Céline Champonnet a lancé avec Wilma son cuissard menstruel
À la rencontre des sportives

Avec Wilma, la pratique du cyclisme est facilitée grâce au cuissard menstruel

Claire Smagghe
06.08.2022

Céline Champonnet est la fondatrice de Wilma, une marque de vêtement de cyclisme « pensée par des femmes, pour des femmes ». En mars 2022, elle a lancé une nouvelle innovation, le cuissard menstruel, pour permettre aux femmes de rouler librement même en période de règles. Rencontre avec la fondatrice dans les coulisses du Tour de France Femmes avec Zwift. 

Les Sportives : Sur quel constat s’est fondée l’envie de lancer le cuissard menstruel ? 

L’idée c’était vraiment de répondre aux premiers besoins physiologiques des femmes, qu’elles puissent rouler pendant leurs règles. Quand on fait du vélo, on ne met de pas de sous-vêtements sous le cuissard. C’est donc très compliqué pour les femmes en période de règles. Cela entraine différentes problématiques. Les femmes sont obligées de mettre soit des tampons soit des cups qui ne sont pas adaptés à la pratique du vélo, et au bout d’un moment, cela fait mal. C’est une douleur à gérer en plus celle de la pratique.

Et il y a aussi la charge mentale. Si tu roules plus d’une heure, tu dois prendre une protection de rechange avec toi et anticiper, quand tu traces ta carte, où est-ce que tu vas pouvoir aller te changer avec un minimum d’intimité et d’hygiène. Et il y a aussi une problématique pour les jeunes filles qui ne mettent pas encore de tampons ou de cups, et qui du coup ne peuvent pas pratiquer pendant leurs règles. Il y a également une dimension écologique, pour éviter l’utilisation de produits jetables. 

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S’agit-il de votre unique produit ? 

Non, on a lancé la marque Wilma en décembre 2020 en pré-commande avec des produits qui composent de manière classique le vestiaire cycliste avec des cuissards, des jersey, coupes-vent, chaussettes, etc. On a lancé l’entreprise comme cela car nous étions en plein Covid et toute la branche recherche et développement était fermée. Mais je voulais quand même lancer la marque. J’ai travaillé avec des ingénieurs textile en parallèle pour lancer ce cuissard menstruel. 

Pouvez-vous nous expliquer davantage sur quoi repose cette innovation ?

L’innovation est vraiment autour du pad : la peau de chamois à l’intérieur du cuissard. Le cahier des charges donné aux ingénieurs était hyper précis. On voulait qu’il soit éco-conçu. Il est fabriqué en Italie et bio-dégradable à 90 %. Et puis il fallait que le cuissard reprenne les mêmes propriétés que les culottes menstruelles et qu’il évacue la transpiration. Avec ce cuissard menstruel, on peut faire jusqu’à six heures de vélo sur le jour le plus abondant. Il fallait aussi que la forme du pad s’adapte aux points d’appuis féminins. Il y a un creux au niveau des lèvres pour ne pas que cela crée des pincements, de même au niveau du clitoris pour ne pas que cela appuie et endorme la zone. Il n’y a pas de coutures sur le pad pour éviter tout frottement. On a beaucoup travaillé la-dessus.

Le cuissard menstruel a été pensé pour s’adapter à toutes les morphologies.

Les coupes et les matières sont-elles différentes des produits que l’on trouve déjà sur le marché ? 

Oui. Le cuissard sans bretelles a été développé pour s’adapter à toutes les morphologies. Il n’y aucune couture droite. Elles sont toutes un peu incurvées pour s’adapter au bassin des femmes. Souvent, en bas du cuissards, on est souvent comprimées car les femmes ont plus de gras que les hommes dans les jambes. On a donc travaillé sur une coupe pour éviter cet effet compression. On veut vraiment lever tous les freins à la pratique. 

On a également travaillé sur les matières techniques. On s’appuie sur des fabricants spécialisés dans les matières de sport, qui sont des fabricants de matières utilisées par d’autres marques de sport. Il y a un travail aussi sur les coupes, adaptées aux morphologies féminines. On va du XS au XXXL. Dès que l’on passe la taille L, les formes sont différentes. C’est la dessus que l’on va travailler. On essaye de trouver des matières qui sont soit françaises, soit européennes, toujours très haut de gamme. La fabrication se fait en France, en Italie ou en Espagne. 

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Quel est votre rapport au vélo ?

Je suis une jeune cycliste dans l’univers du vélo. Cela fait environ trois ans que je pratique. Mais cela fait longtemps que je connais l’univers du vélo car mon conjoint pratique depuis plusieurs années. J’ai mis longtemps à m’y mettre. C’est un univers très masculin, très orienté vers la compétition. En tant que femmes, c’est très difficile de se faire une place mais il a finalement réussi à me convaincre. Tout de suite s’est posée la question de l’équipement car je ne trouvais pas de produits. Je m’équipais en petite taille rayon hommes. Et c’est comme cela qu’est venue l’idée de la marque. Je voyais l’évolution du nombre de pratiquantes et j’avais vraiment envie d’aider les femmes à se sentir plus libres de commencer le vélo.

 
Quel est votre prochain défi ? 
 
On veut vraiment faire connaitre cette innovation mondiale. On sait que d’autres marques, qui ont des plus gros moyens que nous, pourraient essayer de s’approprier ce sujet-là. Aussi, on veut lancer d’autres innovations dont je ne peux pas encore parler, car on va pouvoir déposer un brevet. 
 
 
Propos recueillis par Claire Smagghe
Crédit photo : Claire Smagghe
Claire Smagghe
06.08.2022

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