Maé-Bérénice Méité sur la glace
À la rencontre des sportives

Maé-Bérénice Méité, la championne multi-facettes du patinage artistique

Audrey Leroux
25.04.2022

Maé-Bérénice Méité fait partie de ces sportives qui brisent les codes. Imposer son style n’a pas été aisé. La sextuple championne de France a dû se battre pour assumer son corps. Aujourd’hui, avec son projet Visio Planner, la Française jongle entre le patinage artistique et l’entreprenariat.

À 27 ans, Maé-Bérénice Méité diversifie ses activités. En plus du patinage artistique, qu’elle pratique depuis vingt-deux ans, l’entreprenariat a pris une place importante dans sa vie. Une rupture du tendon d’Achille en 2021 l’a forcée à s’éloigner de la glace plusieurs mois. Cette année charnière a fait émerger beaucoup de questions : « Le patinage artistique est une discipline dans laquelle on performe très jeune. Est-ce que je m’arrête ? Si je m’arrête, qu’est-ce que je fais et comment je commence ? Même si on est accompagnée par la Fédération, on se sent un peu seule. » Finalement, la Française continue le patinage pendant plusieurs années.

Elle a fait son retour sur la glace à Egna (Italie) début avril, lors du dernier week-end de compétition de la saison. Revenir au niveau et faire taire les doutes sur la guérison a été difficile, mais le plaisir de patiner a, à nouveau, pris le dessus. « C’était une grande joie et fierté de revenir à la compétition. Je n’avais pas ressenti ces émotions depuis très longtemps. » Le chemin vers le plus haut niveau mondial n’a pas toujours été simple pour Maé-Bérénice Méité.

S’affranchir des normes du patinage artistique

Pendant plusieurs années, elle a dû composer avec les multiples blessures. Imposer son style et s’assumer a été son plus long combat. Le patinage artistique est un sport dans lequel les normes de beauté sont strictes. Lorsque le corps de Maé-Bérénice Méité a commencé à se former, à l’adolescence, son entourage s’est vite rendu compte qu’elle ne correspondait pas aux standards de la discipline. Ses entraîneurs lui répétaient qu’elle devait perdre du poids et s’affiner. Une période compliquée, avec un rythme fatiguant et dangereux pour la santé mentale de la sportive : « Ça a été une période de ma vie assez traumatique. » Sans se plier à des régimes ou des contraintes potentiellement violentes pour son corps, la patineuse prend les choses en main. « J’ai un peu tapé du poing sur la table. Je leur ai expliqué qu’on mettra en place des choses avec des professionnels mais que les résultats seront sur le long terme. »

Maé-Bérénice Méité

Maé-Bérénice Méité aux Masters de patinage en 2019, à Villard-de-Lans

L’évolution des mentalités

Sept titres de championne de France et deux participations aux Jeux olympiques (2014, 2018) plus tard, les résultats ont fini par payer. Malheureusement, « il y a encore énormément ce diktat du morphotype parfait pour la patineuse ». Elle remarque cependant une évolution des mentalités. On voit de plus en plus d’athlètes avec des corps différents s’éloignant des normes de beauté : « De nombreux coachs essayent de comprendre chaque morphotype et ce qu’ils peuvent mettre en place pour que tout type de femme s’épanouisse sur la glace. Il y a plus d’inclusivité. C’est bien de voir plus de patineuses s’affranchir des normes. »

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Aller plus loin avec l’entreprenariat

Pendant sa convalescence, Maé-Bérénice Méité a pu construire ses projets futurs. Une fois son mémoire de master terminé, elle se prend de passion pour la planification digitale. « Je suis une personne qui a énormément d’idées mais qui ne sait pas les contrôler, plaisante la jeune femme, je trouvais que c’était un outil très sympa pour planifier mes entraînements. »

Aidée par le programme Business Accelerator mis en place par le Comité international olympique, la Française a mis à profit ses connaissances d’athlète. « Visio Planner sera un outil de gestion et de management qui permettra aux athlètes comme aux institutions sportives de créer des écosystèmes complets et interactifs. La communication sera fluide et la collecte d’informations sera beaucoup plus efficace pour tous les acteurs de cet écosystème », explique la patineuse.

Pour commencer, elle espère lancer courant 2022 l’application Icee Planner, le premier planner digital spécialisé pour le patinage. La marque Visio Planners accueillera, à terme, différents planners digitaux. L’application mobile Sports Unlimited verra le jour par la suite. L’athlète, ses coachs et les intervenants autour de lui pourront planifier les saisons et les séances sportives. D’autres paramètres seront à découvrir.

Objectif Milan 2026

Pour les prochaines saisons, Maé-Bérénice Méité ne s’entraîne plus en France : « Je voulais de la haute performance et en France on est en manque d’infrastructures. » Entre Egna (Italie) et Tempa (États-Unis), elle a mis en place un nouveau partenariat entre Lorenzo Madri, John Zimmerman et Silvia Fontana. « Il y a une bonne complémentarité entre les entraîneurs. Ils m’apportent tous quelque chose de différent dont j’ai besoin pour évoluer », déclare la patineuse.

Gagner le titre de championne de France, accéder au top 10 mondial et au top 5 européen, rapporter deux quotas à la France… La Française veut revenir au plus haut niveau mondial. « J’aimerais faire revenir la France à un niveau compétitif important », explique-t-elle. Maé-Bérénice Méité a toujours assuré qu’elle ferait trois Jeux olympiques : « Je n’ai pas fait Pékin donc les troisièmes seront Milan. Je repars pour quatre ans avec Milan 2026 dans le viseur. » Elle confirme que le chemin est encore long et que de nouveaux défis s’offrent à elle.

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Crédit photo : Verit, Olivier Brajon

Audrey Leroux
25.04.2022

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