À la rencontre des sportives

Marlène Spahr, des ballerines aux baskets

Claire Smagghe
09.07.2020

Marlène Spahr est professeure de danse au sein de l’association Figure 2 Style à Dijon. D’un chemin tout tracé dans la danse classique débuté à l’âge de 6 ans, c’est finalement vers le hip hop qu’elle s’est tournée pour s’affirmer et débuter une deuxième vie de danseuse.

A l’âge de 6 ans, Marlène enfile ses premiers chaussons. Equilibre, souplesse et grâce ont rythmé ses premières années de sportive. Après quelques années passées dans les classes de moderne jazz, la dijonnaise bascule alors vers le hip-hop et intègre en parallèle la faculté de sport. Aujourd’hui, le break est devenu plus qu’une danse, il est son art de vivre au quotidien.

Le break pour se surpasser, se libérer

A travers le break danse, Marlène cherchait la performance. C’est ce qui lui manquait dans la danse. « Avant tout, je cherchais à me dépasser. Mais au fond, c’est tout ce côté Freestyle qui m’a libéré. D’abord, dans le sport puis dans ma vie personnelle. Avant, je voulais tout contrôler, maintenant c’est beaucoup moins le cas, je sais me laisser aller », explique la Bgirl*.

Rapidement, elle cherche la compétition et se lance dans les divers championnats nationaux. Sa 25ème année marque un tournant. Les compétitions s’enchainent mais désormais, elles s’achèvent régulièrement sur des consécrations. « Je m’entraine tous les jours. J’ai gagné le championnat à Paris en 2018. Ensuite, j’ai fait top 4 au championnat de France (demi-finaliste) en 2019 puis Top 16 (8e de finale) aux internationaux des Pays bas en 2019 ». Désormais, elle attend avec impatience la reprise des compétitions pour performer, à nouveau, au niveau international.

 

« Quand on rencontre les autres équipes, les hommes jouent sur le fait qu’on est une fille pour nous déstabiliser. »

 

Historiquement, le break n’a pas été construit autour de figures féminines. C’est aussi ce modèle que Marlène veut déconstruire. « Il y a beaucoup plus de garçons que de filles dans le break. Le hip hop arrive dans les années 70/80 dans les quartiers. Il y avait peu de filles. Il faut le temps pour que les filles s’approprient la possibilité de faire des figures, debout ou au sol. Il y a un côté dangereux à se mettre sur la tête. Encore de nos jours, beaucoup pensent que c’est une danse de quartier, pour les garçons. Aujourd’hui, il y a beaucoup de filles qui viennent de la gym. On participe à faire évoluer cette image », explique-t-elle.

Cette légitimité, les filles la cherche aussi lors des différentes compétitions. Les battles sont mixtes, les « un contre un » aussi. « La relation hommes-femmes dans les compétitions c’est un peu compliqué. Quand on rencontre les autres équipes, les hommes jouent sur le fait qu’on est une fille pour nous déstabiliser. En un contre un, ils nous estiment moins fortes et ne vont pas forcément mettre tous les moyens. A nous de montrer qu’on est à la hauteur ».

 

De l’art urbain aux JO Paris 2024 ?

Né dans les années 70, le break danse est originaire des ghettos noirs et latinos new-yorkais. C’est une des disciplines du Hip-hop. Elle se caractérise par son aspect acrobatique et ses figures au sol. Le break danse est l’invité surprise des futurs Jeux Olympiques de Paris en 2024. Loin des bitumes, la discipline brillerait alors à part entière en tant que pratique sportive. Si la décision finale sur son intégration est attendue pour la fin de l’année 2020, les effets se font déjà ressentir. « A chaque passage, les jurys votent à mains levées, cela reste encore très subjectif. Certains juges sont plus sensibles à la technique, d’autres au groove. Mais on aperçoit déjà quelques changements. Les votes commencent un peu plus à ressembler à des notes basées sur des critères, notamment parce que le break intégrera probablement les JO 2024 », explique la danseuse de break.

Au regard de ses derniers résultats encourageants, Marlène est tentée de rêver. « Avec l’arrivée des JO, la fédération de danse est en train de s’approprier le break. Pour l’instant, on ne sait pas vraiment comment ça va se passer. Mais s’il y a des sélections, j’y participerai, ça c’est sur et je donnerai tout ce que j’ai ! » ajoute la dijonnaise avec beaucoup de détermination.

A chacun son Everest. Marlène a trouvé le sien.

 

* Nom que l’on donne à une danseuse de break. Bboy pour les hommes.

 

Propos recueillis par Claire Smagghe 

Claire Smagghe
09.07.2020

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