Les Bornées
À la rencontre des sportives

Les Bornées, le cyclisme au service de la féminisation du sport par la mixité

Aurélie Bresson
22.04.2020

Les femmes ne seraient pas capables de terminer l’Etape du Tour : c’est ce qui a éveillé la création des Bornées, un projet de féminisation du sport par la mixité, qui regroupe des passionnées et passionnés de cyclisme. Avec Les Bornées, projet initié par Maude Baudier, « personne n’est laissé sur le bord de la route ».

Tout a commencé en 2018, alors que Maude Baudier se préparerait pour participer à l’Étape du Tour, elle fait alors face à plusieurs remarques. « Tu es une femme, tu ne vas jamais y arriver », « tu te rends compte que des hommes ont abandonné ? ». Mais « bornée dans l’âme », plutôt que d’encaisser ces remarques sans sourciller, elle réagit : « avec ma coéquipière, nous avons pris à cœur de prouver la légitimité d’une femme sur l’épreuve. Seulement 5% de femmes étaient au départ de l’Étape en 2018. En partageant cette préparation sur les réseaux sociaux, un petit collectif de cyclistes a souhaité rejoindre le mouvement. Des hommes et des femmes nous ont soutenu et c’est ainsi qu’est né le projet ! »

 

Le parcours de Maude, de pratiquante à militante

A 29 ans, Maude est une sportive qui s’est pris d’amour récemment pour le cyclisme. Elle raconte : « J’ai toujours fait du sport avec un gros coup de cœur pour l’équitation dans ma jeunesse, que j’ai pratiqué pendant 10 ans. Mes études m’ont ensuite guidée vers le running : un sport gratuit sans contrainte d’horaires. J’ai couru le mythique Marathon de Paris en 2017 et à l’issue de cette participation, mon coach m’a dit de lever le pied pour éviter les blessures. Il m’a orientée vers un autre sport complémentaire moins traumatisant : le cyclisme ou la natation, au choix. »

« Motiver les femmes à pratiquer ce sport et oser prendre le départ de cyclosportives. »

 

Et finalement c’est le choix du cyclisme. « J’ai opté pour le cyclisme, avec pour seul objectif d’entretenir mon cardio et finalement, j’y ai pris goût ! C’est une discipline qui devient rapidement addictive : on voit des paysages sublimes, on a des sensations de vitesse, de technique et puis c’est un sport individuel que l’on peut pratiquer en collectif bien plus facilement que le running. Parler sur un vélo est quand même plus simple qu’en course à pied ! En fait, j’y ai pris goût au point de vouloir me confronter à l’étape du tour en 2018. Mais j’ai malheureusement aussi été confrontée à l’aspect « sexiste » de ce sport. »

 

« Un travail d’équipe de donner envie aux petites filles de pratiquer ce sport, ainsi qu’aux femmes. »

Projet Les BornéesLes Bornées c’est un projet de féminisation du sport par la mixité, qui regroupe des passionnées et passionnés de cyclisme sur toute la France, afin de proposer aux cyclistes et triathlètes un environnement de développement sportif et personnel positif.

En 2018, le projet a pris de l’ampleur : « les femmes n’ont pas seulement une place à se faire sur l’étape du tour, mais dans tout l’écosystème du cyclisme amateur compétitif. » L’objectif du projet : motiver les femmes à pratiquer ce sport et oser prendre le départ de cyclosportives. Depuis le projet a évolué devenant une communauté mixte qui se regroupe tous les week-ends afin de partager de bons moments à vélo. « Nos ambassadeurs et ambassadrices encadrent les cyclistes et les accompagnent dans leur pratique de ce sport : personne n’est laissé sur le bord de la route », explique Maude.

 

Et le Tour de France féminin en 2021

Récemment, ASO a l’annoncé un retour du Tour de France féminin en 2021, ce qui a forcément fait réagir Maud et son équipe des Bornées. « C’est une très bonne nouvelle ! Des femmes professionnelles vont elles aussi avoir leur place pour faire rayonner ce sport. C’est un pas en avant pour la démocratisation du cyclisme et sa féminisation dans sa perception par le public. Oui, il est légitime pour une femme de faire de la compétition. C’est un travail d’équipe de donner envie aux petites filles de pratiquer ce sport, ainsi qu’aux femmes. La présence de femmes athlètes de haut niveau qui seront médiatisées sur le Tour, comme la présence de Madame tout le monde qui s’éclate tous les week-ends sur son vélo de route, c’est la preuve que les choses avancent. En 2019, c’était 7% de femmes qui étaient inscrites au départ de l’étape (contre 5% en 2018) ! Il y a encore du chemin à faire, mais nous prenons chaque petite victoire comme un encouragement. »

 

Propos recueillis par Aurélie Bresson 

Aurélie Bresson
22.04.2020

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