Marie-Christine Cazier candidate présidence FFA
À la rencontre des sportives

Marie-Christine Cazier « Il faut vraiment un second souffle à la FFA »

Aurélie Bresson
09.11.2020

Marie-Christine Cazier est candidate à la présidence de la Fédération Française d’Athlétisme. Passer de sportive à dirigeante n’a pas été simple. Et pourtant cette ancienne sprinteuse est bien décidée à aller au bout de cette course pour gérer la fédération sportive comme elle gère une entreprise, à toute vitesse.

Marie-Christine Cazier est une ancienne sprinteuse, vice-championne d’Europe du 200m en 1986. Elle détient également 12 titres de championne de France, un titre de Vice-championne du monde et elle a participé aux Jeux Olympiques de Seoul sur le sprint 200m. En 2020, à 57 ans, elle se présente à l’élection fédérale face au président sortant, André Giraud.

Un slogan « Une femme ambitieuse, un destin exceptionnel » 

Issue des politiques publiques territoriales, Marie-Christine Cazier a été directrice des sports. Elle est également passée à l‘école des officiers des sapeurs-pompiers dans lequel elle a créé un service des sports avec plus de 100 personnes à gérer en relation avec le ministère de l’intérieur dans l’Essonne (91). « J’ai été officier chez les pompiers car j’ai passé le concours. De 2003 jusqu’en 2010. »

Marie-Christine a également toujours eu les pieds dans le milieu fédéral dès sa fin de carrière sportive et un destin étroitement lié à sa passion pour l’athlétisme : « J’ai été entraîneur d’environ 45 athlètes hommes et femmes. Puis je suis devenue présidente d’un club de plus de 2000 licenciés, dont plus de 450 licenciés en sous section. C’était il y a près de 20 ans déjà. J’étais déjà très ambitieuse, je l’ai toujours été. »

Une stratégie tournée vers l’outre-mer

Marie-Christine Cazier candidate présidence FFAEn 2016, elle décide d’intégrer le comité directeur de la FFA : « Les statuts me l’imposent, finalement je candidate, c’est comme cela que j’ai commencé à découvrir les rouages. La fédération, selon moi, a besoin d’un second souffle et de nouveaux horizons de travail. J’ai proposé au président de lui faire un état des lieux de la situation en Outre-Mer en créant une commission des athlètes. En Outre-Mer les infrastructures sont déplorables. La fédération devrait être force de proposition car elle a cette expertise. »

Martiniquaise, Marie-Christine Cazier souhaite particulièrement honorer ses origines. « En juillet 2020, j’ai perdu mon père en Martinique, il portait mon association Marie-Christine Cazier pour récolter des fonds. Son décès m’a beaucoup affecté, j’ai été obligé de retarder ma campagne. Mon père m’a toujours beaucoup boosté, il m’a éduqué avec un puissant caractère. Je rendrais forcément hommage à mon père si je gagne cette présidence. Les îles attendent aussi beaucoup de ma candidature car il n’y a jamais eu de femmes à la tête de cette fédération. En effet, je n’ai pas l’expérience d’une présidence de ligue, néanmoins je suis cheffe d’entreprise et je pense savoir gérer la fédération comme on gère une entreprise, même si c’est une association. Avec la création des territoires, si je suis présidente, je souhaiterais les intégrer à part entière avec un plan stratégique d’orientation vers l’Outre-Mer. »

Des dysfonctionnements source de motivation 

Lorsqu’elle était membre du comité directeur de la FFA, Marie-Christine Cazier a senti qu’il y avait une faille : « Il a été annoncé la suppression des championnats de France espoir sur les réseaux sociaux, sans même que le comité directeur ne soit informé. J’ai lancé une pétition qui a recueilli 10 000 signatures et a mis la pression pour maintenir ses championnats. Le président m’a même défié, tout est parti de là, ce fut le déclic : « tu as gagné la première bataille mais pas la guerre ». Par la suite, j’ai été convoqué devant la commission d’éthique, d’ailleurs composé que d’hommes, et parmi les 15 représentants, seulement 3 étaient licenciés de la fédération. J’ai mis le doigt sur ce vice. En tant que juriste j’estime avoir l’expertise pour le signaler, et j’ai eu gain de cause. » 

« Ce n’est pas qu’une question de critique, je souhaite argumenter et donner des solutions » 

Marie-Christine Cazier estime avoir tendu la main à la Fédération plusieurs fois, en vain. « Ce n’est pas qu’une question de critique, je souhaite argumenter et donner des solutions. Je sème en effet une zizanie, mais j’ai 10 000 signatures de soutien. Mon projet est mûr et réfléchi depuis 3 ans. En 2016, je me suis fait avoir car j’étais novice. Aujourd’hui je suis prête car j’estime qu’il faut vraiment apporter un second souffle à la FFA : attirer de nouveaux jeunes, fidéliser et donner le sentiment d’appartenance de nos actuels et anciens athlètes actuels. Aujourd’hui l’athlétisme est entachée par des faits divers dont le dopage. Il faut redonner confiance à nos champions, c’est primordial. »

Une gouvernance déterminante qui donnera le cap vers 2024. Pour Marie-Christine, les Jeux Olympiques doivent se préparer dès maintenant ainsi que l’après compétition. « Aujourd’hui, au comité directeur il n’y a que des hommes d’environ 80 ans. Comment voulez-vous de la réactivité ?! Je vois loin pour cette fédération, plus loin que 2024. L’athlétisme reste la principale discipline historique et olympique. Il faut jouer sur cela. J’ai même le rêve qu’on puisse regrouper les JO handisports et valides en une seule fête. »

Un objectif a déjà été affiché de passer le cap des 500 000 licenciés en 2024 dans un programme ambitieux dévoilé le 5 novembre dernier. L’élection se tiendra le 5 décembre 2020, il n’y a pas d’autres candidats pour le moment. 

 

Propos recueillis par Aurélie Bresson 

Aurélie Bresson
09.11.2020

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