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Les femmes journalistes témoignent et se mobilisent contre le harcèlement moral et sexiste dans les rédactions de sport

Aurélie Bresson
26.04.2020

« Blagues » misogynes et homophobes, propos humiliants et dégradants, ostracisation… Les trois journalistes racontent leurs douloureuses expériences au sein de rédactions sportives. Clémentine Sarlat, ex-présentatrice de l’émission Tout le sport, a ouvert la voie dans les colonnes de l’Equipe du 4 avril. Elle n’est pas un cas isolé, et cette rédaction n’est pas la seule mise en cause. Tiffany Henne, Andrea Decaudin, ont également souhaité libérer la parole soutenues par trente-sept femmes journalistes de l’Equipe. 

 

Dans un entretien à L’Equipe du samedi 4 avril, la journaliste Clémentine Sarlat a expliqué pourquoi elle a décidé de quitter France Télévisions en 2018. J’allais à Stade 2 en pleurant » : elle raconte notamment son retour de grossesse. « Pour la préparation de l’émission, personne ne me parlait, ils m’avaient mise dans un bureau à part, loin des rédacteurs en chef (…) Du coup je n’étais pas impliquée, c’est vrai, mais j’avais l’impression d’un coup de poignard dans le dos. Surtout que le retour d’un congé maternité est une période fragile pour les femmes», raconte-t-elle au quotidien sportif.

Dans son sillage, la parole se libère. Tiffany Henne, 29 ans, qui travaille au sein des rédactions de RMC Sport, BFM et SFR Sport a également témoigné sur Twitter en racontant à travers un long texte «l’enfer» que lui a fait subir un ancien rédacteur en chef d’une autre rédaction. «Devant un ancien sportif devenu consultant pour la chaîne (lui et moi on se dragouillait) il a sorti : « Oh avec Tiffany ça sert à rien que tu tentes sa chance, elle aime plutôt les meufs« », a t-elle expliqué. 

Après ce témoignage relayé de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, Andrea Decaudin, chroniqueuse à Télé Matin, a soutenu ses consoeurs et témoigner également à son tour : «Alors que je m’apprêtais à prendre l’antenne, [il] (ndlr. Le rédacteur en chef) m’a dit droit dans les yeux :« je devrais être à ta place, c’est moi qui devrais faire de l’antenne, pas toi. (…) Je ne compte plus les fois où en conférence de rédaction, alors que c’est moi qui présentais la tranche, il procédait à de la rétention d’infos, histoire que je me foire à l’antenne». 

 

A la suite de ces témoignages, ce week-end, trente-sept femmes journalistes de la rédaction L’Equipe ont tenu à apporter leur soutien à Clémentine Sarlat, Andrea Decaudin et Tiffany Henne ainsi qu’à leurs consoeurs, victimes de harcèlement dans les rédactions par un communiqué

«Nous, femmes journalistes de L’Equipe, leur apportons notre soutien et saluons leur courage. C’est grâce à ces prises de parole que les comportements dégradants, inacceptables et punis par la loi disparaîtront des rédactions (sportives ou autres), que ceux qui en sont témoins réagiront, que celles qui en sont victimes ne se tairont plus, que des responsables ne fermeront plus les yeux et que leurs auteurs ne se sentiront plus intouchables, peut-on lire dans le communiqué. Nous savons qu’être une femme journaliste dans une rédaction très majoritairement masculine a pu, peut encore exposer à des comportements déplacés», ont-elles expliqué. 

Aurélie Bresson
26.04.2020

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