À la rencontre des sportives

Emmanuelle Bonnet Oulaldj joue la carte multisports pour sa candidature à la tête du CNOSF

Benoit Pelegrin
02.02.2021

La présidente de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), une fédération pluridisciplinaire forte de 270 000 pratiquantes et pratiquants, a proposé le 23 janvier sa candidature à la présidence du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Rencontre.

Gymnastique, handball, basket, escalade, équitation, athlétisme, natation… C’est comme si la pratique sportive d’Emmanuelle Bonnet Oulaldj la prédestinait dès son enfance à se diriger vers une structure multisports. C’est donc logiquement qu’elle intègre en 2003 la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), qui regroupe une centaine d’activités, d’abord en qualité de responsable des relations internationales.

« Tombée amoureuse » de l’organisation, la jeune femme en intègre la direction fédérale collégiale en 2008 avant de la représenter auprès du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), instance dont elle brigue aujourd’hui la présidence. En parallèle, de nouvelles responsabilités en nouveaux projets, Emmanuelle Bonnet Oulaldj prend les rênes de la FSGT en 2017. « L’expérience d’une fédération multisports est un atout dans ma candidature » à la tête du CNOSF, explique-t-elle aux Sportives Magazine. À l’image de ce qui est réalisé au sein de la FSGT, « le CNOSF a tout à gagner en développant la transversalité entre les disciplines ».

À la fois représentant du mouvement sportif français auprès des pouvoirs publics et du Comité international olympique (CIO) en France, le CNOSF a un double rôle. Mais lorsqu’elle heurte la bande du filet, la balle a plutôt tendance à retomber du côté de l’olympisme, et donc des fédérations et des athlètes concerné·e·s. Or « dans les faits, le CNOSF ne devrait pas plus s’intéresser au haut niveau qu’au sport pour tous », répond la candidate. « Il doit trouver un équilibre entre les deux, entre les sujets qui concernent purement les Jeux olympiques, où les fédérations olympiques ont naturellement un rôle majeur, et tous les autres. »

Outre Emmanuelle Bonnet Oulaldj, deux autres candidat·e·s se sont fait·e·s connaître pour prendre la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à la suite de Denis Masseglia, contraint après quatre mandats et à 73 ans de passer la main. Il s’agit de Brigitte Henriques, vice-présidente de la Fédération française de football (FFF) et Patrice Martin, ancien champion du monde de ski nautique. Le président de la Fédération française de ski (FFS) Michel Vion, chef de mission de la délégation française au Jeux de Tokyo, a quant à lui annoncé qu’il ne se présenterait pas.

« Se sentir plus libre »

Si elle venait à être élue en juin, Emmanuelle Bonnet Oulaldj serait la première femme à ce poste, qui plus est la première présidente issue d’une fédération non olympique. La première aussi à porter haut et fort le pouvoir « culturel et émancipateur » du sport. « La pratique sportive, au-delà du simple défoulement, est utile à la santé et à l’équilibre des individus, mais pas seulement, souligne-t-elle. Elle joue un rôle essentiel dans leur épanouissement. Grimper un mur d’escalade, courir 20 kilomètres alors qu’on n’en parcourait à peine 5 quelques mois auparavant, ce sont des moments essentiels qui permettent de se sentir plus libre. » Une vision moderne et ouverte vers les autres mouvements associatifs, la recherche, une forme d’économie sociale et solidaire… « En se connectant davantage avec la société, le sport peut mieux comprendre les besoins des individus et apporter plus efficacement sa part de solution », résume-t-elle. Un rôle essentiel aujourd’hui.

Le mandat à venir du CNOSF est d’autant plus important qu’il verra dans moins de quatre ans la France accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. « L’enjeu pour Paris 2024 est aussi de marquer un tournant pour le développement des activités physiques et sportives pour toutes et tous en France », prône Emmanuelle Bonnet Oulaldj. « Il faut que ces Jeux soient un levier pour la pratique et les clubs, mais aussi une grande fête populaire », forte de moments inoubliables, à l’image de la médaille d’or au concours de saut d’obstacle d’un certain Pierre Durand en 1988 à Séoul, avec Jappeloup, devant les yeux ébahis de millions de personnes… dont ceux d’une jeune Emmanuelle.

Benoit Pelegrin
02.02.2021

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