Sport 2021 interview INSEP
Dossier

Carole Maître, gynécologue à l’INSEP « La prise en compte des besoins des sportives en terme de seins a permis d’améliorer les modèles »

Assia Hamdi
21.09.2021

Au fil des décennies, les études scientifiques ont prouvé que les seins des sportives n’étaient pas assez protégés. Un constat a fait évoluer la recherche en matière de sous-vêtements de sport. Si l’offre est aujourd’hui plus large, le choix du modèle doit toujours se faire avec précaution, nous confirme la gynécologue de l’INSEP, Carole Maître.

Les Sportives : Depuis trente ans, quelles ont été les évolutions les plus notables en matière de sous-vêtements dans le sport ?

Carole Maître : Aujourd’hui, on évite les coutures et une doublure masque la fermeture. La sportive bénéficie d’une profondeur de bonnet ou de tissus élastiques, transpirants et adaptés à la pratique. Elle peut avoir des renforcements où elle le nécessite, ainsi que des bretelles assez larges pour ne plus la blesser. Les sportives savent qu’elles auront un meilleur confort et que le ballottement de leur poitrine peut être évité. De fil en aiguille, la demande a augmenté. Les tissus sont aujourd’hui pratiquement des secondes peaux. Dans les rayons, on trouve aussi des sous-vêtements sans coutures et même sans fermetures.

Auparavant, quand les sportives couraient un marathon, elles se bandaient juste la poitrine pour ne pas être gênées.

Quand nous sommes-nous rendu·es compte qu’il était nécessaire de mieux sécuriser la poitrine des sportives ?

Auparavant, quand les sportives couraient un marathon, elles se bandaient juste la poitrine pour ne pas être gênées. Ce sont de nouvelles recherches qui ont permis de mettre en exergue le fait qu’il y avait un besoin de soutien mammaire, du fait des mouvements verticaux de la poitrine de façon répétée. Ces études scientifiques ont montré la pression imposée à la poitrine et que les baleines de soutiens-gorges ou les coutures aussi pouvaient engendrer des lésions. C’était le cas en course à pied, par exemple. Les ligaments de Cooper, qui soutiennent la glande mammaire, ont une certaine fragilité. Et s’ils sont étirés de façon répétée et excessive, comme par exemple durant un effort sportif intense de plus de deux heures, la poitrine peut finir par tomber. On appelle cela une ptôse mammaire. On sait aussi désormais, par exemple, que le frottement d’un maillot répété sur un mamelon non protégé peut impliquer un écoulement mammaire.

Les sportives de haut-niveau viennent-elles encore consulter par rapport à leurs seins ?

Cela arrive moins souvent qu’il y a quelques années. La prise en compte de leurs besoins et de données médicales a permis daméliorer les modèles. La poitrine se fait oublier car il y a un maintien sans compression extrême et donc cela permet souvent un bon travail musculaire ou une bonne activité. Sans oublier que le tissu graisseux nest pas élevé chez les sportives de haut-niveau, donc elles ont souvent des petites poitrines. Certaines ont fait des interventions de réductions mammaires (comme la joueuse de tennis Simona Halep, NDLR), mais cela reste assez rare.

À quoi chaque sportive doit-elle aujourd’hui faire attention quand elle choisit une brassière ou un soutien-gorge ?

La brassière est aussi devenue un vêtement du quotidien. Quelle sportive nen a pas une dans sa commode ? Même quand on pratique la course à pied une à deux fois par semaine, il faut avoir un maintien. Si cest un premier achat, il faut évidemment dabord se sentir à laise. De mon côté, je conseille en priorité de bien analyser les bretelles. Elles doivent être assez extensibles pour ne pas comprimer la partie extérieure de l’épaule. La couture entre le bonnet et le rebord peut être source de lésions, surtout lorsqu’il fait chaud. D’autant que la peau est fine à cet endroit-là, donc il faut sassurer quaucune couture ne vienne blesser sous le sein.

Propos recueillis par Assia Hamdi

Assia Hamdi
21.09.2021

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