Laurent Godet et Monique Bernard
Dossier

Neptunes de Nantes : une mutualisation pour plus de moyens

Assia Hamdi
21.06.2023

Un an après la mutualisation, qui a permis aux équipes de volley et de hand nantaises de fusionner sous le nom des Neptunes, le président délégué, Laurent Godet, expose la stratégie adoptée.

Après avoir bûché une année sur ce projet novateur, les Neptunes sont nées en juin 2022. À Nantes, l’équipe féminine professionnelle de volley et l’équipe féminine professionnelle de handball se sont unies pour former le premier club féminin omnisports indoor. Un modèle unique en Europe pour le sport au féminin. Les Sportives a été à la rencontre de Laurent Godet, président délégué des Neptunes de Nantes, pour échanger sur les contours de ce nouveau challenge.

Les Sportives : Quels sont les avantages de cette mutualisation ?

Laurent Godet : Nous collaborons avec 150 entreprises partenaires, surtout locales. Souvent, la difficulté pour les entreprises qui investissent dans le sport, c’est que c’est un monoproduit. Alors que là, l’expérience client est double. Avec le volley et le hand, il y a deux championnats, deux coupes de France, deux coupes d’Europe… Elles ont accès à des packs VIP pour assister à la fois aux matchs de hand et de volley, ce qui permet aux entreprises qui investissent de toucher plus large car elles ne visent pas la même cible. Il y a aussi des avantages au sein de l’entité, parce qu’on regroupe des forces des deux clubs autour de quatre pôles : la communication, le commercial, le match day, et le financier et administratif. Et cette mutualisation permet d’avoir plus de moyens. Elle permet également à l’équipe de volley de bénéficier de la visibilité de celle du handball.

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Parlons maintenant du grand public. En 2023-2024, vous avez proposé une journée avec un match de hand et un de volley. Comment ça s’est passé ?

Effectivement, ça s’appelait « Osez le Sport féminin » et deux rencontres étaient organisées. À 16h30, on proposait un match de l’équipe de volley, et à 20h30, un match de l’équipe de handball. 5000 personnes se sont déplacées : elles avaient acquis des billets pour les deux matchs, à des prix allant de 7 à 14 euros la soirée. Mais la mutualisation porte déjà ses fruits. Sur la saison 2022-2023, on double l’audience du volley en passant d’une moyenne de 800 à 1700 spectateurs. C’est super !

Quelle est aujourd’hui votre stratégie en matière de médiatisation des Neptunes de Nantes ?

Grâce à des affichages publicitaires, des radios locales voire des quotidiens comme Ouest-France, Presse Océan ou Télé Nantes. On utilise aussi différents réseaux sociaux selon le public visé. LinkedIn pour le BtoB, Facebook pour toucher le grand public senior et Instagram pour les plus jeunes. Mais les chiffres de l’ARCOM sont désastreux. J’ai récemment interpellé Laurent-Eric Le Lay (directeur des sports de France Télévisions, ndlr) en lui suggérant une émission hebdomadaire sur le sport au féminin. Il m’a répondu que c’était une bonne idée. Face au manque de sport au féminin à la télévision, la réponse des dirigeants des grands groupes de médias est de dire qu’il n’y a pas assez d’évènements d’ampleur.

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Il est quand même logique que les Neptunes touchent davantage les médias locaux. Envisagez-vous d’attirer d’autres régions ?

Oui, on souhaite que des femmes de Marseille, et de Lyon, entre autres, s’intéressent aux Neptunes. Et pour faire connaître l’équipe, on a mis en place un temps d’échange avec les joueuses. Je me suis aperçue que ce sont des athlètes mais aussi des diplômées. Elles ne peuvent pas vivre de leur passion, poursuivent leurs études et ont des histoires incroyables à raconter. On essaye de valoriser cela auprès du public.

Avec Marie-Sophie Obama, présidente déléguée de l’Asvel féminin, vous avez annoncé cette saison votre objectif de créer un groupement d’intérêt économique de clubs professionnels féminins et dans lequel se trouverait les Neptunes de Nantes. Pourquoi cette démarche ?

Un exemple : la question de la logistique et des déplacements pèse lourd dans le budget d’un club. Concrètement, nous recherchons donc des entreprises pour nous rejoindre et nous permettre d’avoir certains prix plus abordables. Par exemple, que sur les nuitées, un groupe hôtelier nous accompagne et fasse des tarifs avantageux. Ou que la SNCF nous propose des tarifs spéciaux via un accord. On est un club à mission, donc on veut maîtriser notre bilan carbone. Le but à terme est d’associer nos compétences entre clubs pour accélérer notre développement économique et, plus largement, celui du sport au féminin. 

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Assia Hamdi
21.06.2023

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