Margot Dumont « Avoir un enfant m’a bonifié dans la prise de décision et le développement d’idées »
Un Euro de football incertain, une Ligue des Champions diffusée la saison prochaine sur les antennes de beIN SPORTS, un bref passage sur les antennes de Sky Sports et toujours autant de passion sur les terrains de Ligue 2 : la journaliste sportive Margot Dumont revient sur sa nouvelle vie de maman et ses perspectives.
Les Sportives : Depuis la saison dernière, qu’est-ce qui a changé ?
Margot Domont : Je suis devenue maman, ce qui m’a permis de voir la vie et les priorités différemment. Au niveau de la vie professionnelle, on a été impacté au premier confinement avec l’arrêt des matchs. Il a fallu s’adapter sur beIN et sur les réseaux sociaux en utilisant le digital. Mais malgré tout, nous avons continué à être présents et à produire des interviews.
Le premier confinement lié à la crise sanitaire t’a-t-il permis d’évoluer et de te ressourcer ?
Je me suis ressourcée en famille et surtout, je me suis occupé de mon fils, ce qui est essentiel. Le travail est fondamental, mais il y a quand même des choses beaucoup plus importantes. C’était un très bon moment pour moi et surtout un bonheur de le voir grandir. Par rapport à mes missions sur la chaîne beIN SPORTS, le fait d’avoir un enfant m’a bonifiée dans la prise de décision et le développement d’idées. Des choses se mettent en place, car il y a eu un temps de réflexion. J’ai pris le temps de réfléchir, ce qui m’a permis de prendre en maturité. J’ai un peu plus de recul sur la vie, en général.
À quoi ressemble ton nouveau quotidien ?
Je rentre moins tard le soir pour profiter de mon fils et de son bien-être. Je partage des moments privilégiés avec lui. Pour le moment, il a 16 mois, donc il est encore dans ses phases d’apprentissage. Il a l’avantage d’apprendre à mes côtés ma langue maternelle qui est l’allemand. Il commence à comprendre certains mots. Mis à part moi et ma mère, personne ne la comprend dans ma famille. Ce sera donc notre petite langue secrète.
Comment se déroule cette saison ?
Elle se déroule plutôt bien malgré toutes les restrictions qu’il peut y avoir. On a la chance que le football se poursuive car ce n’est pas le cas dans tous les secteurs. Je continue à faire ce que j’aime et c’est le principal. Depuis 8 ans, je couvrais la Ligue 1, désormais, je m’occupe essentiellement du championnat de Ligue 2, même si je traite de tous les championnats dans l’émission « Le Football Show » de Florian Genton et Luis Fernandez.
« Il faudrait que les futures générations éduquent leurs enfants dans le respect et non dans la confrontation permanente »
Tu as dernièrement soutenu les performances de l’arbitre française Stéphanie Frappart sur Twitter, lors du match OL-METZ (0-1), alors que les supporters étaient furieux contre elle pour ses erreurs d’arbitrage. Tu as reçu des insultes avec notamment cette phrase : « Retourne dans ta cuisine ». Quelle a été ta réaction ?
J’évoquais le fait que Stéphanie Frappart était une très bonne arbitre avant qu’elle refuse le but pour l’OL. Cela prouve l’intelligence de ce réseau, car les internautes ne l’ont pas forcément compris. Lorsque les gens ne sont pas d’accord, le respect n’existe pas. Je me suis retrouvée avec une tonne de critiques, alors que la remarque était minime. Je considère que ces personnes n’ont pas très bien été éduquées dans leur vie. Il faudrait que les futures générations éduquent leurs enfants dans le respect et non dans la confrontation permanente pour de si petites choses.
Si Stéphanie Frappart avait été un arbitre masculin, y aurait-il autant d’effervescence ?
Que ce soit un homme ou une femme, j’aurais publié le même tweet. Je pense qu’il y aurait eu autant d’insultes, mais il ne devrait pas y avoir de différences de genre. En tant que femme journaliste, je suis toujours dans le viseur sur les réseaux sociaux, donc cela ne m’étonne plus.
Il est encore difficile d’être une femme, d’aimer le foot, de s’exprimer et d’être journaliste sportive ?
