Tsimanouskaya
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La Biélorusse Krystsina Tsimanouskaya demande l’asile politique

Alais Diebold
02.08.2021

Après avoir critiqué publiquement ses entraineurs, Krystsina Tsimanouskaya a été forcée de suspendre ses Jeux olympiques et de plier bagages pour retourner en Biélorussie, où elle risque la prison. Toujours au Japon, elle a lancé un appel à l’aide au CIO et aux comités olympiques européens.

La sprinteuse biélorusse Krystsina Tsimanouskaya aurait du prendre part aux séries du 200m ce lundi. Mais elle a été emmenée de force à l’aéroport de Tokyo pour être rapatriée en Biélorussie. «Ils essaient de me faire sortir du pays contre ma volonté», a-t-elle déclaré. Dans la semaine, elle avait émis des critiques à l’encontre de ses entraineurs dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.

Punie pour avoir critiquer ses entraineurs et sa fédération

La Biélorusse avait vivement critiqué sa fédération nationale d’athlétisme, lui reprochant sa négligence. Eliminée des séries du 100m, l’athlète se préparait à courir le 200m ce lundi. Elle a, alors, appris, par une tierce personne, qu’elle devait participer au relais 4x400m, une distance qu’elle ne maîtrise pas. Elle s’est dite « forcée » par ses entraineurs, en l’absence d’autres sprinteuses. Quelques jours plus tard, elle était expulsée de l’équipe de Biélorussie et privée de participer au 200m. « Certaines de nos filles n’ont pas pris l’avion pour participer au relais 4x400m parce qu’elles n’avaient pas réalisé assez de tests d’anti-dopage », a déclaré Tsimanouskaya à Reuters par message depuis l’aéroport. « Et l’entraîneur m’a ajouté au relais à mon insu. J’en ai parlé publiquement. L’entraîneur principal est venu me voir et m’a dit qu’il y avait eu un ordre d’en haut pour me retirer (de l’équipe). »

Tsimanouskaya est toujours « en sécurité » à Tokyo

La sprinteuse a fait appel à la Fondation bélarusse de solidarité sportive, un collectif qui aide les athlètes discriminés par le régime de Loukachenko. Elle est parvenue à ne pas monter dans l’avion de la Turkish Airline qui devait la ramener en Europe. Vers 17h (heure française), elle s’était réfugiée dans un poste de police de l’aéroport nippon. Elle se trouve toujours au Japon sous la protection de la police locale.  « Le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Tokyo (TOCOG) ont parlé à l’athlète biélorusse hier soir (dimanche soir) à l’aéroport d’Haneda. Elle se sentait en sécurité et a passé la nuit sur place », a confirmé lundi matin Mark Adams, porte-parole du CIO.

Cette tentative d’exfiltration forcée préoccupe les organisateurs des JO. « Nous devons nous occuper d’elle », a enchaîné Mark Adams. Selon le journaliste Andreï Vaitovich, les ambassades polonaises, autrichiennes et tchèques à Tokyo  auraient proposé leur aide à la sprinteuse. Selon les informations de Reuters, elle serait entrée ce matin dans l’ambassade polonaise pour demander l’asile politique. Les Polonais lui ont offert un visa humanitaire tout en lui précisant qu’elle pourra continuer sa carrière sportive en Pologne.

Le CIO a donc demandé des explications au comité olympique biélorusse. Cette instance dirigée par Viktor Loukachenko, le fils du président, a répondu dans un communiqué que Tsimanouskaya s’est retirée de la compétition sur une « décision des médecins en raison de son état émotionnel et psychologique ». L’athlète conteste cette déclaration qu’elle qualifie de « mensonge ».

 Une opposante de Loukachenko

Victime d’une campagne de dénigrement dans la presse biélorusse pour ses propos, la sprinteuse de 24 ans redoute de retourner dans son pays natal. Elle craint d’être emprisonnée pour ses opinions. Ce n’est pas la première fois que la sportive est dans la ligne de mire des autorités biélorusses. Elle avait apporté son soutien aux manifestations pacifiques contre la réélection pour un cinquième mandat du président Loukachenko. Cet incident intervient alors que le régime poursuit une répression destinée à faire taire les opposants au président.

Cette affaire ne va pas arranger les relations entre le CIO et le comité national olympique biélorusse. Depuis mars 2021, Alexandre Loukachenko a interdiction de poser un pied dans les compétitions internationales. Le CIO l’accuse d’exercer une répression sur les sportifs qui appartiennent à l’opposition. Au pouvoir depuis 1994, Loukachenko dirige le pays d’une main de fer. Certains athlètes biélorusses avait participé aux manifestations de l’été 2020. C’est le cas de la basketteuse Yelena Leuchanka qui a fait 15 jours de prison en septembre dernier pour avoir défilé dans la rue. Cette prise de parole des sportifs biélorusses est rare. Le pouvoir en place exerce un contrôle immense sur les athlètes dont les emplois et les sélections nationales dépendent du bon vouloir des autorités.

Crédit Photo : Fédération Biélorusse d’Athlétisme.

Alais Diebold
02.08.2021

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