Récit

Mélanie de Jesus dos Santos : « J’ai du mal à réaliser pour le moment »

Louise Le Borgne
05.10.2023

Grâce à une prestation sans faute, l’équipe de France a terminé troisième des championnats du monde, derrière les États-Unis de Simone Biles et le Brésil. Il s’agit de la première médaille mondiale par équipes pour les Tricolores depuis 1950. Retour sur ce concours hors du temps. 

Elles l’ont fait ! Dans les travées du Palais des Sports d’Anvers, les Françaises jubilent, dansent et chantent à gorge déployée. Marine Boyer, Lorette Charpy, Coline Devillard, Mélanie de Jesus dos Santos et Morgane Ossysek-Reimer ont décroché une médaille de bronze surprise, mercredi 4 octobre, lors des Championnats du monde de gymnastique. Les Françaises n’ont été devancées (167,729 points) qui décrochent leur 7e titre consécutif et le Brésil (165,530 points).

« J’ai du mal à réaliser pour le moment », confie Mélanie de Jesus dos Santos. Médaille autour du cou, la quadruple championne d’Europe ne cache pas son émotion. Voilà plus de 73 ans que les Bleues attendaient une médaille mondiale par équipe. La dernière (et unique) récompense décrochée par l’équipe de France féminine remontait à 1950. « On a tellement pas l’habitude des podiums qu’on a raté notre entrée. La fille m’a dit trois fois : il faut monter là, c’est à vous… », relate, hilare, Coline Devillard, accompagnée des rires de ses équipières.

Un sans-faute

Si elles ne partaient pas avec le plus gros niveau de difficulté, les Françaises ont été les seules à avoir réalisé un sans-faute. Déconcertantes de maîtrise de bout en bout, les Françaises n’ont pas chuté. Mieux, ces dernières se sont montrées sous leur meilleur jour, à l’image de l’excellent yurchenko double vrille réalisé par Mélanie De Jesus Dos Santos, du mouvement de barres de Lorette Charpy ou du sol grâcieux de Morgane Ossysek.

« C’est la première fois que l’on abordait une finale mondiale sans attentes. La qualification olympique était assurée et donc on est arrivées détendues. On a pris un passage après l’autre, et ça a marché ! », retrace Coline Devillard.

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« Je n’arrivais plus à compter »

Chacune de ces performances s’additionnant, la France a vite compris qu’elle pouvait jouer la médaille. Au coude-à-coude avec les Chinoises et les Italiennes sur la dernière rotation, le sort des Bleues s’est joué sur la poutre. Morgane Osyssek et Marine Boyer ayant évacué l’enjeu, tout reposait sur les épaules de Mélanie de Jesus dos Santos. « À la fin, je n’arrivais plus à compter, témoigne l’intéressée. Mais je ne pouvais pas finir avec un truc raté. D’abord pour moi, et ensuite parce que je savais qu’en réussissant, j’apportais une bonne note à l’équipe. » Un total de 13,10 points était nécessaire pour sécuriser la médaille. Le panneau de résultat en a affiché 14,00.

D’ordinaire réservée, la Martiniquaise a fondu en larmes, étreinte par ses compatriotes puis chaleureusement félicitée par la reine de la discipline, Simone Biles, avec qui elle s’entraîne au Texas. Un premier aboutissement pour celle qui avait confié après des qualifications décevantes, « vouloir absolument décrocher une médaille avant la fin de [s]a carrière ».

Moins de 48 heures plus tard, voici son objectif réalisé. Mieux, avec un total de 56,50 points sur les quatre agrès, la jeune femme a frappé un grand coup avant la finale du concours général individuel, le plus prestigieux, vendredi 6 octobre. Mais chaque chose en son temps. Désormais, place au repos : « Je suis vidée. Là, tout de suite, je rêve juste d’un grand bol de riz. Avec du poulet ou bien du riz cantonnais », glisse dans un éclat de rire l’intéressée. La recette du succès.

Crédit photo : International Gymnastics Federation – FIG

Louise Le Borgne
05.10.2023

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