Récit

Marjorie Delassus, un quotidien à vagues

Emma Forton & Killian Tanguy
20.06.2023

Marjorie Delassus est en équipe de France de canoë, qu’elle a commencé très jeune, à seulement 8 ans. Elle s’entraîne actuellement sur la base de Vaires-sur-Marne, où se dérouleront les épreuves olympiques, dans la perspective de s’y sélectionner. Immersion dans la vie quotidienne de la céiste. 

Les grasses matinées, Marjorie Delassus ne les connaît pas vraiment. Chaque matin de la semaine, elle se lève à 7h30, et pas bien plus tard le week-end. « Je suis du matin. J’aime me lever tôt et commencer ma journée pleine d’énergie », lance Marjorie Delassus. Au petit-déjeuner : un œuf, des tartines de pain, une orange et un café. « L’alimentation est importante pour les athlètes, donc je fais attention. » La voilà prête pour affronter sa journée.

Au programme, deux à trois entraînements dans la journée, sur l’eau et en salle de musculation, mais aussi de la course à pied, du vélo et du yoga. Près de 20 heures par semaine. La première séance débute aux alentours de 10 heures, et comme elle loge juste à côté de la base nautique olympique de Vaires-sur-Marne, il ne lui faut qu’une dizaine de minutes pour y aller en vélo. Elle y retrouve Camille Prigent, sa « partenaire d’entraînement et meilleure amie ». Pas d’adversité puisqu’elle est kayakiste.

Après un rapide briefing de la séance avec son entraîneur Nicolas Labatte, direction le vestiaire pour s’équiper : « On a besoin de beaucoup de matériel : imperméable, gilet de sauvetage, casque et pagaie. » En fonction de la séance, l’échauffement n’est pas le même : directement sur l’eau, ou avec de la mobilité des épaules pour des sessions plus denses. Les séances sont variées : canoë dans le bassin d’eau vive, en eau calme, gammes techniques ou encore, avec de l’intensité et du fractionné. Un entraînement dure, en général, 1h15 à 1h30, avec un retour au calme pour la clôturer.

Manger et récupérer : points cruciaux dans sa préparation

De retour à la maison, elle prépare son déjeuner. « Je varie les repas mais je fais toujours une assiette avec des féculents, des légumes et des protéines comme de la viande blanche, du poisson et surtout des œufs. Je mange beaucoup de fruits aussi », détaille-t-elle. En plus de ses repas, des collations l’accompagnent également, après chaque entraînement : « Un yaourt, un fruit, des amandes ou des barres de céréales. » Elle a souvent l’impression de manger à longueur de journée. « Ce ne sont pas des calories que je stocke mais elles permettent à mon corps de se régénérer. »

Ensuite, pas de sieste pour Marjorie Delassus, comparé à ses homologues. Elle lit et surtout, se pose. D’autant plus depuis sa blessure au genou en décembre dernier. « J’ai tendance à en faire beaucoup et je sens que mon corps a besoin de se reposer entre les entraînements. »

Elle enchaîne ensuite les séances de l’après-midi : la première à partir de 14 heures et la seconde à 15h30, ou à 16 heures quand il n’y a que deux séances dans la journée, ce que préfère la céiste. « La pause est plus grande entre les deux entraînements, ce qui permet d’être plus fraiche sur le second. » S’enclenche alors une phase de récupération : du vélo d’appartement, des étirements ou des séances de cryothérapie (exposition au froid), à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Celle-ci est également rythmée par des séances chez le kiné, deux à trois fois par semaine.

19 heures sur le cadran quand elle rentre. Le moment, donc, de préparer son repas après sa journée bien remplie. « Le soir, j’essaie de manger moins de féculents et plus de légumes, mais tout dépend de mes entraînements. » Après le repas, nouvelle session de lecture, « rien de très original ». Puis, le coucher arrive… très vite. « J’essaie de dormir vers 22h00-22h30. Pour des gens de mon âge, c’est assez tôt ! », blague la jeune femme de 25 ans.

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Bien accompagnée dans sa préparation

Pour progresser, plusieurs compléments à l’entraînement physique sont nécessaires. « Notre sport se caractérise par des sessions d’analyse vidéo », une à deux fois par semaine. Celles-ci peuvent se faire en autonomie ou avec son entraîneur. « On regarde les images pour voir comment modifier certains gestes techniques et comparer les temps de passage », explique-t-elle. 

La préparation mentale fait aussi partie de son quotidien d’athlète. « On discute de comment se sont passées mes semaines d’entraînement, mes dernières compétitions, comment je me suis sentie, ce que je cherchais sur la course et ce qui m’anime finalement. C’est un discours très positif. » Pas de séances définies, « c’est quand je ressens le besoin de parler. »

Bien s’entraîner, c’est aussi savoir déconnecter, « souvent le dimanche ». Quand elle passe par Paris, Marjorie Delassus en profite pour faire des activités qu’elle n’a pas le temps de faire la semaine « comme aller au théâtre, me balader, faire un repas avec des potes, danser ou encore écouter de la musique. » La céiste est aussi pâtissière à ses heures perdues. « J’adore cuisiner des gâteaux que je vais manger avec mes amis. » La diplômée de kiné apprécie également ouvrir ses bouquins d’anatomie. « J’avoue que ce n’est pas le plus passionnant », en rigole-t-elle, mais c’est primordial pour sa reconversion.

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« Toute ma vie tourne autour de la préparation des Jeux »

Ce quotidien a démarré en décembre 2021, quelques mois après les Jeux olympiques de Tokyo : « Former les groupes avec les nouveaux entraîneurs, décider des dates et des lieux de stages. Toute la planification jusqu’à Paris. » Mais entre-temps, sa blessure a bouleversé son programme. « Ce n’était pas le bon moment. J’ai dû m’adapter et préparer mon projet olympique différemment. » Elle décide de ne pas se faire opérer pour éviter de paralyser sa préparation, mais fait vite face à des hauts et des bas. « Même si j’ai repris assez vite, il y a des semaines où ma jambe ne va pas bien parce que mon corps me fatigue. »

Pour l’instant, Marjorie Delassus a « dû mal à se situer » pour les Jeux de Paris. « C’est un sport mouvant où il faut toujours s’adapter. Une petite erreur peut coûter très cher. » Mais elle reste très optimiste pour la suite : « La saison passée, j’étais leader au niveau national. Je me suis bien entraînée cet hiver et j’ai tout mis tout en place pour que cela fonctionne. On verra ! » Et surtout, elle est extrêmement motivée. « Toute ma vie tourne autour de la préparation des Jeux. Chaque matin, je me lève et je sais pourquoi je le fais. Je veux aller chercher une médaille d’or à Paris. »

Crédit photo : ICFMedia

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Emma Forton & Killian Tanguy
20.06.2023

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