Oui, c’est encore difficile. Sur les réseaux sociaux je suis suivie par près de 90 % d’hommes et 10 % de femmes. Ces hommes vont être intransigeants dans ce que je vais tweeter, ce que je vais penser et ce que je vais faire. Je vais avoir encore plus de pression si je fais une erreur, ou si je donne un avis, qu’un homme journaliste. Dans ce milieu, les femmes sont encore rares. Nous sommes dans un pays où la mentalité avance petit à petit, mais ça reste encore compliqué de s’ouvrir. Il faut encore faire face à certaines remarques. Nous travaillons pour que ça s’améliore et que les mentalités progressent. Pour moi, ça n’a pas été tellement difficile car ma passion pour le foot est survenue lorsque je jouais avec mes cousins et j’adorais ça. J’ai une mentalité de garçon manqué et je subis un petit peu moins. Peut-être que j’ai un peu plus de répondant et surtout, je prends les choses un peu moins à cœur.
Que dirais-tu à cette nouvelle génération coupée de culture ou encore de sport ?
Le milieu du journalisme sportif est devenu difficile d’accès, encore plus qu’il ne l’était avant. Aujourd’hui, c’est devenu quasiment impossible de s’insérer dans ce domaine avec la Covid-19 et la crise sans précédent que traverse le football français actuel ainsi que la presse. Trouver un job, un emploi, un stage ou être pigiste dans une grande boîte de presse est de plus en plus compliqué avec les plans sociaux. On peut remarquer que le sport est consommé différemment depuis quelques années et forcément, on en subit les conséquences. Il faudra se réinventer même si cela va prendre du temps. L’important est d’être malin, de tirer son épingle du jeu en développant son propre média par exemple, son propre site sur Internet ou sur YouTube. La consommation a changé. J’ai d’ailleurs débuté en créant mon propre site avec l’interview de Sidney Govou, et je pense que cela a été un maillon essentiel pour la suite de ma carrière.
Après l’obtention d’un bac ES, tu as été formée à l’école de journalisme ISCPA à Lyon. Tu es passée par Lyon Capitale, Radio Espace, l’OL TV, BFM TV, L’Équipe TV ou encore CANAL+, et tu as même eu une expérience en D1 féminine. Si l’on regarde ton parcours, que peut-on dire sur Margot Dumont ?
C’était une petite fille passionnée qui savait déjà ce qu’elle voulait faire lorsqu’elle avait 8 ans. Elle n’a jamais lâché des yeux cet objectif et elle s’est toujours accrochée à ses rêves alors qu’elle venait de province, qu’elle ne connaissait personne dans le milieu journalistique et qu’elle regardait la télévision en se disant : « Je vais être journaliste ». C’est de la volonté, du travail, c’est aussi beaucoup de sacrifices. Je faisais des stages, car j’avais de l’envie, j’étais déterminée. Lorsque je rentrais le soir, j’écrivais mes articles et mes comptes rendu sur mon site internet. Je construisais même des podcasts en radio et je travaillais déjà pour quelques organes de presse. Ce n’est pas par hasard, j’ai eu une grosse volonté, beaucoup d’abnégation, du travail et de la rigueur sans compter mes heures. Lorsque je regarde en arrière, c’est vraiment cette volonté qui ressort, et les sacrifices qui ont payé. Il faut franchir des étapes, il faut apprendre, grandir, il faut faire des heures d’antennes. J’ai été souvent impatiente et puis en prenant de l’âge au fil des années, j’ai compris que tout arrive à point nommé pour faire face à n’importe quelle situation. J’ai gagné en expérience et j’ai surtout mûri. Je suis désormais prête pour les grands rendez-vous.
À présent, quels sont tes prochains objectifs ?
C’est de pouvoir vivre un deuxième EURO de football cet été et de couvrir les plus beaux terrains européens avec cette Ligue des Champions sur beIN la saison prochaine. On aura encore en 2022 une belle échéance avec une Coupe du Monde au Qatar. Ce sont des grands événements qui nous attendent et les objectifs sont surtout tournés vers ces événements. C’est ce qui nous anime en tant que journaliste ou joueur. Être sur le terrain, sentir l’odeur des crampons, toquer aux vestiaires et être au cœur de l’événement, c’est simplement un plaisir. J’espère continuer à travailler avec toujours autant de passions. Je suis aussi très contente d’être restée sur beIN car j’ai été approché par Téléfoot et à un moment donné, il a fallu que je réfléchisse. J’ai pesé le pour et le contre et je me suis rendu compte de la chance que j’ai d’être ici. Je ne voyais pas l’intérêt d’aller ailleurs, je voulais profiter de cette chaîne où je me sens très bien. Je suis bien entourée et très bien conseillée. La réflexion est toujours importante et j’en ai conscience. Il faut savoir se nourrir du conseil des plus anciens.
Propos recueillis par Solène Anson
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine