Match de préparation en Pologne Mai 2023
Chroniques des ambassadrices

Isaline Sager-Weider : « J’ai appris à accepter ces différences d’éducation, d’expression et de culture »

Isaline Sager-Weider
01.06.2023

Voici la chronique d’Isaline Sager-Weider, joueuse professionnelle de volley-ball depuis 2007. Elle évolue au poste de contreuse centrale. Joueuse de l’équipe de France depuis 2012 et vainqueure de la Golden League en Juin 2022, elle a remporté la médaille de bronze au championnat du monde militaire en juin 2018. Elle est également vice-championne de France avec l’ASPTT Mulhouse volley de 2009 à 2012, et trois fois championne de France espoir de 2007 à 2009. Elle est engagée dans le syndicat des joueurs Prosmash et en faveur du volley santé.

Aéroport de Paris-Charles de Gaulle, mon train est dans une heure trente pour un weekend libre de « permission ». Assise devant une petite table en bois, j’écris dans le brouhaha de la boulangerie Paul. Il y a des chariots à bagages partout et des visages qui viennent du monde entier. Je me demande d’où viennent et où vont tous ces voyageurs. J’aime ce flux de personnes, ce flux de culture, ce flux de figures.

« Qu’elle est belle notre équipe de France ! »

Isaline Sager-Weidier en compagnie de ses coéquipières de l’équipe de France à Valladolid en Espagne lors de la Golden League 2022

Aujourd’hui, à la sortie de l’avion, nous avons eu le droit à de grands sourires du personnel de bord. « Vous êtes l’équipe de France de quoi ? », comme bien souvent d’ailleurs. Toujours fière de répondre « volley-ball ». J’amorce souvent des discussions avec mes voisins de transports. Le réveil à 2h30 à Radom en Pologne me pique encore les yeux. Nous sommes parties quatre jours et avons disputé deux matchs amicaux contre cette grande nation du volley (10ème au ranking mondial). Les derniers matchs de préparation avant le début de la compétition, « la golden league ». La marche est encore haute mais qu’elle est belle notre équipe de France ! Quand j’observe les équipes adverses que nous rencontrons, les gabarits, les physiques et même les couleurs de cheveux sont souvent identiques. Alors que dans notre groupe, chacune est unique. De 19 à 35 ans (vous aurez deviné qui ;), de toutes les tailles, poids, morphologies, couleurs de peau et cultures. C’est ce que j’aime chez nous. Bien sûr, je me sens un petit peu déconnectée avec les plus jeunes mais j’ai appris à être en retrait et à observer, aider et rassurer même de temps en temps, quand les filles en ressentent le besoin.

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Voyager à l’étranger et à domicile

Lors des voyages (rencontres amicales ou compétitions), nous avons la chance de pouvoir nous imprégner de la culture du pays, par la gastronomie notamment. Rien que l’été 2022, j’ai joué en Espagne, Bosnie, Croatie et Italie. Nous apprécions les paysages à travers les fenêtres du bus et si nous avons beaucoup beaucoup de chance, parfois, sur une fin de compétition, nous pouvons visiter la ville. Ceci est très rare mais permet déjà de riches découvertes. Moi qui suis de nature très chauvine, je peux vous confirmer que nous mangeons très bien dans les pays de l’Est de l’Europe, par exemple. La soupe, les galettes de viande de bœuf, les carottes et choux râpés très finement, les petits déjeuners exclusivement salés m’ont apporté beaucoup de joie gustative ces derniers jours. Et puis, il y a l’architecture. Quelque chose que j’apprécie grandement. Il faut essayer de vivre chaque expérience sans comparer à la France.

Retrouvailles annuelles d’Isaline Sager-Weider avec son amie et ancienne coéquipière Ola à Lacanau.

Les bâtiments sont plus basiques en Pologne, en Serbie ou encore en Roumanie. Les traces d’histoires se retrouvent le plus souvent sur les monuments religieux. Hier nous sommes passés devant une magnifique et très grande église de pierres orangées dans le style médiéval gothique. On peut ressentir le poids et l’importance de la religion dans ce pays. La Pologne me rappelle ma copine et ancienne coéquipière Ola. Nous avons joué trois saisons ensemble à Nancy, il y a longtemps maintenant. À travers elle, j’ai également découvert la richesse d’une autre culture, d’autres valeurs et surtout la franchise d’une personne alignée qui exprime les choses avec honnêteté et simplicité. C’est également l’une des seules volleyeuses qui a eu deux enfants durant sa carrière. J’ai toujours été impressionnée par son positivisme. Il y en a eu d’autres, des Ola. Quel bonheur d’entrevoir à travers des coéquipières, qui deviennent parfois des amies, tant de pays, de traditions, de langues et de culture !

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Le volley-ball ou l’expérience humaine

Certains traits de caractère prédominent et se retrouvent chez les ressortissantes d’un même pays.  C’est assez surprenant au début. J’ai donc appris à évoluer et accepter ces différences d’éducation, d’expression et de culture. Partager des entrainements quotidiens, des weekends entiers à l’hôtel ensemble, permet de s’enrichir humainement et d’une manière décuplée. Ces voyages enrichissent mon cœur. Et, de plus, nous ne nous occupons de rien. On se suit les uns les autres dans les gares, aéroports et à la sortie des gymnases pour rejoindre le bus. Dans cette bulle de l’équipe de France, les seules choses auxquelles nous devons penser sont : bien s’entrainer, bien manger et bien récupérer. La chance de ce métier est réellement l’insouciance logistique. Je profite donc pleinement et davantage encore cette année (tout ce qui touche à sa fin est vécu plus intensément) des quatre mois à mettre les pieds sous la table, en portant fièrement le maillot de mon pays.

Isaline Sager-Weider
01.06.2023

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