La CM Women Cycling, la puissance associative d’une équipe cycliste féminine internationale
« La force de notre équipe, c’est l’esprit et la volonté des bénévoles qui la composent, mais c’est aussi sa faiblesse, car le bénévolat à ses limites », commence Jean-Christophe Barbotin, directeur sportif de la seconde équipe française à évoluer sous licence UCI, figurant parmi les 45 meilleures équipes au monde : la Charente-Maritime Women Cycling (CMWC). Une équipe cycliste composée de personnes engagées comme passionnées, du staff aux coureuses, autour d’une volonté commune : être au meilleur niveau, comme des professionnelles.
Créée en 2013, la Team CMWC alors appelée DN17, n’a eu de cesse de placer la formation des jeunes cyclistes féminines au coeur de son développement afin de les amener au plus haut niveau. Ainsi, jusqu’en 2018, la DN17 s’est positionnée comme l’une des meilleures équipes françaises. L’ascension s’est faite très rapidement puisque dès 2014 elle a participé à des courses internationales. En 2016, l’équipe remporte la Coupe de France en individuelle et le titre collectif avec dans ses rangs la championne portugaise Daniela Reis.
De nombreuses cyclistes ont été formées à la DN17 et ont intégré des équipes UCI par la suite, avec notamment plus de 50 sélections en équipes de France comptabilisées en l’espace de quatre ans. Puis, en 2019, forte des résultats accumulés, et poussée par des envies encore plus ambitieuses de performance, la DN17 est devenue la Team CMWC et évolue sous licence UCI.
Une équipe aux ambitions de professionnalisation
Désormais installée à La Rochelle, préfecture de la Charente-Maritime, l’équipe, et son staff souhaitent implanter durablement leur Service Courses. Soutenue par de nombreux partenaires tels que la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de Charente Maritime, Groupama, Feelings Event, et Renault, l’équipe ne demande qu’à grandir.
Jean-Christophe Barbotin, le directeur sportif le souligne: « Sur l’avenir, notre ambition est d’établir une relation professionnelle avec un partenaire majeur qui nous permettra de structurer encore mieux l’équipe. L’objectif : nous lancer vers de nouvelles ambitions.»
Après 16 ans d’encadrement dans le cyclisme féminin professionnel, à la direction sportive de trois équipes UCI dans toute sa carrière, Jean-Christophe Barbotin a également été l’entraineur de Marion Rousse pendant 4 ans (Championne de France en 2012 et consultante France TV). Convaincu par le cyclisme féminin, il est aujourd’hui convaincu du potentiel de cette équipe : « Elles s’entrainaient tous les jours, elles ne sont même pas rémunérées. Elles sont motivées.»
« Il faut que les filles soient reconnues à leur juste valeur »
Plus que motivées, elles sont passionnées. En témoigne Noémie Abgrall, 5èmeaux championnats de France espoirs, qui est sur sa deuxième année dans l’équipe : « Je suis plutôt baroudeuse et j’aime avoir un coup d’avance. Avec cette équipe je sens que je l’aurais. Et le calendrier sportif de cette année (avant le confinement) était particulièrement motivant ». Toute comme elle, l’ensemble des coureuses a été particulièrement motivé par le calendrier sportif ambitieux. C’était sans compter sur l’intervention de la force majeure : le coronavirus.
Parmi les 12 athlètes composant cette équipe cycliste, seules deux d’entre elles en vivent. Sarah Inghelbrecht, est de métier responsable communication de l’équipe Continental, Marine Quiniou, quant à elle, est professeur de sport, Balladyne Tritsch est ingénieur dans la recherche de médicament pour animaux, Manon Souyris est ingénieur en génie civil, tandis que Lucie Lahaye, Alice Coutinho et Célia Le Mouel sont encore étudiantes. Manon Minaud et Noémie Abgrall sont en service civique pour l’équipe. Il n’y a que Coralie Demay et Severine Eraud, salariées au ministère des armées, qui vivent de leur sport.
« Il faut que les filles soient reconnues à leur juste valeur, insiste Jean-Christophe Barbotin, les entreprises, en général, misent sur le sport masculin, mais pas sur les filles. On fait enfin notre entrée dans le calendrier UCI, j’espère que ça va permettre une certaine professionnalisation de notre équipe. Quel que soit le calendrier qui tombera, on est prêt on a le budget ».
« Ce qui doit faire grandir le cyclisme féminin, c’est l’aspect structurel »
Un engagement associatif aux convictions fortes pour le cyclisme féminin
Développer, accompagner et promouvoir le sport féminin par le cyclisme en réduisant notamment les différences avec les sportifs masculins : telle est l’ambition affichée par la CMWC. Entourées de bénévoles, les filles peuvent compter sur un staff de poids : triple champion du monde de duathlon longue distance en 2014, 2015 et 2018, professionnel chez Ralleigh GAC (team britannique Continental UCI), Manager sportif de Breizh Ladies (division nationale) pendant 6 ans, Gaël Le Bellec est le directeur sportif de cette équipe. A ses côtés, Jonas Dupuis, ancien entraineur au Véloce Club Charente Océan. Ils peuvent également compter sur Bruno DRAPRON, manager général, Guillaume BARNY, manager Administratif en charge de la communication et des partenariats, et de Clémence Eraud, Michel Seigneur, Gérard Damiens, Maxime Gantier, et Maryvonne Sudrie-Barbotin, respectivement masseurs kinés, mécaniciens et médecin.
Et même si le cyclisme féminin a enfin ses titres de noblesse, Jean-Christophe Barbotin reste très méfiant : « Rien n’est gagné. La médiatisation croissante nous a aidés, c’est certain. Mais ce qui grandit dans le sport féminin, et qui doit faire grandir le cyclisme féminin, c’est l’aspect structurel sur l’organisation. Et ça, ce n’est pas encore gagné. Et dans cette situation (ndlr: crise sanitaire due au COVID19) c’est encore le sport féminin qui va trinquer le plus ! En plus il y a moins de filles qui sont formées qu’il y a 10 ans. Il n’y a pas plus tant de filles qui font du haut niveau. Il faut continuer à professionnaliser. Et, surtout, à y croire. »
Propos recueillis par Aurélie Bresson
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