd’hui, c’est mon activité principale. Cela représente entre 15 et 20 heures par semaine.

En période de stage, on est plus à 25 heures par semaine. Je ne travaille plus du tout depuis le mois de janvier grâce à un détachement partiel. Je reprendrai partiellement mon travail de kiné auprès de jeunes en situation de handicap  à partir de septembre. 

Vous partagez votre quotidien d’athlète avec votre compagnon. Vous partagez aussi beaucoup de temps à quatre, avec vos deux guides. Cette dynamique de groupe a été plus que positive dans votre ascension…

Oui, avec Thibaut, même quand on est à la maison, on s’entraine ensemble. C’est une dynamique qui permet de contribuer grandement à la motivation au quotidien. Avec Anne, on a grillé plusieurs étapes grâce à l’expérience des garçons. Ils continuent à nous apporté maintenant.

Etre toujours à quatre, cela nous apporte aussi beaucoup à l’approche des courses. Cela participe aussi à l’intérêt que l’on porte à ce projet. 

 

Etre guide c’est tout autant d’implication, comment faites vous pour jongler entre votre travail et votre rôle de guide ? Comment décrieriez vous ce rôle ? 

Anne Henriet : Bien sur il y a le rôle classique du guide qui sert notamment à orienter. Mais vu mon âge, il y a eu aussi un partage d’expérience. Je ne suis pas novice en triathlon moi (rire). J’ai aussi un rôle de conseil notamment en natation qui est ma discipline de prédilection. C’est aussi un rôle de sparing partner pour se motiver. Je suis là sur tous les stages et les entrainements. Je suis professeur d’EPS et j’ai un chef d’établissement vraiment cool. Il est très conciliant. Suite à une année 2022 intéressante, on a le statut de sportives de haut-niveau. On est un binôme, la place qu’a Héloïse est partagée avec sa guide. J’ai fait la demande pour avoir un détachement et je ne travaille qu’à 50% depuis septembre. Cela m’a allégé au quotidien pour bien préparer cette nouvelle saison. 

Héloïse Courvoisier : Elle m’a appris beaucoup. Sa longue expérience a beaucoup apporté au binôme. On a appris à se connaitre et maintenant on sait comment fonctionne l’autre. On n’a pas du tout le même tempérament et tant mieux. Je crois que ça n’aurait pas fonctionné ! On se connait aussi bien dans le sport qu’à côté et cela participe à la performance. On est très complémentaires. 

⏩ À voir aussi : Paris 2024 – Découvrez le dispositif spécial

Vous avez pris vos marques ensemble. Mais si toutefois vous vous blessiez, comment cela se passe-t-il ?

Anne Henriet : Si demain elle en a marre de moi, elle peut me virer comme une vieille chaussette. Mais je lui ferai la vie dure (rire) ! Imaginons que je me blesse, ou que je ne puisse pas être là sur un stage ou une compétition, on a déjà identifié une guide remplaçante. Héloïse a déjà couru avec elle en fin de saison dernière au cas où. Ce sont des choses qui arrivent. C’est une sécurité pour nous de savoir que s’il y a un soucis, quelqu’un pourra assurer. On n’est pas mariées (rire) ! 

Claire Smagghe
22.04.2024

Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.